L’Internet à haute vitesse dynamise l’éducation au Nunavik

Les antennes rectangulaires de l’entreprise Starlink sont maintenant omniprésentes dans le paysage de Kuujjuaq. (Radio-Canada/Félix Lebel)

Depuis le mois d’août dernier, au Nunavik, les antennes du fournisseur d’Internet satellitaire Starlink se multiplient sur les façades des maisons. De plus en plus d’habitants ont maintenant accès à un réseau web digne de ce nom, ce qui apporte son lot de changements dans le quotidien.

L’année scolaire tire à sa fin à l’École Jaanimmarik de Kuujjuaq. Les élèves de Benjamin Beauchesne profitent du soleil pour réviser quelques notions à l’extérieur. D’autres se donnent cœur et âme à une partie de baseball improvisée.

Les antennes rectangulaires de l’entreprise Starlink sont maintenant omniprésentes dans le paysage de Kuujjuaq. (Radio-Canada/Félix Lebel)

Sur le toit de l’école trônent depuis quelques semaines des antennes du fournisseur Internet Starlink. La commission scolaire Kativik Ilisarniliriniq a pris le taureau par les cornes et a puisé à même ses budgets pour améliorer sa connectivité face à la lenteur du réseau habituel.

Dans la classe de sciences sociales de Benjamin Beauchesne, l’arrivée d’Internet haute vitesse est vue comme une petite révolution. Le grand tableau blanc interactif, quasiment inutilisable auparavant, est maintenant exploité à son plein potentiel.

« Un des bons exemples qu’on a, c’est simplement YouTube! Ça permet d’aller chercher des contenus culturels. On regarde des interviews avec d’autres habitants du cercle circumpolaire, des résidents de la Sibérie, du Yukon. Ça permet de faire des échanges qui sont significatifs pour les jeunes », dit-il.

Les élèves peuvent maintenant consulter du matériel pédagogique numérique. (Radio-Canada/Félix Lebel)

Il y a quelques semaines à peine, pour montrer un simple vidéo à ses élèves, Benjamin Beauchesne devait lancer le téléchargement la veille du visionnement et espérer que la page web ne se ferme pas.

« Parfois, l’Internet ne pouvait pas fonctionner pendant quelques jours. Ça devenait problématique », ajoute-t-il.

L’arrivée de Starlink permet de multiplier les possibilités qu’offrent les outils numériques en ligne.

Benjamin Beauchesne vient tout juste de réaliser une collaboration avec l’Institut culturel Avataq et le Musée McCord pour fabriquer des modélisations 3D de certains artefacts inuit.

Avec un logiciel de réalité augmentée sur des tablettes, les jeunes peuvent voir ces artefacts et les manipuler virtuellement.

L’École Jaanimmarik possédait depuis quelque temps des tablettes électroniques, mais l’absence de réseau Internet fiable limitait leur utilisation. (Radio-Canada/Félix Lebel)

« Ça leur parle directement. On était souvent dans des livres et des cahiers. Là, on avait de vrais artefacts […] Cela nous permet de le partager avec d’autres écoles au Nunavik qui ont elles aussi maintenant accès à Internet », explique Benjamin Beauchesne.

Si les antennes satellitaires sont devenues des outils efficaces de partage du savoir, la nouvelle connectivité soulève toutefois de nouveaux enjeux.

Les élèves sont maintenant confrontés quotidiennement à de fausses informations, à des théories du complot et à d’autres contenus du genre.

Les enseignants en profitent donc pour développer leur esprit critique.

« Ils voient des vidéos sur TikTok et ils viennent m’en parler le lendemain. On doit ensuite se poser les bonnes questions. Je leur dis : « Hé, attends, réfléchis! » Comment fais-tu pour distinguer une fausse nouvelle? Il faut vérifier les sources. Maintenant qu’est-ce qu’une source? […] Il y a un gros travail de rattrapage à faire », souligne l’enseignant.

Benjamin Beauchesne est enseignant d’anglais langue seconde et de sciences sociales.
(Radio-Canada/Félix Lebel)

Au-delà de l’esprit critique, Benjamin Beauchesne doit aussi doter ses élèves d’outils pour qu’ils reconnaissent la fraude en ligne.

« J’ai un élève qui s’est fait voler un certain montant, parce qu’il voulait acheter un item dans un jeu vidéo en ligne […] Ça nous force à parler des bonnes pratiques à ce niveau-là aussi », raconte-t-il.

Littératie numérique

Gérer une boîte courriel et remplir des formulaires en ligne sont des connaissances acquises pour la plupart des élèves de cinquième secondaire dans le sud de la province.

Ce n’est toutefois pas le cas de tous au Nunavik en raison du retard dans l’accès à un réseau Internet efficace.

Ce retard peut constituer des défis de plus pour les jeunes qui souhaitent poursuivre des études postsecondaires, et pour qui l’utilisation de ces outils est obligatoire.

« La littératie numérique c’est ça. C’est de savoir quoi chercher sur l’écran. Savoir que si je te pose une question de sécurité, de te rappeler de la réponse », mentionne l’enseignant.

« Si tu ne l’as jamais fait de ta vie et que tu arrives au cégep à 17 ans, que tu dois te connecter sur le serveur Omnivox pour aller chercher l’information pour tes prêts et bourses, c’est difficile! Pour tout ça, ils partaient de zéro », dit-il.

Benjamin Beauchesne et ses collègues en profitent donc pour les aider à créer une adresse courriel et à comprendre le fonctionnement de sites importants.

Il espère que toutes ces notions vont permettre aux élèves du Nunavik de devenir des citoyens numériques aguerris, qui pourront tirer à leur avantage les bons côtés de ce que les technologies offrent.

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Félix Lebel, Radio-Canada

Journaliste à Sept-Îles

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