Des sites d’exploration minière finalement nettoyés en territoire cri

Des chasseurs cris poussent un soupir de soulagement face au nettoyage en cours des sites d’exploration minière abandonnés dans le Nord-du-Québec, même s’il reste des doutes quant aux conséquences environnementales à long terme de ces déchets industriels.
John Rupert, du village cri de Whapmagoostui, est fébrile à l’idée de retourner un jour sur son territoire de chasse familial.
C’est un lieu qui regorge de souvenirs pour lui. Il avait l’habitude de venir y chasser avec son père pour subvenir aux besoins de la famille.
John Rupert n’a pourtant pas chassé sur ce territoire depuis 2006, l’année où un important site d’exploration minière y a été construit.
Après deux ans d’activité, l’entreprise est partie, laissant derrière elle environ 300 barils de carburant, une centaine de bonbonnes de propane, de la machinerie lourde et 14 abris en décrépitude.

Je voulais me construire un chalet ici, parce qu’il y avait plein de poissons et d’autres animaux pour nourrir ma famille. C’est impossible maintenant. Je ne peux plus y chasser à cause de tout ce carburant toxique et de ces déchets sur le bord du lac, se désole l’homme de 71 ans.
Le cas du territoire de chasse de John Rupert n’est pas isolé. Le gouvernement régional d’Eeyou-Istchee estime qu’il y a environ 500 sites similaires abandonnés sur leur territoire traditionnel.
En 2018, des acteurs de l’industrie minière, réunis à travers le Fonds Restor-Action Cri, en collaboration avec le gouvernement d’Eeyou Istchee et celui du Québec, ont mis 11 millions de dollars sur la table pour financer des projets de nettoyage.
Jusqu’à maintenant 95 d’entre eux ont été nettoyés grâce à ce financement.
Une opération de ramassage a par ailleurs été organisée pour le territoire de John Rupert et devrait débuter au mois d’octobre, après des années de planification.
C’est un processus assez long en raison de la taille et de l’emplacement du site lui-même. C’est extrêmement éloigné, dit la grande cheffe crie Mandy Gull-Masty.

Les travaux ont été retardés par la pandémie de COVID-19, par des problèmes de ressources humaines et par les feux de forêt importants de 2023.
Il ne s’agit pas simplement de ramasser un baril, de le mettre sur une remorque et de l’expédier quelque part. Il s’agit de déchets dangereux. Il faut être très conscient des protocoles en place, précise Mandy Gull-Masty.
Une équipe locale a par ailleurs été spécialement formée en vue du nettoyage. Ces travailleurs iront en hélicoptère sur le site pour récolter des échantillons de sol, évacuer certains débris et brûler ce qui peut l’être.
Une seconde phase de nettoyage aura aussi lieu l’hiver prochain, par motoneige.
John Rupert se réjouit du début imminent de ces travaux. Il espère que, un jour, ses enfants et ses petits-enfants pourront profiter de ce riche territoire, comme ses ancêtres l’ont fait avant eux.
Avec les informations de Susan Bell
À lire aussi :