La COP29 rappelle l’importance de la sécurité de l’eau
Un texte de Camille Vernet
Les changements climatiques bouleversent le cycle de l’eau sur la Terre et entraînent sécheresses, inondations et phénomènes météorologiques extrêmes. Si le dossier de l’eau est de plus en plus abordé à la COP29, en Azerbaïdjan, des experts estiment que les mesures de protection concrètes de cette ressource ne suivent pas.
L’eau est partout. Elle soutient tout système, nature ou économie, explique Anna Dupont, analyste politique principale à l’OCDE, une organisation internationale européenne de développement économique, où elle dirige le secrétariat de la Commission mondiale sur l’économie de l’eau.
« C’est une aberration d’imaginer qu’on parle de changement climatique sans réfléchir à l’eau », affirme-t-elle.
L’eau, un levier pour l’action climatique
Anna Dupont souligne l’importance de l’eau dite verte, stockée dans le sol et la biomasse, pour la capture du carbone. Une étude publiée dans Nature en 2021 montre que l’assèchement des sols réduit considérablement cette capacité.
Les activités humaines, comme la déforestation, mettraient en péril ces services écologiques essentiels.
Il faut vraiment donner une valeur aux services économiques, sociaux et environnementaux que donne l’eau, indique-t-elle, rappelant leur rôle central dans la transition écologique.
Dani Gaillard-Picher, conseillère principale pour les processus et politiques mondiaux au Stockholm International Water Institute, souligne que les énergies vertes elles-mêmes dépendent de l’eau.
Dans l’Accord de Paris, il n’y a pas le mot eau qui apparaît, déplore-t-elle. L’organisation qu’elle représente à la COP29 milite pour inscrire l’eau comme priorité dans la lutte contre les changements climatiques.
Depuis la COP27, l’eau commence à être reconnue comme un enjeu climatique. «À la fin de la COP, nous espérons une déclaration volontaire soutenue par plusieurs pays pour affirmer que l’eau est une priorité», lance Dani Gaillard-Picher.
Une ressource en péril
D’après un rapport publié en octobre par la Commission mondiale sur l’économie de l’eau, la moitié de la population mondiale fait déjà face à des pénuries d’eau. Cette situation risque de s’aggraver à mesure que la crise climatique s’intensifie.
Si le changement climatique est un requin, l’eau en est les dents. C’est là que la douleur se fait sentir, note Zafar Adeel, professeur à l’Université Simon Fraser et directeur général du Centre de recherche sur l’eau du Pacifique.
Avec 20 % des ressources mondiales en eau douce, le Canada pourrait jouer un rôle clé.
Pourtant, le pays n’a pas encore assumé ce leadership sur le plan international, affirme le spécialiste.
Des solutions existent : une meilleure gestion des ressources à l’échelle provinciale et municipale, et le renforcement du dialogue sur le plan national. L’Agence canadienne de l’eau, qui a été mise sur pied en octobre, représente un premier pas dans cette direction, selon Zafar Adeel.
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