Victoire pour l’accès des Inuit aux médicaments contre le virus syncytial

La Dre Anna Banerji, lors d’une entrevue sur les ondes de CBC en 2019. (Sujata Berry/CBC)

Traduction du texte de Kira Wronska, Initiative de journalisme local, Nunavut News

La Dre Anna Banerji est peut-être originaire de Toronto, mais la récipiendaire de l’Ordre de l’Ontario a ce qu’elle décrit comme une «connexion profonde» avec le Nord et le Nunavut. 

Depuis 30 ans, elle fait des recherches sur le virus respiratoire syncytial (VRS) et sur la manière dont il touche les bébés inuit. «J’ai une longue histoire dans l’Arctique. J’y ai plusieurs amis proches et la famille élargie de mon fils s’y trouve également», raconte-t-elle.

Cette connexion est la raison qui l’a poussée, en 2019, à lancer une pétition sur le site Change.org pour réclamer aux dirigeants de donner un accès équitable à des médicaments contre le VRS. Ils peuvent sauver la vie de poupons inuit et celles d’autres enfants autochtones dans des communautés éloignées du Canada. 

Ce mois-ci, la pétition a finalement porté ses fruits. Le Comité consultatif national sur l’immunisation (CCNI) a pris la décision de reconnaître le risque accru que pose le VRS pour les bébés autochtones. 

Anna Banerji affirme que cette nouvelle «était attendue depuis longtemps». 

Les bébés inuit canadiens ont le plus haut taux d’hospitalisation dans le monde en raison du VRS, tout particulièrement dans la région du Kitikmeot, au Nunavut. Cette situation pourrait facilement être évitée grâce à un antibiotique prouvé efficace. 

Auparavant, l’agent immunisant connu sous le nom de Palivizumab était administré aux enfants considérés comme à risque partout au Canada. Les enfants inuit, qui représentent un taux d’admissions à l’hôpital en raison du VRS 10 fois plus élevé que les autres enfants à risque, n’étaient pas inclus dans cette catégorie. 

Il existe aujourd’hui un nouvel antibiotique nommé Beyfortus dont l’action est «de longue durée, ne requiert qu’une seule dose et est ainsi beaucoup plus économique».

Grâce à la pétition qui a attiré plus de 250 000 signatures, «le CCNI a reconnu que les enfants autochtones étaient à haut risque de développer un VRS sévère. Cela veut dire qu’ils devraient maintenant avoir la priorité d’accès à ce nouvel antibiotique», croit-elle. 

Elle ajoute que de donner la priorité aux enfants autochtones est très important parce qu’ils n’ont généralement pas le même accès aux soins de santé que les autres Canadiens. «Ils ne vivent pas le besoin, par exemple, d’être évacués par avion pour se faire soigner dans un hôpital. Donc la différence que ce changement va faire est très importante. Énorme, finalement!», laisse-t-elle tomber.

«Maintenant, il faut s’assurer que les fonds nécessaires sont mis en place pour que les bébés qui sont admissibles puissent réellement y avoir accès. Il n’y a pas de raison de dire : ces bébés devraient avoir la priorité, si l’on ne met pas en place les ressources financières et humaines pour que cela se produise réellement», ajoute la Dre Banerji.

Anna Banerji et son fils Nathan en 2013. (Photo : Dre Anna Banerji)

Elle estime que la balle est dans le camp des décideurs. «Nous avons vraiment le même objectif. Mais cela n’aurait pas dû prendre 30 ans de recherches, cinq ans de pétitions et 250 000 signatures pour y arriver», indique-t-elle.

Cette victoire est aussi très personnelle pour Anna Banerji. «J’ai lancé cette pétition un an après le décès de mon fils. Il était un Inuk de Clyde River. Je crois qu’il serait très heureux de voir que c’est finalement arrivé.»

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