Les Gwich’in inquiets du retour de Donald Trump

Une harde de caribous dans un champ.
Sur cette photo d’archives, des caribous de la harde de caribous de la Porcupine migrent vers la plaine côtière de la Réserve faunique nationale de l’Arctique, dans le nord-est de l’Alaska. (Photo : Associated Press/U.S. Fish and Wildlife Service)

La nation Gwich’in de l’Alaska, du Yukon et des Territoires du Nord-Ouest dit être prête à poursuivre la lutte pour la protection de la réserve faunique nationale de l’Arctique et du caribou de la Porcupine après la victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine.

Les Gwich’in se mobilisent depuis de nombreuses années pour protéger de façon permanente les terrains de mise bas des caribous de la Porcupine dans la réserve faunique nationale de l’Arctique, une réserve de près de 77 000 km2, dans le nord-est de l’Alaska.

Ce combat est loin d’être gagné et le retour à la Maison-Blanche de Donald Trump en est un dur rappel, selon Peter Winsor, le directeur par intérim du Gwich’in Steering Committee, un groupe représentant les Gwich’in aux États-Unis et au Canada.

La réserve faunique nationale de l’Arctique doit obtenir des protections qui sont insensibles aux changements d’administration, que les États-Unis soient dirigés par les républicains ou les démocrates, et ce, sur une longue période, explique Peter Winsor, joint par téléphone à Fairbanks, en Alaska.

Peter Winsor a le visage couvert de givre, en hiver, en Alaska.
Peter Winsor est le directeur par intérim du Gwich’in Steering Committee, qui représente les Gwich’in aux États-Unis et au Canada. Ce groupe a pour mandat la protection du caribou Porcupine et de la réserve faunique nationale de l’Arctique. (Photo : Peter Winsor)

Durant sa campagne, Donald Trump a mentionné qu’il avait l’intention de permettre l’exploitation pétrolière dans le refuge, ce qu’il avait tenté de faire lors de son premier mandat.

Peter Winsor estime que cela devrait inquiéter non seulement les Gwich’in, mais tous ceux qui ont l’Arctique à cœur.

Les effets d’une éventuelle pression de l’administration Trump en faveur d’une intensification de l’exploitation du pétrole et du gaz ou d’une diminution de la protection de l’environnement […] sont très préoccupants, dit-il.

Temps incertains

Taa’ąįį Ch’igiioonta, membre du conseil d’administration du Gwich’in Council International, entrevoit aussi une lutte acharnée au cours des quatre prochaines années.

Nous avons déjà vécu une situation similaire. Cela va nous pousser à être mieux organisés, plus stratégiques pour les prochaines étapes, dit-il.

Pour y parvenir, son organisation prévoit travailler en collaboration avec ses alliés à l’extérieur de la nation Gwich’in, dit-il.

Le fait de renouer avec le mode de vie traditionnel est aussi une approche privilégiée pour celui qui vit à Arctic Village, une communauté Gwich’in située à environ 200 km de la frontière avec le Yukon.

Une partie de cette préparation, alors que les temps sont incertains, est de renouer avec qui nous sommes comme peuple Gwich’in, avec notre terre et nos pratiques culturelles, ajoute-t-il.

Peu d’appétit

La nation Gwich’in avait pu compter sur un allié de taille dans le président sortant, Joe Biden. En 2021, son administration avait suspendu les forages pétroliers et gaziers sur ses terres, annulant ainsi l’une des décisions du gouvernement de Donald Trump.

Ce dernier avait autorisé la vente de permis d’exploitation en 2017, en adoptant la Tax Cuts and Jobs Act. Quelques semaines avant la fin de son premier mandat et l’arrivée au pouvoir de Joe Biden, il avait procédé à une première vente de permis.

Les ossements d'un caribou avec des montagnes en arrière-plan, en Alaska.
Les ossements d’un caribou dans la réserve faunique nationale de l’Arctique, en Alaska.
(Photo : La Presse Canadienne/National Park Service/Cadence Cook)

Cette vente n’avait suscité que peu d’intérêt, et le gouvernement de Joe Biden l’avait finalement annulée en 2023, invoquant une analyse environnementale incomplète.

Pour Peter Winsor, cela montre que l’industrie n’a pas d’appétit pour le pétrole de la réserve de l’Arctique.

La production de pétrole et de gaz est à son plus haut niveau aux États-Unis. Il n’y a aucune raison pour que les États-Unis se livrent à une exploitation risquée du pétrole et du gaz dans un endroit où l’objectif premier du refuge est de protéger la faune et la flore, affirme Peter Winsor, directeur par intérim du Gwich’in Steering Committee.

Selon la loi de Donald Trump de 2017, une deuxième vente de permis doit avoir lieu avant la fin de l’année.

Mercredi, le gouvernement de Joe Biden a déposé une étude d’impact environnemental supplémentaire, proposant la vente d’une concession de 1600 km2, soit le minimum exigé par la loi.

Selon la section du Yukon de la Société pour la nature et les parcs du Canada, qui appuie la nation Gwich’in dans son combat, le scénario retenu par le gouvernement Biden est celui qui offre le plus de protection et de restrictions.

Si on pense à un jeu d’échecs, [Joe Biden] a fait le meilleur mouvement possible pour restreindre la capacité des autres joueurs à avancer sur l’échiquier, dit Laurence Fox, qui coordonne les campagnes pour la Société au Yukon.

Peter Winson croit que c’est une autre façon pour Joe Biden de démontrer qu’il ne veut pas d’exploitation dans la réserve. Ultimement, les Gwich’in demandent un arrêt complet de la vente de concessions et des protections à long terme.

C’est difficile d’imaginer ce qui va se passer au cours des quatre prochaines années, mais nous sommes prêts à nous battre, conclut-il.

Avec les informations de Hilary Bird

À lire aussi :

Julie Plourde, Radio-Canada

Vidéojournalise à Yellowknife

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Laisser un commentaire

Note: En nous soumettant vos commentaires, vous reconnaissez que Radio Canada International a le droit de les reproduire et de les diffuser, en tout ou en partie et de quelque manière que ce soit. Veuillez noter que Radio-Canada ne cautionne pas les opinions exprimées. Vos commentaires seront modérés, et publiés s’ils respectent la nétiquette.
Nétiquette »

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *