Un camp de guérison pour la justice réparatrice au Yukon

Le Conseil des Tlingits de Teslin et le gouvernement fédéral ont signé un accord de financement pour la construction d’un camp de guérison au Yukon faisant partie du système correctionnel national.
Ottawa versera à la Première Nation 5 millions de dollars durant cet exercice financier, puis 2 millions annuellement pour créer cet établissement axé sur la terre avec le soutien d’aînés et de conseillers qualifiés.
Il s’agit d’un pas supplémentaire vers l’autonomie du système de justice de la Première Nation s’appuyant sur l’Accord sur l’administration de la justice du Conseil des Tlingits de Teslin (TTC), signée en 2011.
Selon la directrice de la mise en œuvre et des négociations pour le TTC, Kimberley Smarch, le camp de guérison ne sera pas réservé aux personnes ayant enfreint le Code pénal.
Il s’adresse à ceux qui ont enfreint les lois des Tlingits de Teslin, tous ceux qui vivent en déséquilibre, explique Kimberley Smarch, directrice des négociations au Conseil des Tlinglits de Teslin.
Le ministre des Relations Couronne-Autochtones, Gary Anandasangaree, ajoute que la loi canadienne continue de s’appliquer aux citoyens de Teslin Tlingit.
Ce dont nous parlons, c’est d’un ensemble d’infractions qui n’atteint pas le seuil fédéral.
Une justice basée sur les traditions
L’accord permet aux communautés d’établir leurs propres lois sur plusieurs secteurs comme la protection de la faune et le contrôle des terres coloniales. Il permet aussi des mesures de justice réparatrice communautaire ancrée dans la culture, les valeurs et les modes de vie des Tlingits de Teslin, connues sous le nom de Haa Ḵusteeyí, (notre façon de faire).
En 2021, un dernier accord avec le fédéral permettait de renforcer le respect des mesures prises par le tribunal de conciliation qui favorise la médiation entre les personnes jugées et les victimes.
Ce programme du camp de guérison, ouvert à tous les citoyens de Teslin Tlingit et dont le lieu sera sélectionné ultérieurement après des consultations du TTC, permettra de travailler sur les traumatismes, les traumatismes intergénérationnels et les causes profondes des comportements négatifs.
Kimberley Smarsh ajoute que toute personne intéressée ainsi que les proches ou les services sociaux pourront recommander ce parcours à un individu. « Nous avons tous subi des traumatismes dans notre vie personnelle en grandissant », dit-il.
Cet espace sera doté de psychologues, de conseillers psychosociaux et d’aînés des clans.
Gary Anandasangaree donne l’exemple de personnes ayant commis une infraction pénale comme le vol d’une voiture.
L’individu passera par le système de justice communautaire pour prendre ses responsabilités, montrer ses remords et trouver le chemin de la guérison et, en fin de compte, réintégrer sa communauté, indique Gary Anandasangaree, ministre des Relations Couronne-Autochtones.
Face aux aînés
Selon le Naa Shaáde Háni (chef) sortant, Eric Morris, le modèle qui met les personnes devant leur clan s’est avéré efficace dans le passé. Il explique que, lorsqu’un juge venait exercer à Teslin, un ancien du clan s’asseyait à côté du juge, donnant un poids aux responsabilités.
Nos concitoyens préfèrent faire face à un juge plutôt que d’avoir à regarder en face l’aîné de leur clan, affirme Eric Morris, Naa Shaáde Háni du Conseil des Tlingits de Teslin.
Le ministre Gary Anandasangaree, ancien avocat ayant participé à des programmes de justice réparatrice autochtone dans tout le pays, pense que cela permettra d’intégrer la justice dans la communauté.
Faire face à sa communauté est une force motrice qui permet de dissuader les gens de commettre des actes répréhensibles, dit-il.
S’éloigner de l’incarcération
Le ministre affirme que l’incarcération perpétue un cycle de violence plutôt que la guérison profonde des comportements ancrés. Cela est notamment le cas lorsque l’emprisonnement est éloigné de la communauté.
Le conseil réfléchit également à la manière d’intégrer les rôles des agents de sécurité communautaire et de la Gendarmerie royale du Canada dans son cadre judiciaire.
L’accord vise à s’harmoniser avec l’engagement du Canada en faveur de la réconciliation, la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones et les appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation.
D’après les informations de Cali McTavish
À lire aussi :