Le Canada et les États-Unis investissent dans un projet minier au Yukon
Le Canada et les États-Unis ont annoncé un investissement conjoint pour financer la construction d’infrastructures nécessaires à l’exploitation de la mine de tungstène Mactung, située à la frontière entre le Yukon et les Territoires du Nord-Ouest.
Le gisement de tungstène, l’un des plus importants du monde, se trouve sur le territoire traditionnel des Premières Nations Kaska et Na-Cho Nyäk Dun.
L’investissement, qui représente 12,9 millions de dollars d’Ottawa et 22,1 millions de Washington, servira principalement à l’amélioration d’environ 250 kilomètres de route, à la modernisation d’une ligne de transport d’électricité entre Faro et Ross River et à la construction d’une ligne de transport entre Ross River et le site de Macmillan Pass, peut-on lire dans un communiqué.
Le financement canadien provient directement du Fonds pour l’infrastructure des minéraux critiques et sera entièrement octroyé à l’entreprise minière Fireweed Metals. La compagnie avait acheté la mine au gouvernement ténois en 2022 après que celui-ci eut racheté le projet en 2015, lors de la faillite de ce qui était alors la mine Cantung.
Fireweed Metals possède dorénavant à la fois la mine Mactung et le projet adjacent, la Macpass, où elle a commencé à faire de l’exploration minière en 2017.
C’est à la frontière de Macpass, c’est ce qui nous a attirés en premier, explique le PDG Peter Hemstead. Mais, plus on s’y intéressait, plus on comprenait la dynamique mondiale autour du tungstène, et plus nous désirions l’acquérir.
Le tungstène est particulièrement lourd, dur et résistant à la chaleur, ce qui en fait un matériau de choix pour une variété de munitions. C’est une ressource convoitée par les États-Unis, d’autant plus que le pays a des relations diplomatiques pour le moins tendues avec la Chine, le plus grand producteur de tungstène.
Les États-Unis sont dépendants des sources de tungstène ailleurs dans le monde. Le fait d’avoir une réserve en Amérique du Nord réduirait l’un de nos plus grands risques en termes de matériau, indique Laura Taylor-Kale, secrétaire adjointe de la défense des politiques industrielles au département américain de la Défense, qui qualifie le tungstène d’essentiel à la défense nationale.
Des « questions éthiques »
« La Première Nation Na-Cho Nyäk Dun est moralement opposée à la production d’armes », souligne la responsable de la mise en œuvre de la gouvernance de la Première Nation, Adrienne Hill.
Le lien entre la mine et la production de missiles soulève plusieurs questions éthiques concernant le soutien à des industries qui sont liées aux conflits et à la violence, dit-elle.
Elle ajoute que le Canada et les États-Unis doivent s’harmoniser avec les objectifs de désarmement mis en place par la Commission du désarmement de l’Organisation des Nations unies.
Lorsque le processus de consultation commencera, la Première Nation s’assurera de travailler avec le Canada et les États-Unis pour collaborer et militer activement pour des objectifs de désarmement, assure-t-elle.
Le projet de la minière Fireweed a été soumis à l’Office d’évaluation environnementale et socioéconomique du Yukon.
Un projet important, selon Ranj Pillai
Ce n’est pas seulement important pour le Yukon, dit Ranj Pillai, le premier ministre du Yukon. C’est aussi à la frontière avec les T.N.-O. C’est extrêmement important pour les communautés autochtones de pouvoir s’allier avec la compagnie sur ce projet.
« Je pense que c’est incroyablement important pour l’Amérique du Nord, du point de vue de la sécurité et de la défense », déclare-t-il.
Selon lui, il y aurait assez de tungstène dans le gisement pour fournir le département de la Défense américaine durant les 50 prochaines années.
D’après les informations de Caitrin Pilkington
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