Un pas de plus vers des services de santé en français au Yukon

L’Hôpital général de Whitehorse est le principal établissement de santé au Yukon. (Radio-Canada)

La Direction des services en français du Yukon (DSF) se lance dans l’élaboration d’une stratégie destinée à améliorer l’accessibilité à des services de santé en français au territoire.

Divisé en deux volets, ce projet vise, d’une part, à recueillir des données pour dresser un portrait des besoins de la communauté et, d’autre part, à trouver des solutions technologiques pour pallier le manque d’employés bilingues.

Pour l’instant, on est encore à identifier les points de service, à voir de quelle façon on va être capables de fonctionner, de quelle façon on pourrait demander aux patients de s’identifier comme étant francophones, explique le directeur de la DSF, André Bourcier.

« Le fait que je suis francophone, ça devrait me suivre à l’intérieur de l’ensemble de mon interaction avec [un] point de service, dit André Bourcier, directeur de la DSF.

André Bourcier explique qu’une note pourrait être ajoutée à un dossier de santé pour indiquer qu’un patient est francophone et souhaite obtenir des services en français.

Ça permet déjà de savoir qui veut des services en français; c’est indiqué sur la carte. Donc, pas besoin de le demander; normalement, on devrait vous l’offrir, et en plus, ça permet d’identifier la planification des services, dit-il.

« Il y a aussi toute la question de la vie privée. On n’identifiera pas des francophones qui ne veulent pas être identifiés comme des francophones. Donc, il va falloir tenir compte de ça aussi, souligne toutefois André Bourcier. »

Clinique médicale à Whitehorse
Whitehorse compte une première clinique médicale sans rendez-vous. (Radio-Canada/Sarah Xenos)

Pour financer la mise en place de cette stratégie, Ottawa octroie une enveloppe de 2,2 millions de dollars sur cinq ans au gouvernement du Yukon. Le territoire ajoutera 250 000 $ à ce financement.

Si on est dans une situation d’urgence, ou si on veut parler de nuances des besoins en santé, il n’y a rien de plus important dans ces moments que d’avoir la possibilité de parler dans la langue avec laquelle on est le plus à l’aise, soutient le député fédéral du Yukon, Brendan Hanley.

« C’est une bonne nouvelle pour la communauté francophone et pour le système de santé », croit-il.

Une solution de rechange aux employés bilingues

Le deuxième volet de la stratégie vise à trouver des options technologiques pour aider les patients à obtenir des services en français, même lorsque les professionnels de la santé sont unilingues anglophones. Cela peut comprendre de la traduction en simultané comme de la télémédecine avec des professionnels de l’extérieur du territoire.

« C’est bien beau de dire : « Oui, on a la technologie, on peut faire ça », mais qu’est-ce que ça veut dire pour le fournisseur de services? Comment est-ce que ça va changer sa façon d’aborder le patient? Qu’est-ce que ça va changer pour le patient de ne pas avoir cette interaction directe, d’avoir un intermédiaire? » se demande André Bourcier.

Il ajoute qu’il faut aussi que les fournisseurs de services sachent ce qui est disponible en matière de documentation en français. Il peut donc y avoir de la formation à faire auprès des employés.

Ça fait 30 ans qu’on fait de la traduction en santé, 30 ans qu’on traduit tous les documents du ministère en santé et, aujourd’hui, si on va dans un point de service et qu’on demande le document en français, il y a peu de chances qu’on puisse l’obtenir, fait valoir André Bourcier.

« Ce n’est pas de la mauvaise volonté; les documents ne sont pas nécessairement associés dans les bases de données, l’employé n’a pas nécessairement accès aux deux versions en même temps », précise-t-il.

Le directeur de la DSF comprend que la meilleure solution reste le personnel bilingue, mais dans un contexte où il y a une pénurie de main-d’œuvre en santé, la DSF tente de trouver des solutions à court terme.

Il faut être capable de « penser en dehors de la boîte », soutient-il.

De son côté, Isabelle Salesse espère que cette stratégie amènera une certaine amélioration à l’offre de services, même si elle attend de voir ce à quoi cela pourrait ressembler concrètement pour les patients francophones.

C’est certain qu’avant d’avoir tous les services en français en santé sur place, ça va prendre du temps. Donc, s’il y a des modèles innovateurs qui peuvent nous permettre d’avoir accès à ces services, ça peut être intéressant », dit-elle en ajoutant toutefois : « Les machines ne remplacent pas les humains.

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