Découverte de quatre sites basques dans le nord-est du Québec qui redéfinissent la relation avec les Inuit
Une équipe d’archéologues sous-marins a trouvé quatre sites de pêche du 16e siècle, en Basse-Côte-Nord, qui témoignent d’une occupation inuit et basque bien différente de la version officielle.
Entre le 31 juillet et le 11 août, deux archéologues, un Canadien et un Américain, ont fait une découverte majeure lors de fouilles menées sur la rivière Saint-Paul à 60 kilomètres à l’ouest de Blanc-Sablon, en compagnie de trois étudiants de l’Université de Montréal, ainsi que six autres étudiants, cinq américains et un russe.
Les campements de pêche permanents étaient remplis de matériel probablement acheté par les Inuit aux Basques. Des chaudrons, de la céramique et des clous des navires ont été trouvés sur le lit de la rivière Saint-Paul et sur ses berges. Des toits de maisons en tuiles basques et bois européen, qui ont été habitées par des Inuit, ont aussi été retrouvés.
Autant de preuves qui indiquent que la présence inuit dans cette région n’était pas passagère ni basée sur un mode de vie de subsistance, donc nomade, comme les historiens le pensaient jusqu’ici.
Un nouveau regard sur les Basques dans la région
Avec ces découvertes, les chercheurs croient que ces Basques étaient plus enracinés qu’on ne le croyait sur ce territoire. Ces pêcheurs européens étaient aussi probablement ouverts à la transmission des savoir-faire et avaient une capacité d’adaptation au milieu maritime, aux réalités géopolitiques et aux rapports de réciprocité avec les Autochtones.
Bien que les contacts entre Basques et Inuit près de Blanc-Sablon, sur la rive nord du golfe du Saint-Laurent, étaient connus, la nature de leur relation demeurait jusqu’ici un mystère, résume l’archéologue Brad Loewen, de l’Université de Montréal.
« Il y a une absence d’un mode de vie de subsistance, explique Brad Loewen. [Avec] la chasse aux phoques pour le compte des Basques, ils ont un rapport de partenariat. »
La petite histoire de la grande découverte
Il y a plus de 30 ans, des pêcheurs de pétoncles locaux récupéraient, dans l’eau, un chaudron en terre cuite datant du 16e siècle. L’histoire de cette surprenante découverte ne s’est jamais perdue, si bien que la rumeur a fait son chemin jusqu’aux oreilles des archéologues trois décennies plus tard.
En été 2019, les scientifiques Brad Loewen de l’Université de Montréal et William Fitzhugh du musée Smithsonian de Washington ont donc demandé aux pêcheurs de l’époque de retourner sur les lieux de leur découverte. La méthode, qui faisait appel à la mémoire des pêcheurs, était loin d’être un gage de succès.
Après quelques heures de recherche, le site a été identifié par l’équipe d’archéologues sous-marins et les premières observations ne laissaient pas de doute. À six mètres de profondeur se trouvaient les artefacts basques.
Mais comme l’explique Brad Loewen, ce n’était que la pointe de l’iceberg. On a trouvé une concentration de tuiles basques qui étaient tombées du rivage. De là, nous sommes allés vers le rivage en haut.
« C’est une façon à l’envers de procéder, explique-t-il, mais c’est comme ça que la découverte s’est faite. Personne n’avait pensé de regarder au sol d’abord. »
La majeure partie des recherches ont été réalisées sur 500 mètres, sur les berges de la rivière Saint-Paul. Les archéologues estiment que cette zone comporte la concentration la plus importante de sites basques à l’ouest de Red Bay, au Labrador, où une importante station baleinière basque du 16e siècle est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2013.
Des historiens locaux très enthousiastes
L’identification de ces quatre nouveaux sites pourrait avoir des retombées économiques dans la communauté. Le vice-président du conseil du Musée Whitley Saint-Paul, en Basse-Côte-Nord, Garland Nadeau, ne cache pas son enthousiasme à développer le tourisme archéologique dans ce secteur.
Il se dit convaincu que la nature de cette découverte permettra d’attirer une clientèle canadienne et européenne.
Jusqu’à 3000 touristes traversent la région chaque été selon le bureau du tourisme. Fort de cette découverte, Garland Nadeau estime que cette nouveauté permettra de doubler le nombre de visiteurs d’ici cinq ans.
Je ne comprends pas la si nouveauté de cette découverte. Il est connu depuis longtemps que les Basques et Normands étaient en relation avec les locaux bien avant l’arrivée de Christophe Colomb en Amérique.
C’est des faits qui ont déjà été documentés sur d’autres sites dans la vallée du Saint Laurent ou dans le Golfe.
Ces recherches indiquent que la présence inuit dans cette région n’était pas passagère ni basée sur un mode de vie de subsistance, donc nomade, comme les historiens le pensaient jusqu’ici et que les Basques étaient plus enracinés qu’on ne le croyait sur ce territoire. D’autre part, la nature de leur relation demeurait jusqu’ici un mystère. La découverte établit qu’il y avait un rapport de partenariat entre eux.