Le seul survivant d’un naufrage au Nunavut, en 1991, raconte sa guérison

Abraham Oolalaaq, le seul rescapé de la tragédie nautique survenue en 1991 au Nunavut, et dans laquelle il a perdu sept membres de sa famille lorsque leur canot d’embarcation a chaviré, évoque avec émotion sa guérison.
Abraham Oolalaaq verse une larme en récitant l’hymne qui l’a aidé à surmonter cette tragédie, survenue il y a plus de 30 ans.
Il était l’une des huit personnes à bord d’un canot de fret de 24 pieds qui allait d’Igloolik à Sanirajak, le matin du 23 juillet.
C’était un jour de tempête et le canot a heurté un gros morceau de glace. «Les membres de ma famille y ont tous péri un à un», a-t-il raconté en inuktitut.
Abraham Oolalaaq a réussi à se hisser sur un morceau de glace. C’est alors qu’il dit avoir vu, comme dans un rêve éveillé, des anges qui chantaient l’hymne Shall We Gather at the River, pendant qu’il attendait d’être secouru.
Ces sentiments d’inquiétude et d’anxiété ont cessé. J’ai pu réfléchir et j’ai prié Dieu, a-t-il confié.
Seul survivant, il a perdu sept membres de sa famille dans l’incident, dont sa femme et ses trois enfants adoptifs. À ce jour, les sept personnes sont toujours considérées comme disparues par le Centre national des personnes disparues et des restes non identifiés de la GRC.
Abraham Oolalaaq explique qu’il a pu trouver un aîné d’Iqaluit qui l’a aidé à surmonter sa peine.
Il m’a dit de verser des larmes et de raconter mon histoire, a expliqué Abraham Oolalaaq. C’est ainsi que l’on guérit. Je l’ai cru sur parole et j’ai pu guérir.
Aujourd’hui âgé de 75 ans, il est devenu un aîné auprès duquel d’autres personnes cherchent à obtenir des conseils à Sanirajak.
Un exemple de bravoure
En 2023 et 2024, il a reçu six prix, notamment du commissaire et du premier ministre du Nunavut. Certains de ces prix récompensent la bravoure dont il a fait preuve en sauvant trois chasseurs de morses bloqués sur la glace.
D’autres le considèrent comme un gardien du savoir pour son engagement à conseiller les jeunes, à partager les connaissances de l’Inuit Qaujimajatuqangit à la radio et à promouvoir des pratiques de chasse sûres.
Enseigner aux jeunes
Abraham Oolalaaq indique que son père et d’autres aînés l’ont éduqué pour qu’il soit au service de sa communauté. «Lorsque mon père devait partir en patrouille de recherche et de sauvetage, il me disait de venir avec lui pour que je puisse apprendre.»
Il me disait : « Sois gentil avec les autres et aide-les quand tu le peux, ainsi, tu auras une bonne vie. »
M. Oolalaaq a commencé à faire du bénévolat dans le domaine de la recherche et du sauvetage lorsqu’il était jeune, et il a continué à le faire même après l’accident de bateau. «Je veux continuer à faire du bénévolat, tant que j’en suis capable, » a-t-il précisé.
Il a également accepté un rôle de conseiller. Selon lui, les jeunes d’aujourd’hui sont confrontés à de nombreux défis. Connaissant de première main le pouvoir que peut avoir le dialogue, il se dit fier des jeunes qui choisissent de s’ouvrir et de lui parler.
«Ils savent que je peux les aider. Une fois qu’ils s’ouvrent, nous parlons, ils deviennent émotifs et sont capables de parler davantage et ils sont reconnaissants», a-t-il conclu.
Avec les informations de Samuel Wat et de Karen Pikuyak
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