Une étude craint une « extinction non documentée » des saumons

Des saumons dans un bassin.
Un nouveau rapport de la Fondation du saumon du Pacifique indique que, dans l’ensemble, les données disponibles sur les espèces de saumon dans la région sont lacunaires. (Photo d’archives/Radio-Canada/Claudiane Samson)

Selon une étude, le manque de données cruciales sur les vastes bassins hydrographiques de la région englobant la Colombie-Britannique, l’Alaska et le Yukon risque d’entraîner une « extinction non documentée » de certains saumons.

L’étude (en anglais), réalisée par la Fondation du saumon du Pacifique (PSF), porte sur les bassins fluviaux d’une région s’étendant sur environ 110 000 kilomètres carrés, soit plus de trois fois la superficie de l’île de Vancouver.

Les espèces clés de cette région font l’objet d’une grande méconnaissance, comme l’indique Stephanie Peacock, l’autrice principale de l’étude.

En réalité, nous savons très peu de choses sur la plupart des saumons de la région transfrontalière septentrionale parce que la surveillance a eu tendance à se concentrer sur les stocks économiquement importants, affirme-t-elle.

Les données de surveillance sur le saumon quinnat et le saumon rouge se limitent aux principaux bassins, notamment les rivières Alsek et Taku.

Le saumon rose, le saumon kéta et la truite arc-en-ciel sont également présents dans la région, qui est si intacte sur le plan écologique que l’étude la qualifie de bastion du saumon.

Stephanie Peacock note également que la surveillance de ces espèces est faible, voire inexistante.

Pour certains saumons, comme ceux qui frayent dans la rivière Blanchard, située près de la frontière entre la Colombie-Britannique et le Yukon, le long de la route Haines, il n’y a aucune étude. Cela signifie que l’on ne connaît pas le statut de ces poissons.

La chercheuse explique ce problème par la façon dont les poissons sont gérés dans le cadre du Traité sur le saumon du Pacifique, qui se concentre en général sur le comptage du nombre de poissons nageant dans les grandes rivières.

Ce traité a été signé par le Canada et les États-Unis en 1985 dans le but de gérer et de conserver les stocks de saumon du Pacifique de manière coopérative.

Selon Stephanie Peacock, le système, tel qu’il est conçu, ne tient pas compte de certaines choses. La surveillance dans cette région ne tient pas compte de la biodiversité , affirme-t-elle.

Des aspects à prendre en compte

Les saumons ne sont pas homogènes, ajoute-t-elle, en prenant l’exemple du saumon rouge.

Des membres de cette espèce préfèrent frayer dans les rivières, tandis que d’autres le font dans les lacs.

Stephanie Peacock souligne qu’il faut tenir compte de ces aspects, ainsi que de l’âge et de la taille des poissons.

Sans ces informations essentielles, la conservation des poissons restera un grand point d’interrogation.

Si nous n’effectuons pas de suivi pour essayer de comprendre comment ces divers groupes se portent, nous courons le risque qu’ils soient en déclin, voire qu’ils disparaissent, sans même que nous le sachions.

Que suggèrent les recherches?

D’une manière générale, l’étude montre que les saumons de la région connaissent une baisse par rapport aux décennies précédentes.

Par exemple, à l’instar de leurs cousins du fleuve Yukon, les effectifs du saumon quinnat dans la région ont connu une chute brutale depuis 2000 environ.

Mais lorsque les chercheurs ont creusé un peu plus dans les données disponibles et évalué la biodiversité du saumon, ils ont trouvé quelques points positifs. Par exemple, la surveillance de la rivière Klukshu, dont la source se trouve au Yukon, montre que le nombre de saumons coho a augmenté d’environ 600 % par rapport à la moyenne historique. Cela représente environ 12 000 poissons.

Stephanie Peacock pense toutefois qu’il pourrait s’agir d’une anomalie, car l’étendue totale de la remontée n’a pas été surveillée. Le saumon coho se reproduit également tardivement, lorsque la glace recouvre les rivières. L’étude indique que cela rend les enquêtes difficiles.

Elizabeth MacDonald, du Yukon Salmon Sub-Committee, un organisme consultatif non gouvernemental, estime que l’étude est importante parce que « ces poissons sont très, très importants pour les gens ».

Un saumon sur son côté et partiellement hors de l'eau semble avec un air malade.

Le nombre de saumons coho de la rivière Klukshu, qui prend sa source au Yukon, a augmenté d’environ 12 000 poissons au cours des dernières années. (Photo d’archives/Puget Soundkeeper Alliance)

Que faut-il faire?

La PSF estime qu’il faut mener plus de recherches sur les habitats et sur leur qualité, et rendre les données facilement accessibles et compréhensibles.

Stephanie Peacock suggère également de donner aux Premières Nations plus de ressources pour qu’elles développent et mènent à bien leurs propres efforts de surveillance et de gestion.

Avec les informations de Julien Greene

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