Les Vuntut Gwitchin saluent un vote américain pour une réserve faunique
Jeudi, la Chambre des représentants a adopté la loi Reconstruire en mieux (Build Back Better) qui restaure les protections dans la Réserve faunique nationale de l’Arctique (ANWR). L’administration Trump avait tenté de vendre des baux pour des secteurs de la Réserve à l’industrie pétrolière.
« Une nouvelle incroyable! » Vendredi, lors d’une conférence de presse, c’est par ces mots que le chef du gouvernement vuntut gwitchin, Dana Tizya-Tramm, a accueilli le résultat du vote américain, qui vient donner un peu plus raison à la Première Nation engagée dans un combat qui s’est intensifié depuis quatre ans.
« Aujourd’hui, ce n’est pas seulement un très gros succès pour la nation Gwitchin, mais pour la vérité de nos environnements arctiques, pour l’avenir de nos enfants […] Les principes qui ont guidé notre nation, les Gwitchin, sont maintenant également reconnus par l’Amérique du Nord en général. »
Depuis de nombreuses années, la Première Nation et ses alliés affirment que le fait d’ouvrir la plaine côtière de l’ANWR au forage serait une catastrophe pour l’environnement et la survie de la harde de caribous de Porcupine, dont dépendent les Autochtones de la région.
La loi adoptée par la Chambre des représentants jeudi annule tous les baux distribués jusqu’à présent et prévoit rembourser les paiements déjà effectués pour acquérir ces parcelles dans un délai de 30 jours.
Pour le chef Tizya-Tramm, cette décision vient confirmer que le programme mis en place par la Loi sur les réductions d’impôts et sur la création d’emplois de 2017 (Tax Cuts and Jobs Act) était impopulaire, tant auprès du public que des investisseurs.
De nombreuses banques ont annoncé au courant de l’année qu’elles ne financeraient pas de nouveaux projets de forage dans la région, ce qui avait refroidi les ardeurs de l’administration Trump.
« La première vente de baux dans le refuge arctique, au début de cette année, en janvier 2021, n’a généré que 12 millions de dollars, soit 1 % des recettes prévues, ce qui constitue un échec total. »
Ce vote vient aussi consacrer le travail de collaboration entre les États-Unis et le Canada, se félicite l’élu autochtone.
Un vote au Sénat très attendu
Toutefois, le combat ne s’arrête pas là pour les Vuntut Gwitchtin et pour leurs partisans. La loi doit encore être adoptée à la majorité lors de son passage devant le Sénat américain. Le vote devrait vraisemblablement y avoir lieu avant la fin de l’année.
Le vote du Sénat, s’il va dans le sens que l’espèrent les Gwitchin, viendra définitivement protéger l’ANWR. Si les choses ne se passent pas comme prévu, Dana Tizya-Tramm rappelle que la deuxième vague de vente de baux doit être tenue, selon la loi, en 2024. De quoi annuler la bonne nouvelle des derniers jours.
Selon lui, le travail continue donc, même s’il est rendu plus difficile par la pandémie. Dana Tizya-Tramm affirme qu’avant mars 2020 sa délégation avait l’habitude de se rendre à Washington pour discuter avec les sénateurs et leur équipe dans le but de « les informer ». Des contacts en face à face qui, selon lui, peuvent vraiment changer la donne.
Malgré les obstacles, il n’oublie pas ses priorités. « Nous avons besoin que les 50 démocrates votent en notre faveur au Sénat et il y a quelques personnes aux voix dissidentes que nous devons sensibiliser et influencer. »