Un recueil de poésie en inuktitut pour faire vivre la langue

Le recueil « Mon cher petit territoire » a été publié aux éditions Hannenorak. (Photo :Éditions Hannenorak)

Dans le tout nouveau recueil de textes poétiques Mon cher petit territoire, le lecteur plonge dans l’univers inuit et devient témoin de la transformation de la langue, du territoire et des traditions. Le livre est unique par la fenêtre qu’il offre sur la langue inuktitut. Rencontre avec une des traductrices à l’origine du projet, Juliana Léveillé-Trudel. 

Quand l’écrivaine Juliana Léveillé-Trudel est allée travailler au Nunavik, elle a aussi pris la décision d’apprendre l’inuktitut afin de mieux communiquer avec les Inuit. «Tout de suite, j’ai réalisé l’importance de la langue dans la culture et pour la communauté, alors j’ai essayé de l’apprendre, même si c’est très difficile», raconte-t-elle.

Elle se souvient que ce sont les enfants avec qui elle travaillait qui lui enseignaient des mots dans leur langue. «Ce n’était pas un apprentissage très structuré», dit-elle en riant. 

À son retour chez elle, elle a découvert et entrepris un cours d’inuktitut donné par le linguiste Marc-Antoine Mahieu à Paris. «C’est un cours que je suis maintenant depuis huit ans! Comme beaucoup d’étudiants, je refais ma quatrième année encore et encore pour continuer à pratiquer la langue.»

Quand le projet est né

«Un des plaisirs de découvrir une langue, dit-elle, c’est de découvrir sa littérature.»

Celle qui est aussi directrice artistique des Productions de Brousse, un organisme dévoué à la création littéraire et théâtrale, explique que lors de son passage au Nunavik et grâce au cours de Marc-Antoine Mahieu, elle a découvert des textes de légendes et un univers musical foisonnant en inuktitut, mais très peu de poésie. 

Le rêve est donc né d’avoir accès à davantage de textes poétiques dans la langue qu’elle étudie. En 2019 elle a fait la rencontre qui l’a menée à concrétiser ce rêve. «J’ai eu la chance de rencontrer Angela Amarualik qui vient du Nunavut, mais qui habite à Montréal. Je lui ai demandé si elle aimerait animer des ateliers d’écritures.»

C’est à Verdun, au centre Ivirtivik, que la majorité des ateliers se sont déroulés. Le centre est un organisme qui aide les Inuit qui arrivent dans la métropole à trouver un emploi, mais aussi à s’intégrer. 

Les participants pouvaient soumettre leurs textes après les ateliers, puis le recueil a commencé à voir le jour, se souvient-elle.

La traduction des textes s’est faite en collaboration avec le professeur Marc-Antoine Mahieu qui a fait une traduction littérale, avant de passer le flambeau à son élève, Juliana Léveillé-Trudel, qui en a fait une traduction littéraire, afin de donner plus de sens aux poèmes.

«J’ai fait quelques ajustements comme des petites coupures, mais le but était d’y toucher le moins possible», indique-t-elle.

«C’est beau!»

Juliana Léveillé-Trudel, elle-même écrivaine, estime que d’être témoin de la création d’un recueil comme Mon cher petit territoire lui donne une grande fierté, surtout quand elle constate d’où le projet est parti et à quel endroit il a atterri. «J’ai publié mes propres livres dans la vie, mais je pense que je suis peut-être encore plus fière de ce livre-là, parce qu’à la base, on ne s’adressait pas à des écrivains et on leur demandait d’utiliser une forme qui était très peu connue dans leur culture.»

Pendant le processus de création, à mesure que les ateliers se donnaient, les nouveaux participants pouvaient lire les textes des séances précédentes. L’écrivaine se souvient avoir vu un jeune homme lire un texte et relever la tête pour dire : «C’est beau!» 

«C’était comme s’il venait de découvrir quelque chose qu’il n’avait jamais vu auparavant.» 

Elle espère maintenant que cet ouvrage permettra à encore plus de personnes, Inuit ou non, de voir l’inuktitut sous un jour nouveau. 

Le recueil est sorti depuis à peine quelques semaines, que l’idée de faire un deuxième tome germe déjà.

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