Pénurie d’enseignants : le Nunavut revoit ses critères d’embauche à la baisse

La pénurie d’enseignants force le gouvernement du Nunavut à revoir ses exigences d’embauche. (Radio-Canada/Matisse Harvey)

La pénurie d’enseignants qui perdure d’année en année au Nunavut force le gouvernement territorial à diminuer ses exigences d’embauche, ce qui inquiète particulièrement l’Association des enseignants du Nunavut (AEN).

Le président de l’AEN, Justin Matchett, affirme que de plus en plus de travailleurs du Sud qui ne disposent pas de diplôme d’enseignement sont recrutés pour des postes d’enseignants au Nunavut.

«C’est dire à quel point la situation est grave et choquante», soutient-il. «Il est important que le public sache que ce n’est pas toujours un enseignant qualifié disposant d’un baccalauréat qui enseigne aux élèves.»

Il juge cette tendance particulièrement préoccupante : «Ce ne serait pas le cas dans d’autres professions.»

Dans un hôpital, vous n’accepteriez pas d’être soigné par un infirmier ou un médecin qui n’est pas qualifié. Pourquoi est-ce acceptable pour l’enseignement de nos enfants?

– Justin Matchett, président de l’Association des enseignants du Nunavut

Justin Matchett s’inquiète de l’impact sur les élèves du recours à des travailleurs sans diplôme d’enseignement. (Radio-Canada/Carl Cardinal)

La pénurie se poursuit

Selon Justin Matchett, 59 postes d’enseignant sont à pourvoir au Nunavut, soit 29 dans la région de Qikiqtani (est du territoire),14 dans la région de Kivalliq (centre) et 16 dans la région de Kitikmeot (ouest).

Au début de l’année scolaire, 81 des 877 postes d’enseignant dans le territoire étaient à pourvoir.

Le président de l’AEN affirme que de nombreux enseignants ont démissionné en cours d’année.

«Alors que nous étions peut-être auparavant un lieu de travail attrayant et compétitif, les coûts exponentiels de la vie, des vols, de l’épicerie […] de ces dernières années font que ce n’est plus aussi attrayant qu’avant», indique-t-il.

Justin Matchett évoque comme raisons possibles des désistements l’épuisement professionnel, la situation de leur logement ou la violence dans les écoles.

«[Les enseignants] ont la chance de bénéficier d’un logement lorsqu’ils viennent au Nunavut, un avantage que de nombreux [employeurs] n’offrent pas, mais ils doivent le partager avec des collègues de travail. De nombreuses personnes démissionnent pour cette raison», dit-il.

Le surmenage professionnel lié au manque de main-d’oeuvre est l’une des raisons qui alimentent le nombre élevé de démissions, selon Justin Matchett. (Radio-Canada/Matisse Harvey)

Depuis 2007, le Programme de formation des enseignants du Nunavut (PFEN) du Collège de l’Arctique forme des enseignants bilingues capables d’enseigner l’inuktut, le terme employé pour désigner la langue inuit.

Bien qu’il juge ce programme bénéfique, Justin Matchett affirme que bien des diplômés choisissent plutôt de travailler au sein du gouvernement du Nunavut une fois leur formation terminée.

Le ministère de l’Éducation n’a pas répondu à notre demande d’entrevue avant la publication de cet article.

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Matisse Harvey, Radio-Canada

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