Grand Nord canadien : impossible d’évacuer Yellowknife en voiture électrique par manque d’infrastructures
Lorsque les autorités ont annoncé l’évacuation massive de Yellowknife, le 16 août, certains résidents ont dû laisser leur véhicule électrique (VE) derrière eux. Leur évacuation a eu lieu par avion ou par voiture à essence, car il n’y a pas assez de bornes de recharge rapide sur le trajet vers l’Alberta.
Darcy Edgar, un résident de Yellowknife, a dû opter pour un billet d’avion pour quitter la ville puisque sa voiture électrique n’aurait pas pu être rechargée durant le long trajet.
« J’adore ma voiture. Et si je vivais dans une ville comme Edmonton ou n’importe où au Sud, ce ne serait pas un problème, mais ici, nous n’avons juste pas les infrastructures », indique-t-il.
En 2022, le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest avait annoncé une étude au sujet de l’installation d’une vingtaine de bornes de recharge. Il y en a seulement à Yellowknife et à Hay River, ce qui représente une distance de 480 km, soit plus que ce que beaucoup de modèles de VE peuvent faire sans aucune recharge.
Les feux et l’évacuation de la communauté de Hay River, quelques jours seulement avant celle de la capitale ténoise, ont empêché l’accès à l’une des rares stations de recharge du territoire, ce qui a rendu impossible tout déplacement en VE vers le sud.
« Normalement, mon camion peut parcourir environ 520 km, ce qui me permet de me rendre jusqu’à Hay River, mais parce que Hay River était fermée, ce n’était pas possible de conduire jusqu’à la prochaine station de recharge », explique Ben Baird, qui réside à Yellowknife depuis 25 ans.
Il a donc dû évacuer toute sa famille avec son deuxième véhicule, une voiture à essence, et laisser son camion électrique, un F-150 Lightning, à la maison.
« S’il y avait eu une station de recharge à Fort Providence, par exemple, alors ça aurait été une évacuation facile pour quelques voitures électriques. Évidemment, si tout le monde en avait eu une, ça aurait été un point de congestion, je suppose », dit-il.
Les bornes de recharge de niveau 3 sont les plus rapides. Cependant, il faut environ 45 minutes pour recharger une batterie à peu près à 75 %, et il serait difficile, selon le professeur au Département de génie électrique et informatique à l’Université de la Colombie-Britannique (UBC) William G. Dunford, d’augmenter cette vitesse.
« Plus [vous chargez] rapidement, plus vous avez besoin de courant, et plus vous avez besoin de dépenser sur les infrastructures de recharge », explique-t-il, ajoutant qu’il est encore plus coûteux de le faire dans un pays comme le Canada, où les routes sont longues et les communautés, éloignées les unes des autres.
Le professeur explique aussi qu’en cas de grande chaleur, comme cela a été le cas pour certains évacués qui ont dû traverser le brasier pour fuir vers l’Alberta, une voiture électrique bien conçue ralentirait d’elle-même afin de réduire les répercussions sur la batterie et utiliser moins d’énergie.
« La batterie sur une voiture électrique a tendance à se trouver sous le véhicule, donc, cela peut être dangereux de conduire sur des braises enflammées, mais c’est aussi vrai pour une voiture traditionnelle avec un réservoir à essence », précise William G. Dunford.
En décembre 2022, Ottawa annonçait une nouvelle réglementation qui oblige à ce qu’un cinquième de la totalité des voitures, véhicules utilitaires sport et camions vendus au Canada en 2026 soient électriques.
L’objectif est qu’en 2035, toutes les voitures de tourisme neuves vendues au Canada soient électriques.
Un texte de Sarah Xenos avec des informations de La Presse canadienne
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