Qu’est-il arrivé aux jeunes du Nunavut placés dans des foyers sans permis en Alberta?

Le gouvernement du Nunavut s’est plié à la décision du Commissaire à l’information et la protection de la vie privée, Graham Steele, vendredi en rendant publiques les conclusions d’une enquête interne sur le placement de huit enfants vulnérables en Alberta. (Getty Image/Geoff Robins)

La Représentante de l’enfance et de la jeunesse du Nunavut a tenté de faire un suivi de ce qui est arrivé aux huit enfants retirés des foyers de groupe sans permis à Airdrie, en Alberta, après la publication d’une enquête de Radio-Canada. Près d’un an plus tard, de nombreuses questions demeurent selon elle sans réponse, notamment à propos du lieu où se trouvent ces jeunes aux besoins complexes et de la capacité du système territorial de protection de l’enfance d’assurer des services adéquats.

En entrevue, la représentante Jane Bates a indiqué que son bureau se penchait en ce moment sur le sort de ces enfants dans le but de publier un rapport sous peu.

Le bureau de Jane Bates se penche sur un rapport qui fera la lumière sur le sort, un an plus tard, des huit enfants qui ont été retirés de foyers illégitimes en Alberta. (CBC/Carl-Éric Cardinal)

Peu après la publication du reportage de Radio-Canada, le ministère des Services à la famille du Nunavut a confirmé les avoir retirés des foyers de groupe de l’entreprise Ever Bright Complex Needs Support Services (Ever Bright), à Airdrie, le 31 mars. Ils ont par la suite été placés aux soins de l’entreprise Petmier Care, à Edmonton.

Jane Bates affirme que deux autres jeunes nunavummiut résidaient déjà dans un foyer de groupe appartenant à Petmier Care dans la capitale albertaine.

Seulement, quelques semaines plus tard, tous les enfants ont été subitement rapatriés au Nunavut, toujours selon la représentante de l’enfance et de la jeunesse. «Certains ont été replacés dans leurs familles, dans leurs communautés, dit-elle. [D’autres], je suppose, dans des foyers de groupe ou des foyers d’accueil ici au Nunavut.»

La question demeure. Qu’est-il arrivé à ces enfants et où se trouvent-ils aujourd’hui?

– Jane Bates, représentante de l’enfance et de la jeunesse du Nunavut

Radio-Canada a tenté à plusieurs reprises d’obtenir des réponses du ministère des Services à la famille du Nunavut, qui n’a pas souhaité donner d’entrevue ni commenter l’affaire.

Une demande d’entrevue à Petmier Care est aussi restée sans réponse.

Le ministère des Services à la famille n’a pas souhaité répondre aux questions de Radio-Canada. (Radio-Canada/Matisse Harvey)

La représentante craint que les problèmes qui ont mené au retrait des enfants de leur premier foyer en Alberta soient aussi survenus dans le cas de Petmier Care.

Dans le cas d’Ever Bright, l’Alberta n’a pas pu remplir ses obligations en matière de vérification des permis et de suivis en vertu du protocole pancanadien qui régit ce type de placements interprovinciaux, puisque le Nunavut ne l’a informé de la présence des enfants sur son territoire que plusieurs mois après leur arrivée.

Une expérience «traumatisante» pour des enfants déjà éprouvés

Ces déracinements successifs en peu de temps sont «difficiles», dit Jane Bates.

«Nous parlons de jeunes gens dont on a déterminé qu’ils avaient besoin de […] soins à domicile, pour diverses raisons, et qui ont donc déjà des difficultés […]. Ils sont envoyés dans une autre province, placés dans un établissement qui ne répond manifestement pas à leurs besoins, et puis ils sont déplacés très rapidement d’un endroit à un autre, et puis à un autre.»

Le Nunavut se tourne régulièrement vers des provinces du sud du pays pour accueillir leurs jeunes aux besoins complexes, dont des troubles de comportement ou de développement, lorsque les ressources ne sont pas disponibles sur place. (Getty Image/Justin Sullivan)

Le bureau de la Représentante de l’enfance et de la jeunesse tente surtout de savoir ce qui a changé pour que le ministère des Services à la famille estime qu’il était plus sûr de les rapatrier au Nunavut, après avoir reconnu que les lacunes systémiques et le manque criant de services ont un impact direct sur les enfants et leurs familles.

La députée territoriale d’Iqaluit-Sinaa, Janet Pitsiulaaq Brewster, qui a talonné la ministre des Services à la famille à plusieurs reprises, jeudi, veut «l’assurance, une bonne fois pour toutes, que tous ces enfants sont en sécurité et qu’ils sont confiés soit à des familles saines, soit à des établissements et à des programmes certifiés».

L’histoire se répète

Vendredi, en fin de journée, Radio-Canada a finalement obtenu une copie de l’enquête interne menée par la firme d’Ottawa Lamb & O’Brien pour faire la lumière sur cette affaire.

Son rapport de 130 pages révèle que certaines lacunes se sont reproduites après l’enquête de Radio-Canada.

Selon un employé du gouvernement du Nunavut interrogé par l’avocate Meghan K. O’Brien, des enfants sont toujours placés à l’extérieur du territoire sans que la province d’accueil soit avisée au préalable.

«La province d’accueil n’avait, encore une fois, aucune idée que les enfants étaient sur place», souligne-t-elle.

Le bureau de la Représentante de l’enfance et de la jeunesse du Nunavut prépare aussi un deuxième rapport sur des placements irréguliers, cette fois en Ontario.

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Emma Hautecoeur, Radio-Canada

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