16 jours contre la violence fondée sur le genre : le Yukon entre espoir et inquiétude

La campagne 16 jours d’activisme contre la violence fondée sur les genres s’est conclu le 6 décembre, jour du 34e anniversaire du massacre de Polytechnique. Au Yukon, Mona Luxion, directeurice de l’organisme Queer Yukon, dresse un portrait mitigé de la communauté.
«En général, la communauté se porte très bien. C’est une assez grande communauté. Nous avons eu, au cours des derniers mois, pas mal de soutien. Des manifestations d’appui pour le mois de la fierté par exemple.»
Mona Luxion raconte que la réponse de la communauté yukonnaise, dans son ensemble, à la mobilisation contre l’éducation inclusive dans les écoles a été forte. «Au Yukon, on avait une contre-mobilisation de soutien pour l’éducation inclusive assez significative. Plusieurs centaines de personnes étaient au rendez-vous.»
D’un autre côté, dit-iel, si cette contre-mobilisation s’est avérée nécessaire, c’est qu’il y a un problème plus profond. «Les changements politiques qu’on voit un peu partout ont vraiment créé un environnement plus dangereux pour les personnes queer et trans au Yukon.»

Selon iel, la violence basée sur les genres est un problème encore plus prononcé dans les communautés du Nord. «Au Yukon et dans les autres territoires, les personnes queer et trans sont particulièrement vulnérables.»
Selon Mona Luxion, les personnes trans et queer ont plus de mal à accéder aux services de soutien dont elles auraient besoin. «Dans certains cas, ça les obligerait à divulguer leur orientation sexuelle. Il y a la peur criante que cette information ne soit pas bien reçue, surtout dans une petite communauté où tout le monde se connaît.»
Iel ajoute que chaque mauvaise expérience vécue par la communauté se transmet et nourrit la méfiance.
La violence fondée sur les genres en hausse depuis 10 ans
Selon Queer Yukon, les crimes haineux en raison de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre ont augmenté de 41 % dans la dernière décennie. Trois femmes trans sur cinq auraient subi de la violence avec un partenaire intime depuis l’âge de 16 ans.
Au Canada, on estime qu’une femme sur quatre subira de la violence physique ou sexuelle au cours de sa vie. Les taux de violence fondée sur le genre que subissent les personnes 2ELGBTQIA+, et plus particulièrement les personnes transgenres, non binaires et bispirituelles+, sont alarmants.
– Jeanie McLean, ministre responsable de la Direction de la condition féminine et de l’équité des genres
Pour la première fois au Yukon, le gouvernement a soutenu la campagne de 16 jours en illuminant de mauve l’édifice Jim-Smith et la maison Taylor. Un geste modeste, assume la ministre McLean, mais tout de même visible pour sensibiliser le public à la campagne. «Ce geste permet également d’exprimer notre solidarité envers les nombreuses organisations yukonnaises qui s’efforcent de mettre fin à la violence fondée sur le genre», a-t-elle affirmé.
Toute la société doit s’élever contre la misogynie et la violence fondée sur le genre. La solution ne peut se limiter à des mesures réactives. Nous devons réévaluer la manière dont nous percevons et définissons les rôles et l’expression des genres dans notre société. La perpétuation de stéréotypes rigides nuit à tous les genres, mais ce sont les femmes et les personnes 2ELGBTQIA+ qui en souffrent le plus.
– Extrait d’une déclaration commune de Jeanie McLean, ministre responsable de la Direction de la condition féminine et de l’équité des genres et de Tracy-Ann McPhee, ministre de la Justice du Yukon
Le 6 décembre 1989, un tireur a ouvert le feu à l’École Polytechnique de Montréal et a tué 14 femmes. Voici leur nom : Le pronom iel, formé à partir des pronoms il et elle, est employé dans ce texte à la demande de Mona Luxion, qui s’identifie comme une personne non binaire. À lire aussi :