La surveillance des eaux, une clé dans la lutte contre la tuberculose au Nunavut?

La tuberculose est une maladie infectieuse transmissible dans l’air et qui touche notamment les poumons. (Photo d’archives/Getty/Amorn Suriyan)

Une étude qui se penchera sur la surveillance des eaux d’égout à Iqaluit pour les cinq prochaines années pourrait devenir une clé de la lutte contre la tuberculose au Nunavut. 

En se basant sur les eaux d’égout dans la ville, les chercheurs de l’Hôpital d’Ottawa, de l’Université d’Ottawa, de l’Université de la Colombie-Britannique et des partenaires de Nunavut Tunngavik inc. (NTI) vont tenter de déterminer si la détection précoce de la bactérie dans les eaux usées permettrait des interventions de santé publique plus précoces pour traiter la maladie. 

Le maire d’Iqaluit, Soloman Awa, a tenu à rappeler en marge de cette annonce que la maladie respiratoire est un des grands maux qui affligent les populations du Nunavut. «La tuberculose est l’un des plus grands problèmes de santé auxquels sont confrontés les Inuit du Nunavut. Si vous vivez au Nunavut, vous êtes plus susceptible d’attraper la tuberculose.»

Le Dr Gonzalo Alvarez, chercheur principal pour Taima TB, est bien d’accord avec le maire d’Iqaluit. «Il est important pour la population du Canada en général de savoir que la tuberculose reste un problème important au Nunavut.»

L’équipe de Taima TB lors de leurs travaux en vue d’informer la population de l’étude qu’ils entreprennent. (Photo : Taima TB research team)

Pour le moment, les méthodes de diagnostics pour la tuberculose sont les tests cutanés, les tests d’expectoration et les radiographies pulmonaires. L’étude des eaux d’égout d’Iqaluit pourra ainsi améliorer la détection de la maladie grâce à un niveau de détection précoce aux stratégies actuelles. 

Une nouvelle étude se penchera sur les eaux d’égout pour détecter de manière précoce la tuberculose dans les communautés du Nunavut (Radio-Canada/Matisse Harvey)

Aluki Kotierkm, la présidente de NTI, a rappelé le travail fait l’automne dernier pour dépister la maladie dans la communauté de Pangnirtung. Elle rappelle toutefois que «des initiatives comme celle-ci continueront d’être nécessaires».

«Si nous pouvons trouver des moyens plus simples et plus efficaces de détecter la tuberculose dans les collectivités du Nunavut, nous pourrons être mieux préparés à de futures éclosions, ce qui nous rapprochera encore plus de l’éradication de la tuberculose chez les populations inuites», a-t-elle soutenu.

Même son de cloche du côté du Dr Alvarez : il faut trouver des manières plus efficaces de dépister la tuberculose. «[À l’automne], nous avons fait du travail dans une communauté, mais il en existe 25! La superficie du territoire à couvrir est immense, tout juste un peu plus petite que le Mexique!», indique-t-il.

Selon lui, grâce à une détection précoce de la tuberculose, le système de santé du territoire pourra se déployer de manière beaucoup plus efficace et ainsi traiter et prévenir la transmission de la maladie.

Compte tenu du taux disproportionné de tuberculose chez les Inuit, il est essentiel d’utiliser tous les outils possibles pour arrêter la propagation et éliminer la tuberculose au Nunavut.

Aluki Kotierk, présidente de Nunavut Tunngavik inc.

L’étude est financée par une subvention de 3 000 000 $ des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) et de 500 000 $ de NTI.

Le dépistage a débuté le 15 septembre et devait initialement prendre fin le 1er décembre, mais des vents violents ont forcé la fermeture des bâtiments gouvernementaux à Pangnirtung, ce qui a devancé la fermeture de la clinique mobile. (Photo : Danarae Sommerville)

Une stratégie applicable partout dans le monde

De son côté, John Main, le ministre de la Santé du Nunavut, a affirmé que les résultats de cette étude pourraient mener «à d’autres niveaux d’intervention contre la tuberculose et nous ferons progresser vers l’élimination de la maladie au Nunavut».

Pour la présidente par intérim des IRSC, Catherine MacLeod, l’étude des eaux d’égout n’est pas nouvelle. «Après avoir réussi à trouver le virus de la COVID-19 dans les eaux d’égout, l’équipe de recherche sur la tuberculose de Taima TB utilise la même méthode pour détecter la tuberculose.»

Selon les docteurs Robert Delatolla, de l’Université d’Ottawa, et Jim Sun, de l’Université de la Colombie-Britannique, les méthodes utilisées dans la présente étude pourraient être appliquées pour la surveillance des eaux dans le monde entier, à commencer par le Nunavut.

Nous espérons que nous développerons les données scientifiques nécessaires pour que les eaux usées d’Iqaluit nous indiquent quand la tuberculose a le potentiel de commencer à se propager dans une communauté afin d’arrêter sa progression.

– Dr Robert Delatolla, Université d’Ottawa, et Dr Jim Sun, Université de la Colombie-Britannique

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Une réflexion sur “La surveillance des eaux, une clé dans la lutte contre la tuberculose au Nunavut?

  • jeudi 18 janvier 2024 à 18:03
    Permalien

    Je suis surpris que la vaccination ne soit pas mentionnée dans l’article traitant de la tuberculose au Nunavut . C’est par la vaccination qu’on éradique les maladies infectieuses, pas par l’étude des eaux usées. Quand on retrouve les microbes en questions dans les égouts il est trop tard.

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