Le Conseil consultatif du Yukon sur la sécurité de l’Arctique dépose son rapport

Si le Yukon n’a pas à craindre de menaces étrangères, il est important pour le territoire de se préparer et de s’assurer que les infrastructures soient adéquates afin de pouvoir réagir s’il advenait quelque chose, conclut le Conseil consultatif yukonnais sur la sécurité de l’Arctique.
Nous ne savons tout simplement pas ce qui peut arriver au final, lance le président du conseil, Ken Coates, qui se veut cependant rassurant. Selon lui, les Yukonnais n’ont pas à avoir peur, et il s’agit seulement de prendre la question de la sécurité au sérieux et de planifier les investissements.
Avec la réélection de Donald Trump à la tête des États-Unis, le plus proche allié du Canada, Ken Coates croit que la pression sera d’autant plus forte à Ottawa pour que le pays dépense 2 % de son PIB dans la défense militaire. C’est ce que font d’ailleurs la majorité des 32 pays de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN).
En avril, le gouvernement fédéral avait également annoncé une série d’investissements totalisant près de 73 milliards de dollars sur 20 ans pour augmenter la présence des Forces armées canadiennes (FAC) dans l’Arctique.
Je pense qu’il y a du potentiel pour plus d’investissements dans le Nord à partir de maintenant, souligne le premier ministre du Yukon, Ranj Pillai.
« Le Yukon doit donc avoir une place à la table des discussions pour faire valoir l’importance du territoire et les besoins d’investissements », ajoute de son côté Ken Coates.
Le rapport note plusieurs secteurs qui gagneraient à être améliorés, notamment celui des routes et des télécommunications. Ce pas en avant aiderait le territoire, aussi bien dans le cas de catastrophes naturelles que dans le cas d’une menace extérieure.
Le Nord canadien n’est pas sans défense, mais il n’est pas bien préparé aux réalités stratégiques du XXIe siècle, affirme le rapport du Conseil consultatif du Yukon sur la sécurité de l’Arctique.
Tout au long de la conférence de presse, l’exemple de l’engin volant abattu au-dessus du Yukon, en février 2023, a été évoqué. Cet événement semble avoir agi comme élément déclencheur, poussant le territoire à revoir sa stratégie de défense en cas d’attaque.
Le premier ministre indique que l’incident a mis en lumière les lacunes des communications avec le fédéral, les communautés et les Américains.
Se présenter à Ottawa avec un plan
Plusieurs recommandations préconisées par le rapport touchent à des responsabilités qui relèvent du gouvernement fédéral. Il y a notamment l’idée d’établir une base militaire avec une unité de réserve à Whitehorse, ou encore d’accroître la collaboration avec l’Alaska pour les infrastructures de défense.
Nous ne recommandons rien qui entre en compétition avec les procédures du gouvernement canadien. Nous respectons le rôle du gouvernement et le rôle du système de défense. Ce n’est pas une critique, ça se veut constructif, dit Ken Coates.
Le rapport sera présenté à Ottawa en décembre lors de la rencontre de la délégation yukonnaise, composée des membres du Cabinet du gouvernement du Yukon et des chefs des Premières Nations, avec les ministres fédéraux.
Ce rapport sera utilisé par notre gouvernement pour aborder les enjeux complexes autour de la souveraineté de l’Arctique, de la sécurité du Nord et de la sécurité publique, pour nous aider à interagir proactivement avec nos homologues au fédéral et à l’international, explique Ranj Pillai.
Pas sans les Premières Nations
Le rapport du Conseil consultatif sur la sécurité de l’Arctique parle également de la contribution possible du Yukon en matière d’approvisionnement en minéraux critiques pour le pays.
La cheffe de la Première Nation Vuntut Gwitchin et membre du conseil consultatif, Pauline Frost, indique toutefois que ces discussions devront se faire en collaboration avec les Premières Nations du territoire, comme pour toutes les discussions concernant la sécurité du Nord.
Le premier ministre du Yukon ne se présentera pas à Ottawa pour défendre les intérêts du Yukon sans les 11 Premières Nations autonomes parce que nous contrôlons le territoire, les ressources et l’eau, mentionne-t-elle.
Tout projet de développement minier dans le but d’extraire des minéraux critiques devra passer par l’Office d’évaluation environnementale et socio-économique du Yukon, comme prévu dans l’Accord-cadre définitif.
Si vous voulez prendre quoi que ce soit de nos territoires traditionnels concernant les minéraux, ce ne sera pas sans nous, assure la cheffe Pauline Frost.
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