Appel à plus de transparence dans le financement de l’élection municipale à Whitehorse

À Whitehorse, il n’y a actuellement aucun règlement concernant le financement des élections municipales. (Radio-Canada/Claudiane Samson)

Maintenant que les votes ont été comptabilisés et que le nouveau conseil municipal de Whitehorse a été élu, c’est le temps pour les candidats de faire leur compte concernant les coûts liés à leur campagne respective.

À la différence de plusieurs autres municipalités au pays, la capitale yukonnaise ne dispose d’aucune réglementation entourant le financement des campagnes électorales municipales et les candidats non pas à rendre publique l’aide financière qu’ils ont reçue, ce que certains souhaitent changer.

« Il y a un besoin, je pense, d’augmenter la transparence. C’est une question d’éthique pour les électeurs », soutient Jean-Sébastien Blais, l’un des seuls candidats à avoir inscrit sur ses affiches qui les avaient payées.

Avec des campagnes dont le prix varie de 50 $ à plusieurs milliers de dollars, tous ne s’entendent pas sur la question de la transparence en ce qui a trait au financement et surtout aux donateurs.

« Je ne vois pas le besoin d’avoir une réglementation concernant la transparence. Je ne suis pas certain que ce soit pertinent », croit le nouveau maire élu, Kirk Cameron.

Accepter ou non les dons du secteur privé?

Plusieurs candidats ont accepté de divulguer le montant qu’ils ont déboursé pour cette campagne. Parmi ceux-ci, Kirk Cameron arrive largement en tête. Il indique avoir dépensé environ 15 000 $, sans compter le bénévolat de plusieurs proches et amis, comme son directeur de campagne.

Il explique avoir assumé environ la moitié de la facture, alors que les dons de ses proches et ceux provenant d’entreprises privées ont permis de couvrir le reste des dépenses. Il ajoute avoir établi lui-même une limite aux dons qu’il acceptait des entreprises pour assurer une certaine équité.

« Je pense que c’est juste. Et ça me place aussi dans une position où je peux dire à tous ces contributeurs : « Vous avez contribué à ma campagne qui m’a permis d’être élu, maintenant parlons de ce qui vous préoccupe et de ce que vous jugez important pour la ville » », souligne-t-il.

Selon lui, comme le maire ne dispose que d’un vote sur sept au conseil municipal, cela ne représente pas de risque d’influence du secteur privé.

Dan Bushnell a été battu par environ 900 voix lors du scrutin du 17 octobre. (Radio-Canada/Sarah Xenos)

De son côté, le candidat défait à la mairie, Dan Bushnell, s’est dit choqué par ces propositions d’entreprises privées d’offrir une aide financière en échange de faveurs. Il indique avoir eu au moins trois propositions de ce type durant sa campagne, ce qu’il a refusé.

« J’étais surpris de voir à quel point c’était flagrant. Ce n’était pas subtil du tout. C’était : « J’ai besoin de considération sur cet enjeu, je vais donner à ta campagne » », raconte-t-il.

« Ça va à l’encontre de toutes mes valeurs », ajoute-t-il.

Il indique avoir dépensé environ 3500 $ pour sa campagne et avoir reçu quelques dons de son entourage.

Des considérations à prendre en compte

La question de la transparence en politique municipale n’est pas sans importance, soutient le professeur émérite et ancien directeur du programme de gouvernance local à l’Université Western Ontario, Andrew Sanction, qui souligne du même coup l’importance d’avoir une réglementation pour tous.

C’est la norme au Canada d’avoir des règles concernant la divulgation financière.

Andrew Sanction, professeur émérite à l’Université Western Ontario

« Le maire dit qu’il n’a qu’un vote au conseil et il a raison. Il n’est pas le premier ministre. Mais si un contributeur peut financer une campagne, il peut certainement contribuer à celle de tous les conseillers ou d’une majorité d’entre eux », soulève le professeur.

Le conseil ouvert à la discussion

Plusieurs membres du nouveau conseil municipal se sont dit ouverts à discuter d’un règlement qui assurerait la divulgation des informations financières concernant une campagne électorale ou d’établir une limite au montant qu’un candidat peut dépenser.

Tant qu’il n’y a pas de minimum de dépenses établi afin de permettre à tous de se présenter, soutient la nouvelle conseillère Jenny Hamilton, qui se dit ouverte à avoir cette conversation avec le conseil.

« Je pense que Whitehorse est devenue une ville assez grande pour que nous ayons besoin d’avoir un équilibre et une vérification dans les campagnes »,  indique Eileeen Melnychuk, récemment élue.

Une idée qui résonne aussi pour la nouvelle conseillère Anne Middler, qui souhaiterait également voir plus de transparence dans les dépenses de campagne.

La nouvelle conseillère municipale Eileen Melnychuk. (Radio-Canada/Sarah Xenos)

« J’aimerais le savoir et je suis certaine que les électeurs souhaiteraient aussi le savoir », dit-elle.

« Je crois que c’est important d’être clair sur la manière dont on veut recevoir les dons financiers. Si c’est pour être en mesure de mieux exprimer tes idées, oui, mais si c’est pour un retour d’ascenseur, ça, c’est plus problématique », conclut le candidat défait Jean-Sébastien Blais.

Avec des informations de Cheryl Kawaja

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