Incertitude sur la sécurité dans l’Arctique après la démission de Justin Trudeau

Washington est toujours en désaccord avec la revendication canadienne sur l’espace maritime du passage du Nord-Ouest. (Photo d’archives)
(The washington Post via Getty im / Getty)

La récente démission de Justin Trudeau et les menaces répétées du président élu Donald Trump soulèvent des craintes concernant la sécurité dans l’Arctique canadien. Certains s’inquiètent d’un manque de direction claire à Ottawa dans les prochains mois.

« Nous sommes dans la période la plus troublée que nous puissions imaginer en termes de sécurité », lance d’emblée le président du Conseil consultatif sur la sécurité dans l’Arctique du Yukon, Ken Coates.

Selon lui, la décision de Justin Trudeau ne pouvait pas arriver au pire moment dans le contexte géopolitique, notamment avec le retour de Donald Trump au pouvoir et les relations internationales qui se dégradent.

« Nous avons au même moment ce président américain qui arrive et qui est très affirmé, très exigeant et très en colère contre le Canada pour son financement insuffisant dans la défense », souligne-t-il, ajoutant que les relations avec les États-Unis risquent de représenter « 95 % des préoccupations dans les deux prochains mois. »

Professeur au département de géographie de l’Université Laval et directeur du conseil québécois de géopolitique, Frédéric Lasserre rappelle que les désaccords entre les États-Unis et le Canada sur l’Arctique ne datent pas d’hier.

« Sur le fond, il n’y a rien de nouveau. On sait très bien que Washington n’est pas d’accord avec la revendication canadienne sur le passage du Nord-Ouest. On sait aussi depuis les années 70 qu’il y a ces différends frontaliers maritimes en mer de Beaufort », évoque-t-il.

C’est l’intensité avec laquelle Washington va souligner ces désaccords. Est-ce qu’ils vont exercer une forte pression sur le Canada, prendre des mesures de représailles parce qu’ils ne sont pas d’accord pour essayer d’amener le Canada à changer sa position? C’est là où réside l’incertitude.

Frédéric Lasserre, professeur au département de géographie de l’Université Laval

« C’est important pour le Nord de savoir qui mène le pays, particulièrement quand on regarde la pression qui est mise par les États-Unis et l’OTAN pour que le Canada augmente ses investissements en défense et sa souveraineté dans l’Arctique », renchérit l’ancien sénateur du Nunavut, Dennis Patterson.

Le président désigné des États-Unis, Donald Trump, a affirmé mardi qu’il envisageait d’utiliser la « force économique » contre le Canada. (Photo d’archives)
(La Presse canadienne / Sean Kilpatrick)

Le député fédéral du Yukon, Brendan Hanley, se veut au contraire plus rassurant. Il assure que ces enjeux sont bien compris à Ottawa et que cette priorité ne disparaîtra pas avec l’arrivée d’un nouveau chef.

« Je pense que peu importe qui ressortira comme leader, ce sont des engagements et des valeurs qui sont solides, alors je ne suis pas vraiment inquiet à l’idée de perdre l’initiative », soutient-il.

Même son de cloche du côté du gouvernement territorial, qui demeure confiant concernant l’engagement du fédéral à assurer la sécurité du Nord. Il évoque le financement d’Ottawa pour deux études de faisabilité, une concernant la présence d’une réserve navale à Whitehorse et l’autre portant sur la création d’un Institut canadien sur la sécurité dans l’Arctique.

Miser sur d’autres voix

Pour Ken Coates, s’il n’est pas possible de trouver une voix forte à Ottawa, la responsabilité incombera alors aux territoires et aux communautés autochtones de tisser des liens internationaux et de mettre de l’avant les enjeux du Nord.

« Le Conseil circumpolaire inuit et le Conseil arctique Athabaskan sont remarquables et très actifs à l’international […] ils ont des leaders qui sont crédibles et qui expriment très clairement les besoins de l’Arctique », donne-t-il à titre d’exemple.

Il se réjouit d’ailleurs des rapprochements entre l’Alaska et le Yukon réalisés au cours des derniers mois et espère voir une collaboration encore plus importante se former entre les deux voisins.

« Je pense que c’est l’une des bonnes choses qui est ressortie. Nous avons un meilleur partenariat avec l’Alaska parce que notre relation avec le Canada et la défense internationale s’est affaiblie », dit-il.

« On peut très bien essayer de compenser un peu la dégradation des relations au niveau des gouvernements fédéraux par une amélioration des relations au niveau des communautés ou des territoires », convient le professeur Frédéric Lasserre.

« Ce que je crains, c’est que même si les communautés ou le gouverneur de l’Alaska dit à son président « on pense que ce n’est pas une très bonne idée au niveau local », ça ne va pas nécessairement influencer les décisions politiques qui sont prises à Washington », souligne-t-il toutefois.

Avec des informations de TJ Dhir

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