Un pas de plus vers l’autonomie gouvernementale du Nunavik

Mercredi, le gouvernement du Québec et la Société Makivvik ont annoncé qu’ils s’étaient entendus sur le cadre des négociations à venir concernant la création d’un gouvernement autonome au Nunavik. (Radio-Canada)

Le gouvernement du Québec et la Société Makivvik, qui veille à la défense des intérêts des Inuit du Nunavik, se sont entendus sur le cadre des futures négociations entourant la création d’un gouvernement autonome au nord du 55e parallèle.

Le premier ministre François Legault en a fait l’annonce mercredi, à Montréal, en compagnie du président de Makivvik, Pita Aatami.

Les Inuit du Nunavik souhaitent notamment obtenir le contrôle des institutions publiques régionales qui s’occupent par exemple de la santé et de l’éducation. La signature de cette entente va donc en baliser les négociations, prévues à compter de 2024.

«Je suis extrêmement fier de souligner un jalon important dans les négociations pour la création d’un gouvernement autonome au Nunavik […] Notre collaboration avec le gouvernement du Québec témoigne d’un profond respect de notre identité culturelle unique et d’un engagement envers un avenir qui respecte les droits des Inuit du Nunavik», a déclaré par voie de communiqué Pita Aatami.

Selon lui, l’entente est surtout «l’aboutissement d’un rêve» que portent les Inuit de la région depuis 55 ans. «Pour nous, c’est le début d’une nouvelle amitié avec le Québec», a-t-il affirmé, avant de signer le document. «Nous voulons travailler avec vous, plutôt que de nous faire dire comment agir chez nous.»

Pita Aatami est le président de Makivvik, une institution politique vouée à la défense des intérêts des Inuit du Nunavik. (Radio-Canada)

De son côté, le premier ministre Legault souligne que cette entente est un pas vers la réconciliation avec les Inuit du Nunavik et la normalisation de relations «de nation à nation».

«La réconciliation avec les peuples autochtones, c’est une responsabilité qu’on doit assumer au Québec. Je suis fier qu’on chemine dans cette direction-là depuis plusieurs années, dans une approche respectueuse […] Je suis optimiste pour ce qui s’en vient dans les relations entre nos deux nations», a-t-il dit dans un communiqué.

François Legault se dit optimiste quant à la suite des négociations. (Photo d’archives/PC/Jacques Boissinot)

Négociations à venir

Bien avant la signature de cette entente, la Société Makivvik avait déjà nommé deux négociateurs. Il s’agit de l’ancien maire de Kuujjuarapik, Anthony Ittoshat, et de l’ancien maire de Kuujjuaq, Tunu Napartuk.

Les deux hommes estiment que la création d’un gouvernement autonome au Nunavik est primordiale pour la protection de la culture inuit et de la langue traditionnelle, l’inuktitut.

Tunu Napartuk était maire de Kuujjuaq entre 2012 et 2018. (Photo d’archives/Radio-Canada/Félix Lebel)

De l’autre côté de la table de négociation, le ministre responsable des Relations avec les Premières Nations et les Inuit, Ian Lafrenière, note «l’importance» de ce processus d’entente.

Aujourd’hui, il s’agit d’une première entente, mais d’autres suivront sous peu.

– Ian Lafrenière, ministre responsable des Relations avec les Premières Nations et les Inuit

«Aujourd’hui, on décide de travailler ensemble […] pour parler d’autonomie, pour donner plus de pouvoir aux gens du Nunavik [et pour] permettre un développement harmonieux ensemble», a-t-il déclaré, en entrevue avec ICI Grand Nord. «Pour nous, c’est le résultat de beaucoup de travail.»

Selon Ian Lafrenière, les négociations commenceront au début du mois de janvier. Il reconnaît que le sujet est «sensible et épineux» pour bien des Nunavimmiut, c’est pourquoi il espère parvenir à une entente «le plus rapidement possible.»

Le ministre Lafrenière envisage la suite des négociations avec beaucoup d’enthousiasme. (Photo d’archives/Radio-Canada/Félix Lebel)

Un rêve de longue date

Ce n’est toutefois pas la première fois que les Inuit du Nunavik revendiquent davantage d’autonomie auprès du gouvernement du Québec.

Trois ententes ont déjà été entérinées en 2003, en 2007 et en 2011. La dernière négociation de 2011 avait mené à un référendum sur la fusion des trois principales institutions publiques du Nunavik, soit l’Administration régionale Kativik, la Régie régionale de santé et de services sociaux du Nunavik et la Commission scolaire Kativik.

Plus de 66 % des Nunavimmiut s’étaient opposés à ce projet de fusion, qui était alors considéré comme la première étape vers la création d’un gouvernement autonome.

Il y a quelques années, la gouverneure générale du Canada, Mary Simon, et militante de longue date pour les droits des Inuit, s’est elle aussi impliquée dans ce dossier. En février 2019, Makivvik l’a désignée négociatrice en chef d’un groupe de travail chargé d’élaborer une Constitution pour le Nunavik.

À lire aussi :

Félix Lebel, Radio-Canada

Journaliste à Sept-Îles

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Laisser un commentaire

Note: En nous soumettant vos commentaires, vous reconnaissez que Radio Canada International a le droit de les reproduire et de les diffuser, en tout ou en partie et de quelque manière que ce soit. Veuillez noter que Radio-Canada ne cautionne pas les opinions exprimées. Vos commentaires seront modérés, et publiés s’ils respectent la nétiquette.
Nétiquette »

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *