De l’art et des artéfacts sous le même toit aux T.N.-O.

(Radio-Canada / Jocelyn Shepel)
Aux Territoires du Nord-Ouest (T.N.-O.), c’est au Centre du patrimoine septentrional Prince-de-Galles, à Yellowknife, que sont entreposés et préservés près de 70 000 artéfacts et œuvres d’art qui racontent l’histoire du territoire.
L’espace, à la lumière et à l’humidité contrôlées, est rempli du sol au plafond de tiroirs, d’étagères roulantes et de pièces faisant partie de plusieurs collections.
Des objets d’art comme des toiles côtoient des pièces de vêtements traditionnels et des collections archéologiques. Ces archives sont précieusement conservées par Rose Scott, la conservatrice principale, et Susan Irving, la gestionnaire des collections.
« La plupart de nos collections ne sont pas dans nos salles d’exposition, elles sont ici », dit Susan Irving.
Cette pièce spécialisée à l’environnement contrôlé préserve des objets organiques dans des conditions relativement stables, comme l’écorce d’arbre, les canots, tout ce qui est fait en bois, les objets d’art qui réagiraient à l’humidité, ajoute-t-elle.
C’est aussi au Centre du patrimoine septentrional Prince-de-Galles que sont gardés tous les objets archéologiques trouvés aux T.N.-O.
« Nous sommes le dépôt officiel pour l’archéologie, alors nous devons tout prendre. […] On en reçoit régulièrement quand des fouilles sont effectuées pour des projets industriels, comme le prolongement d’une piste d’aéroport ou la construction d’une route ou d’une mine de diamant « »», explique Rose Scott.

(Radio-Canada / Jocelyn Shepel)
Retourner les objets aux T.N.-O.
Avec cet afflux de pièces, les collections du centre sont toujours plus nombreuses. Beaucoup de ces objets d’art sont des pièces originaires des T.N.-O. qui font un retour à la maison grâce à des dons provenant d’un peu partout dans le monde.
« On reçoit des appels du genre : « Mon grand-père a vécu aux T.N.-O. en 1900, et je voudrais retourner ce qu’il a collectionné au fil du temps » », raconte Susan Irving.
On ne sait jamais ce qu’un coup de fil va nous apporter!
Susan Irving, gestionnaire des collections du Centre du patrimoine septentrional Prince-de-Galles
La gestionnaire des collections dit que c’est une belle façon de se réapproprier l’histoire du territoire. Les gens ont des histoires associées à ces objets et ils veulent vraiment qu’ils soient retournés d’où ils viennent. C’est très beau et très touchant, dit Susan Irving.
Susan Irving montre, par exemple, une cantonnière, un revêtement de fenêtre de style victorien, qui a été rendue par une famille de la Californie. L’objet délicat protégé par une enveloppe de plastique est composé de perles et de broderies illustrant des narcisses et des pensées. Il a vraisemblablement été conçu vers 1914, à Tulita, estiment les expertes.
« Ces fleurs […] ne sont pas le genre de celles que les gens auraient pu voir à Tulita en 1914, sauf peut-être dans les magazines qui arrivaient au moment de la livraison annuelle par barge », dit Susan Irving.
Préserver une pièce à la fois
L’essentiel du travail de Rose Scott est de déterminer la meilleure façon de préserver ces objets rares pour en assurer la longévité.
Ces méthodes peuvent être la congélation, pour tuer les organismes nuisibles comme la teigne des vêtements, ou pour les protéger de la chaleur.
On reçoit des objets provenant du Sud qui ont peut-être été infestés. […] On a un processus de nettoyage et d’examen, et on va les isoler avant de les mettre avec le reste des collections. Parfois, par précaution, on va les laisser emballés dans du plastique.
Rose Scott, conservatrice principale du Centre du patrimoine septentrional Prince-de-Galles
Les œuvres d’art vont passer par son laboratoire pour faire peau neuve. Les vieux cadres sont enlevés, et remplacés par une vitre anti-UV. Je veux m’assurer que ces peintures sont protégées pour leur entreposage et prêtes à être exposées dans le futur, ajoute Rose Scott.
Rendre cet art accessible
Bien que ces objets soient à l’écart des salles d’exposition, ils sont accessibles au public.
Les gens croient parfois que tout ce qu’il y a à voir dans un musée fait partie d’une exposition et que le reste n’est pas accessible, dit Rose Scott.
« Nous recevons beaucoup de visiteurs différents qui viennent voir les collections, comme des chercheurs venant des communautés qui étudient les vêtements, ou alors des chercheurs scientifiques qui veulent créer des expositions ou acquérir des connaissances dans le cadre d’études postdoctorales », poursuit-elle.
Parfois, des particuliers veulent revoir un objet qui a appartenu à leur famille. C’est le cas d’un canot fait d’écorces d’épinette de Fort Liard, qu’un membre de la famille demande à voir régulièrement.
« Quand ces gens viennent voir les collections […], on partage beaucoup d’histoires [sur ces objets]. Ce sont de très beaux moments vécus par ces gens, et nous sommes choyés de pouvoir être dans la pièce [avec eux]. Cela nous enrichit tous. De donner l’accès [à ces collections], c’est très important », dit la conservatrice.
Pour les curieux et les passionnés d’art qui n’ont pas la possibilité de se rendre au centre, une partie des collections ont été photographiées et peuvent être consultées en ligne sur le site du Centre du patrimoine septentrional Prince-de-Galles.
L’équipe de conservation du centre compte rendre toutes les collections accessibles en ligne d’ici quelques années.
Avec les informations de Jocelyn Shepel
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