Confusion et « malentendus » liés au retour à Yellowknife des résidents après l’évacuation

Des documents obtenus en vertu de la Loi sur l’accès à l’information et la protection de la vie privée montrent la confusion qui a régné entre le gouvernement ténois et la Ville de Yellowknife au sujet du retour des résidents dans la capitale.
Menacés par des feux de forêt, les quelque 20 000 habitants de Yellowknife ont été forcés de partir en août 2023.
Le 30 août, juste avant l’annonce de la fin de l’ordre d’évacuation, un responsable de la Ville a demandé au gouvernement territorial de répondre à plusieurs questions par courriel concernant le plan de retour.
« Lorsque le moment sera opportun, quel sera le processus décisionnel pour le ministère [des Affaires municipales et communautaires]? », peut-on lire dans un courriel, dont le nom des destinataires a été caviardé.
L’ordre d’évacuation sera-t-il complètement levé? Ou bien sera-t-il rétrogradé en alerte d’évacuation? Quel est notre rôle là-dedans?
Extrait d’un courriel envoyé par la Ville de Yellowknife au gouvernement territorial
CBC a obtenu 142 pages de notes et de courriels que se sont échangés la Ville, le gouvernement territorial et la Première Nation des Dénés Yellowknives dans les jours qui ont précédé l’annonce du retour dans la capitale.
Une précédente demande en vertu de la Loi sur l’accès à l’information a aussi montré qu’un climat similaire de confusion a régné quelques heures avant l’ordre d’évacuation.

Manque de coordination
Le 27 août, la confusion entre les gouvernements territorial et municipal est montée d’un cran, même si les efforts de lutte contre les incendies s’étaient améliorés et que la menace des feux sur Yellowknife avait diminué.
Le responsable de l’information sur les incendies de forêt aux T.N.-O., Mike Westwick, a alerté les deux ordres de gouvernement qu’il allait annoncer que l’un des incendies était « maîtrisé » et qu’il souhaitait que les gouvernements coordonnent leurs massages.
Mike Westwick a également demandé à la Ville qu’elle mette à disposition des résidents un numéro de téléphone et une adresse courriel pour qu’ils puissent poser des questions, au besoin.
« Notre équipe de lutte contre les incendies a été complètement submergée d’appels qui auraient dû être dirigés vers la Ville ou le ministère des Affaires municipales et communautaires pendant la phase d’évacuation, avec des questions auxquelles nous n’étions pas en mesure de répondre », a-t-il écrit dans un échange de courriels.
Dans un autre courriel, la Ville a déclaré qu’elle prévoyait un plan de retour inspiré de celui du ministère, mais qu’elle n’avait pas pu en obtenir une copie.
« La Ville doit voir ce plan graphique dès que possible pour s’assurer que notre langage soit le même. Notre plan est basé sur l’approche progressive du gouvernement des T.N.-O. », a écrit un responsable de la Ville.
Qui avait la responsabilité de lever l’ordre d’évacuation?
Les documents obtenus par CBC montrent aussi une confusion quant au gouvernement qui devait être responsable de lever l’ordre d’évacuation.
« Il y a certainement de nombreux malentendus […] à différents niveaux », a dit un responsable de la Ville dans un courriel au gouvernement ténois daté du 28 août en faisant référence à la législation territoriale.
Bien que l’ordre d’évacuation ait été lancé par la ministre ministère des Affaires municipales et communautaires de l’époque, Shane Thompson, la Ville était techniquement responsable de lever l’ordre, en envoyant une demande au gouvernement territorial.
« La Première Nation des Dénés Yellowknives et la Ville de Yellowknife ont demandé de recevoir par écrit le protocole pour la levée de l’ordre d’évacuation, car ils ont tous l’impression qu’ils n’ont pas le pouvoir de le faire », avait déclaré la directrice de la sécurité publique responsable de l’Organisation de gestion des urgences, Emily King, à un autre responsable du gouvernement ténois.
« J’ai été très claire que nous lèverions l’ordre en leur nom, à leur demande. La réunion de ce matin sur le retour [dans la capitale] a été très frustrante. Nous ne savons pas exactement où en est la Ville », a-t-elle indiqué.
Au mois d’avril, le territoire a mis à jour sa législation sur les rôles de chacun en cas de situations d’urgence, mais certains députés ont exprimé leurs préoccupations quant à la teneur des responsabilités qui sont octroyées aux collectivités.
Avec les informations de Luke Carroll