Un nouveau rapport illustre le réchauffement de l’Alaska

Un bateau enneigé est chaviré au quai en janvier 2024.
La quantité de neige exceptionnelle tombée en janvier 2024 sur Juneau, en Alaska, a fait chavirer près d’une dizaine de bateaux dans le port d’Auke Bay. (Photo d’archives/Matthew Creswell)

Pour illustrer le réchauffement du climat et ses répercussions sur la vie des Alaskiens, le Centre pour l’évaluation du climat et des politiques de l’Alaska vient de publier un rapport très visuel montrant, entre autres, une hausse des événements climatiques extrêmes.

Une image vaut mille mots, et ce rapport en est la preuve. Alaska’s Changing Environment 2.0 contient plus d’une trentaine de graphiques montrant la façon dont les changements du climat observés au cours des cinq dernières années modifient le territoire.

Fruit de la collaboration entre Rick Thoman, spécialiste du climat de l’Arctique, de Heather McFarland, spécialiste en communication scientifique, ainsi que d’une quarantaine d’experts, ce rapport se veut un outil facile à consulter.

Ce n’est pas censé être une publication technique. C’est censé être quelque chose que n’importe qui qui s’intéresse aux changements à l’environnement de l’Alaska peut prendre et comprendre, explique Rick Thoman, de l’Université de l’Alaska Fairbanks.

Comme l’indique le 2.0 dans son nom, c’est la deuxième fois que le Centre pour l’évaluation du climat et des politiques de l’Alaska se livre à l’exercice d’illustrer ces changements.

Rick Thoman tient une pelle dehors dans la neige, à Fairbanks en 2024.
Rick Thoman est l’un des codirecteurs de publication du rapport « Alaska’s Changing Environment 2.0 « et est un expert du climat au Centre d’évaluation du climat et des politiques de l’Alaska. (Photo : Rick Thoman)

Davantage d’événements extrêmes

Dans cette édition, le lecteur peut vite comprendre l’augmentation et l’intensité des événements climatiques de 2019 à aujourd’hui.

Les experts ont noté un nombre beaucoup plus élevé de ces événements, comme des inondations côtières, des glissements de terrain meurtriers dus à des précipitations extrêmes ou de grandes chutes de neige liées directement au réchauffement des océans.

On a voulu élargir la perspective pour les Alaskiens. Non seulement ils peuvent voir que ces événements extrêmes surviennent ailleurs [en Alaska], mais nous espérons que ce rapport incitera les gens à mieux se préparer pour le futur, dit Rick Thoman.

Les experts se sont penchés sur les précipitations, les tempêtes et les inondations, mais aussi sur le pergélisol, le saumon, les glaciers, les mammifères et les feux de forêt. La perspective des Premières Nations sur ces changements a aussi été recueillie.

On a ajouté les perspectives des communautés autochtones, des gens qui vivent sur le territoire, poursuit Rick Thoman.

Outre l’aspect informatif, les auteurs espèrent que ce rapport influencera les décideurs politiques. [Il] servira de munition pour les décideurs […] qui auront quelque chose entre les mains qui montre comment les choses changent en Alaska et pourquoi c’est important pour les gens.

Espérons que, si cela est compris par ceux qui prennent des décisions, ils vont commencer à agir.

Similarités avec le Yukon

De l’autre côté de la frontière, Fabrice Calmels, directeur de recherche sur le pergélisol et les géosciences à l’Université du Yukon, remarque que les changements observés en Alaska le sont aussi du côté du Yukon, même si le climat y est semi-aride.

Ce qui a été observé au Yukon, c’est que, en comparaison avec les périodes des années 1960, on a gagné à peu près 3 °C dans les températures moyennes atmosphériques annuelles.

Tout comme en Alaska, les précipitations augmentent au Yukon, ajoute le chercheur.

Avec son équipe, Fabrice Calmels travaille sur des projets de recherche appliquée visant à trouver et proposer des solutions d’adaptation aux changements climatiques, plus particulièrement le dégel du pergélisol.

Fabrice Calmels, le 19 juillet 2023.
Fabrice Calmels, chercheur et directeur de la chaire de recherche sur le pergélisol et les géosciences de l’Université du Yukon. (Photo : Cheryl Kawaja/CBC)

On fait des études de vulnérabilité sur des sites, comme des routes, parfois sur des endroits où il y a des infrastructures, comme des écoles, ou bien on fait aussi des cartographies pour aider les communautés du Yukon à se développer, explique-t-il.

Pour lui, un rapport comme celui sur l’Alaska donne des arguments pour aller chercher des subventions essentielles pour financer les travaux d’adaptation et d’atténuation.

De l’importance des études

La stabilisation de sections de la route de l’Alaska qui se dégradent rapidement, l’un des projets sur lequel son équipe travaille, est subventionnée par Transports Canada.

C’est sûr que n’importe quelle étude qui va mettre en avant les effets des changements climatiques sur les populations nous donne des arguments pour aller chercher des subventions et essayer de résoudre les difficultés causées par ces changements sur les populations nordiques, dit-il.

Il ajoute que, lorsque ces rapports posent un regard plus local ou régional, les solutions proposées sont mieux adaptées aux régions. Le Nord canadien, un marqueur identitaire, a aussi besoin de faire connaître sa réalité auprès du reste du pays.

Rick Thoman et son équipe ont indéniablement remarqué l’utilité de leur rapport. La journée de son lancement, le 3 décembre, il a été consulté près de 1000 fois.

Il y a certainement un besoin pour ce genre d’information, présentée sous ce format, abordant différents sujets, dont l’adaptation et l’atténuation, alors que nous devons nous y retrouver dans ce monde [changeant], dit-il.

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