Les Nunatsiavut refusent d’être à la même table de discussion que les NunatuKavut

Les participants de la table ronde du premier ministre sur les enjeux autochtones se sont rencontrés, mardi, à Conne River en l’absence des Innus et des Nunatsiavut. (Gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador)

Les Inuit du Nunatsiavut ont refusé de participer à la table ronde sur les questions autochtones du premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador (T.-N.-L.), Andrew Furey, après sa décision d’y faire participer le Conseil communautaire du NunatuKavut (CCN).

Le président des Inuit du Nunatsiavut, Johannes Lampe, en a fait l’annonce le jour même de la rencontre tenue à Conne River, sur l’île de Terre-Neuve. Par voie de communiqué, il a indiqué que son gouvernement ne participera à aucune discussion à venir, à moins que le premier ministre Furey ne révise sa décision d’y accueillir le Conseil communautaire du NunatuKavut.

On avait espéré un dialogue productif et significatif avec le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador sur les questions qui touchent les Inuit du Labrador, mais [ce dialogue] n’aura pas lieu, la province continuant de reconnaître et d’appuyer un groupe qui prétend être autre chose qu’il ne l’est, indique Johannes Lampe dans le communiqué.

Johannes Lampe est président du Nunatsiavut. (Hamlin Lampe)

Le CCN dit qu’il représente environ 6000 Inuit du centre et du sud du Labrador, mais l’organisation représentant les Inuit du Canada, l’Inuit Tapiriit Kanatami, dénonce la revendication du Conseil communautaire NunatuKavut selon laquelle ses membres sont de descendance inuit. Les Innus et les Inuit du Nunatsiavut contestent aussi cette revendication.

La décision du premier ministre Furey d’inviter le CCN à cette table ronde suscite la controverse depuis des semaines.

La décision des Inuit du Nunatsiavut survient un mois après une décision similaire prise par la nation innue. Cette dernière s’est également retirée de cette table ronde, car la ministre des Affaires autochtones, Lisa Dempster, est membre du CCN. Cela constitue un conflit d’intérêts, selon les Innus. La nation innue exige, par ailleurs, sa démission.

Andrew Furey a déclaré lundi qu’il avait l’intention de continuer à travailler avec les Inuit de Nunatsiavut et avec la nation innue, ajoutant qu’une des façons d’aller vers la réconciliation est d’offrir un siège à la table de négociations.

[Cette table ronde] est seulement un autre moyen de consulter les communautés autochtones. Cela ne remplace en rien les relations individuelles et bilatérales, dit-il. C’est une façon d’avoir un dialogue sain avec nous, mais aussi entre les groupes autochtones. Tout ce que je peux faire comme premier ministre, c’est de faciliter ces discussions et d’établir des forums pour qu’elles puissent avoir lieu.

Une demande d’entrevue a été faite auprès des Inuit du Nunatsiavut et de la nation innue.

Une Première Nation à la défense du CCN

Le chef de la Première Nation mi’gmaw Qalipu, Brendan Mitchell, affirme pour sa part que la table ronde a donné lieu à des discussions productives en ce qui a trait au développement économique et à l’impact de l’Accord sur la santé de Terre-Neuve-et-Labrador sur les communautés autochtones régies par un traité (Pacts Indigenous Communities).

Brendan Mitchell a été réélu chef de la Première Nation Qalipu à T.-N.-L. (Colleen Connors/CBC/Radio-Canada)

Brendan Mitchell est par ailleurs d’avis que la ministre Lisa Dempster est un atout pour les Autochtones. Je m’implique auprès du mouvement autochtone depuis les années 1970 […] et nous n’avons jamais eu quelqu’un qui nous a donné autant de soutien, d’attention et de considération que la ministre.

Brendan Mitchell souhaite vivement que la ministre demeure en poste, allant jusqu’à dire qu’il serait furieux si le premier ministre pliait devant les demandes de destitution.

Quant à la légitimité identitaire des NunatuKavut, il pense qu’il est difficile de s’y opposer. Ils existent depuis longtemps. Il s’agit d’une organisation bien établie. Six mille membres : comment est-il possible pour quiconque de refuser d’admettre cette situation et la longévité qu’ils connaissent?

Avec les informations de Peter Cowan et d’Alex Kennedy

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