L’Islande autorise la chasse à la baleine pour la saison 2024

Le 24 juin 2022, le navire Hvalur 9 transporte un rorqual commun de 20 mètres de long depuis sa coque jusqu’à l’usine de traitement de Hvalfjordur, près de Reykjavik. (HALLDOR KOLBEINS/AFP via Getty Images)

L’Islande, l’un des trois pays avec la Norvège et le Japon à autoriser la chasse à la baleine, a donné mardi son feu vert pour la saison 2024 à cette pratique controversée au seul baleinier du pays Hvalur hf.

Le permis autorise la chasse de 128 rorquals communs pour la saison qui s’étend de mi-juin à septembre, a annoncé le ministère de la Pêche et de l’Alimentation, soit moins que les 161 autorisés la saison précédente.

Les quotas comprennent 99 cétacés dans la région du Groenland et à l’ouest de l’Islande et 29 à l’est de cette île de l’Atlantique Nord jusqu’à l’archipel des Féroé, des zones où le baleinier ne se rend jamais.

La décision du gouvernement est prise sur la base du principe de précaution et « reflète l’importance accrue accordée par le gouvernement à l’utilisation durable des ressources », assure le ministère sur son site Internet.

Cette explication est rejetée par les défenseurs des droits des animaux.

« Il est extrêmement décevant » que le gouvernement « ait mis de côté les preuves scientifiques sans équivoque démontrant la brutalité et la cruauté de l’abattage commercial des baleines, en permettant que des baleines soient tuées pendant une année supplémentaire », a réagi auprès de l’AFP Adam Peyman, de l’ONG Humane Society International, soulignant que les rorquals communs étaient menacés d’extinction.

« L’Islande avait l’occasion de prendre la bonne décision, et elle a choisi de ne pas le faire », a-t-il ajouté.

Comme la Norvège et le Japon, ce pays pratique encore la chasse commerciale à la baleine, en dépit des critiques des protecteurs de l’environnement et des défenseurs des droits des animaux.

« Les études du gouvernement lui-même ont montré que la chasse à la baleine en Islande était intrinsèquement cruelle et qu’elle n’était pas rentable », a affirmé le Fonds international pour la protection des animaux (IFAW).

Contacté par l’AFP, le PDG de la société de chasse Hvalur hf., Kristján Loftsson, n’a pas souhaité réagir.

Les conditions de chasse pour 2024 sont identiques à celles de l’an dernier, a précisé la ministre de la Pêche et de l’Alimentation, Bjarkey Olsen Gunnarsdóttir, aux médias islandais.

« Cette décision ne correspond pas forcément à mes positions », mais « je dois suivre les lois et les règlements » islandais, a-t-elle ajouté.

Hvalur hf., la dernière société de chasse à la baleine active en Islande, attendait depuis janvier une réponse à sa demande de permis de chasse pour les cinq années à venir, sa précédente licence ayant expiré.

En juin 2023, l’Islande avait suspendu la chasse à la baleine après la parution d’un rapport commandé par le gouvernement concluant que les méthodes de chasse employées ne respectaient pas la loi sur le bien-être animal.

Les harpons explosifs utilisés par les chasseurs pour attraper les baleines provoquaient des agonies prolongées, pouvant durer jusqu’à cinq heures, a montré l’Agence vétérinaire gouvernementale.

Mais le gouvernement avait autorisé la reprise de la chasse le 1er septembre, avec des restrictions sur les méthodes utilisées et la présence d’inspecteurs officiels à bord, filmant chaque prise de cétacé.

À la fin de cette saison 2023 raccourcie, Hvalur hf. avait annoncé avoir tué 24 baleines.

Par le passé, les chasseurs ont rarement atteint les quotas, faute de débouchés.

D’autant que le Japon, de loin le principal marché pour la viande de baleine, a repris en 2019 la chasse commerciale après trois décennies d’interruption.

En Islande, l’opposition à cette pratique est désormais majoritaire parmi la population : 51% des Islandais y sont opposés, contre 42 % il y a quatre ans, selon une enquête réalisée par l’institut Maskína et publiée début juin 2023.

Depuis des siècles, cette île dépend fortement de la pêche et de la chasse à la baleine.

Au cours des deux dernières décennies, son industrie touristique, en particulier les excursions d’observation de ces cétacés géants, a connu un véritable essor.

À lire aussi :

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Laisser un commentaire

Note: En nous soumettant vos commentaires, vous reconnaissez que Radio Canada International a le droit de les reproduire et de les diffuser, en tout ou en partie et de quelque manière que ce soit. Veuillez noter que Radio-Canada ne cautionne pas les opinions exprimées. Vos commentaires seront modérés, et publiés s’ils respectent la nétiquette.
Nétiquette »

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *