Au Canada, des masques autochtones prennent le chemin du musée
Les couvre-visages peuvent être de véritables œuvres d’art. En octobre, 45 masques faisant partie de la collection « Breathe. Collection » pourront être admirés au Whyte Museum of the Canadian Rockies, à Banff, en Alberta.
Le masque Delta Rose, d’Eliza Firth, fait partie des masques sélectionnés parmi ceux de centaines de candidats.
Créé au tout début de la pandémie de COVID-19 sur Facebook, le projet Breathe. Collection est l’idée de deux femmes métis, Lisa Shepherd et Nathalie Bertin, originaires respectivement de l’Ontario et de la Colombie-Britannique.
À travers ce groupe Facebook, les organisatrices ont incité les artistes autochtones et non autochtones à utiliser leur technique de perlage et leurs compétences en artisanat pour créer un masque qui n’était pas nécessairement destiné à être porté en tant que protection individuelle.
La réponse a été telle que le groupe a reçu des soumissions des quatre coins de la planète et a pu afficher des milliers de masques créés par ses membres.
Les organisatrices ont par la suite été inondées d’appels de la part de galeries d’art et d’acheteurs potentiels en provenance d’Amérique du Nord. Elles ont donc eu l’idée de préparer une véritable exposition et ont fait un appel de candidatures.
Au total, 45 masques venus des différentes provinces et territoires et sélectionnés par un jury n’incluant pas les organisatrices ont été envoyés au Whyte Museum of the Canadian Rockies, à Banff, où ils seront exposés jusqu’en février.
De la peau de phoque et des défenses de morse
Christina King, originaire de Tuktoyaktuk, dans les Territoires du Nord-Ouest, a pour sa part vu deux de ses masques être sélectionnés pour l’exposition.
Cette habitante de Prince George, en Colombie-Britannique, a utilisé de la peau de phoque, des défenses de morse et des éléments de design inuvialuit comme des motifs géométriques rouges et blancs.
Mme King, qui est d’origine inuvialuit, a nommé ses masques « Inuvialuit Fortitude ». Son design représente « la force et la résilience des Inuvialuit » puisque la moitié de cette population a été décimée à cause de la grippe espagnole il y a plus de 100 ans.
De de son côté, Nathalie Bertin soutient que plusieurs musées et galeries se sont montrés intéressés par la collection, qui pourrait être exposée en divers endroits pendant environ trois ans.
Faire de la beauté durant une pandémie
Bien qu’Eliza Firth ait soumis son masque au groupe sur Facebook, elle a tout de même eu besoin d’un petit coup de pouce pour soumettre son œuvre pour l’exposition.
Un ami photographe professionnel a pris les photos de son masque et lui a donné un coup de main pour soumettre sa candidature.
Eliza Firth a trouvé l’inspiration pour son masque Delta Rose en pensant à tous les gens qui, dans le passé, ont été en isolement et à l’hôpital. Son amour des roses y est aussi pour quelque chose.
Les roses et les tiges du masque sont brodées et une touffe de fourrure de caribou est placée au centre de ses fleurs. Elle a ajouté des perles rouges, jaunes et noires mélangées avec des piquants de porc-épic pour représenter la population mondiale, « puisque cette pandémie a frappé tout le monde et pas seulement une culture. »
« Je veux montrer aux gens ce que les artistes peuvent continuer à produire, même pendant une grave pandémie », soutient-elle.
Mme Firth espère un jour rencontrer les autres femmes dont les masques ont été sélectionnés et, peut-être, visiter l’exposition lorsque la pandémie sera terminée.
D’après un texte de Mackenzie Scott, CBC News.