La transition verte menace les droits des Samis, selon Amnistie

Des rennes broutent à proximité d'éoliennes.
Beaucoup de Samis vivent de l’élevage traditionnel de rennes qui requiert de vastes espaces. (Photo d’archives/Getty Images/Heiko Junge/AFP)

La transition verte, qui nécessite plus d’énergies renouvelables et de minerais, menace les droits des Samis, la construction d’infrastructures entravant souvent la pratique de leurs activités ancestrales dans l’Arctique, pointe Amnistie internationale dans un nouveau rapport.

Considérés comme la dernière population autochtone d’Europe, les Samis (anciennement appelés Lapons) comptent jusqu’à 100 000 membres répartis entre la Norvège, la Suède, la Finlande et la Russie, dont certains vivent de l’élevage traditionnel de rennes qui requiert de vastes espaces.

Le changement climatique menace doublement la culture et l’existence du peuple autochtone sami, s’inquiète Amnistie dans le rapport Transition équitable ou  »colonialisme vert »?, réalisé avec le Conseil sami, une organisation de représentation et de coopération transfrontalière.

D’abord, par ses impacts environnementaux directs tels que les changements des conditions météorologiques et des écosystèmes, et deuxièmement, par le nombre croissant de projets énergétiques et d’extraction de ressources en Laponie au nom du développement  »vert » et de la transition vers une énergie  »propre », explique l’ONG.

Le rapport cite notamment le cas du parc éolien de Fosen en Norvège, composé de 151 turbines installées sur des terres utilisées par des éleveurs samis pour faire paître leurs rennes en hiver.

La Cour suprême norvégienne, plus haute instance judiciaire du pays, avait déclaré ces turbines illégales, faute de permis valides, et estimé qu’elles violaient les droits, garantis par l’ONU, des Samis.

Des rennes mangent de la moulée qui tombe d'un grand sac.
Les rennes étant incapables de gratter la glace sous laquelle se trouve le lichen, les éleveurs samis doivent se rabattre sur la moulée pour que leurs bêtes survivent. (Photo : Reuters/Lisi Niesner)
L’affaire avait déclenché une vaste mobilisation de militants écologistes et samis, avec de multiples actions coups de poing pour réclamer la démolition des turbines. Elle s’était finalement soldée par un accord financier avec les éleveurs.

Amnistie rappelle aussi les conflits liés aux projets d’exploitation d’une mine de nickel dans le village de Rönnbäck en Suède et de prospection minière dans la zone de Käsivarsi en Finlande, qui se heurtent eux aussi à l’élevage de rennes.

L’ONG et le Conseil sami réclament par conséquent aux autorités des pays nordiques de renforcer les consultations des populations samies et de solliciter leur accord avant d’autoriser la construction d’infrastructures susceptibles d’empiéter sensiblement sur leurs droits.

Ces différends s’ajoutent aux effets du réchauffement climatique, trois à quatre fois plus rapide dans l’Arctique que sur l’ensemble de la planète.

Plus fluctuant qu’avant, le thermomètre fait alterner périodes de froid et de redoux, recouvrant le sol d’épaisses couches de glace qui peuvent empêcher les rennes d’accéder au lichen et alimenter une concurrence entre éleveurs autour des espaces de pâturage.

Les traversées des cours d’eau, pas toujours recouverts d’une glace suffisamment solide, sont aussi devenues plus périlleuses.

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