Le dégel du pergélisol, une triple menace, selon des études

Le pergélisol est en proie au dégel à divers endroits nordiques, dont en Alaska. (Mark Ralston / Getty Images)

Le dégel du pergélisol en Arctique, qui pourrait libérer des quantités phénoménales de gaz à effet de serre, menace des infrastructures locales et plus largement la planète, selon des études publiées cette semaine dans Nature.

Le pergélisol, un sol restant gelé plus de deux années d’affilée, couvre 30 millions de kilomètres carrés sur la planète, dont environ la moitié en Arctique. Il contient le double du CO2 présent dans l’atmosphère et le triple de ce qui a été émis par les activités humaines depuis 1850.

Les températures en Arctique augmentent beaucoup plus rapidement que dans le reste du monde sous l’effet du réchauffement climatique, de 2 °C à 3 °C par rapport aux niveaux préindustriels. La région a aussi enregistré une série d’anomalies météorologiques.

Le pergélisol lui-même a connu une hausse de température de 0,4 °C en moyenne entre 2007 et 2016, « soulevant des inquiétudes à propos du rythme rapide de dégel et du potentiel de libération de carbone », relève une étude dirigée par Kimberley Miner, chercheuse au centre de recherche spatiale JPL de la NASA.

Leur étude table sur la perte d’environ 4 millions de kilomètres carrés de pergélisol d’ici 2100, même si le réchauffement climatique est contenu.

Les incendies jouent aussi un rôle, souligne l’étude. Ces feux incontrôlés pourraient augmenter de 130 % à 350 % d’ici le milieu du siècle, libérant toujours plus de carbone du pergélisol.

Infrastructures en danger

Une menace plus immédiate pèse sur près de 70 % des routes, gazoducs, oléoducs, villes et usines bâtis sur le pergélisol, selon une autre étude dirigée par Jan Hjort, chercheur à l’Université d’Oulu en Finlande. La Russie est particulièrement menacée.

Près de la moitié des champs pétroliers et gaziers situés dans l’Arctique russe se trouve dans des zones à risque à cause du pergélisol.

En 2020, un réservoir de carburant s’est brisé quand ses fondations se sont soudainement enfoncées dans le sol près de Norilsk en Sibérie. L’incident avait déversé 21 000 tonnes de gazole dans les rivières voisines.

En Amérique du Nord, la menace pèse sur des routes et des oléoducs également.

Si la science sur le pergélisol progresse, certaines questions restent ouvertes, notamment sur les volumes de carbone à être relâchés.

« Les dynamiques du pergélisol ne sont souvent pas incluses dans les modèles du système Terre », ce qui signifie que l’impact potentiel sur le réchauffement climatique n’est pas pris en compte de manière adéquate, soulignent Kimberley Miner et ses collègues.

On ignore aussi si le dégel va déboucher sur une région Arctique plus verte, où les plantes pourront absorber du CO2 libéré, ou au contraire sur une région plus sèche, avec une intensification des incendies.

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