Les T.N.-O. en route vers l’électrification des transports, malgré les obstacles

La nouvelle norme fédérale sur la vente de véhicules électriques signifie que tous les véhicules neufs devront être à zéro émission d’ici 2035. Aux Territoires du Nord-Ouest, l’accès à de l’électricité propre, les grandes distances et le manque d’infrastructures pourraient freiner la ruée vers ce type de véhicule.
La norme comprend également des cibles intermédiaires d’au moins 20 % de tous les véhicules vendus d’ici 2026, et d’au moins 60 %, d’ici 2030.
Dans les régions éloignées et nordiques, ce virage vers l’électrification des transports ne se fera pas du jour au lendemain, même si l’engouement pour ce type de véhicule se fait déjà sentir.
«Il y a 72 véhicules électriques sur nos routes, aux Territoires du Nord-Ouest», explique Benjamin Israel, directeur par intérim de la division Énergie du ministère de l’Infrastructure.
M. Israel dit que le programme territorial de subvention à l’achat d’un véhicule électrique obtient beaucoup de succès.
Les Ténois peuvent obtenir 7500 $ en remise aux T.N.-O., qui s’ajoutent aux 5000 $ offerts par le gouvernement fédéral.
Manque d’infrastructures
Toutefois, qui dit voiture électrique dit bornes de recharge publiques. Aux Territoires du Nord-Ouest, elles se font rares, mais ce ne sera plus le cas d’ici la fin de 2024, selon Benjamin Israel.
«On a développé tout un plan pour créer un corridor zéro émission autour du Grand lac des Esclaves avec l’ambition de développer des bornes de recharge extrêmement rapides pour les véhicules électriques, en commençant surtout par les communautés qui sont raccordées en ce moment à l’hydroélectricité», dit-il.

Ces nouvelles bornes de niveau 3, qui permettent une recharge complète en 30 minutes environ, seront installées à Behchokǫ̀, à Fort Providence, à Enterprise, à Hay River, à l’intersection des routes 5 et 6 et à Fort Smith. Deux bornes de niveau 3 sont déjà installées à Yellowknife.
Le financement de ce programme d’installation de bornes rapides, d’environ 4 millions de dollars, provient principalement du gouvernement fédéral.
On a un manque d’infrastructure [énergétique] historique depuis des années qu’on essaie de combler. On a encore énormément de travail à faire et à travailler, notamment avec le gouvernement fédéral, pour combler ce retard.
– Benjamin Israel, directeur par intérim de la division Énergie du ministère de l’Infrastructure
Flexibilité pour le Nord
Dans les communautés non reliées au réseau hydroélectrique, la transition vers les voitures électriques ne sera peut-être pas chose simple. Ces communautés dépendent d’énergies non renouvelables pour la production d’électricité, comme le diésel, ce qui est contre-productif, selon le professeur associé Marvin Ryder, de l’Université McMaster.
Ce n’est pas logique de transitionner vers une voiture à zéro émission si l’énergie requise pour la faire rouler rejette des émissions.
- Marvin Ryder, professeur associé, Université McMaster
Il estime que le fédéral devra faire preuve de flexibilité. «Si vous êtes dans les territoires, comme au Yukon, aux T.N.-O. ou au Nunavut, et que vous […] devez brûler de l’essence pour générer votre propre électricité, les véhicules électriques ne seront peut-être pas pratiques là-bas.»
C’est un point de vue que partage le directeur général d’Arctic Energy Alliance, Mark Heyck.
«Je pense qu’il y aura probablement des discussions entre les gouvernements territorial et fédéral dans les semaines, les mois, les années à venir pour obtenir une certaine flexibilité pour les T.N.-O., parce que l’électricité est actuellement produite avec du diésel.»

Mark Heyck ajoute que plusieurs projets d’énergies renouvelables sont en chantier dans les communautés afin de réduire la dépendance au diésel.
Une technologie de plus en plus efficace
Arctic Energy Alliance, qui a mené un projet pilote avec un véhicule hybride en hiver, estime que la batterie d’un véhicule hybride ou électrique fonctionne bien, même par grand froid.

Dans les communautés nordiques, les distances parcourues sont aussi bien inférieures à celle des grands centres urbains. On ne parcourt pas plus que 10, 15 ou 20 kilomètres par jour, dit Mark Heyck.
M. Heyck estime aussi que, avec la hausse de la demande, les consommateurs pourront acheter des véhicules à zéro émission encore plus performants et à moindre coût.
«On est encore au tout début de la transition. Mais quand les fabricants automobiles vont remplacer leurs modèles courants par des véhicules électriques, cela va sûrement faire baisser les prix dans les années à venir», dit-il.
«On n’a jamais eu de client venu nous dire que la voiture électrique qu’il a achetée ne fonctionne pas comme prévu. Je pense que les gens, une fois qu’ils ont adopté cette technologie, ne peuvent plus s’en passer.»
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