Réflexions sur la Journée nationale des peuples autochtones au Yukon

Les célébrations entourant la Journée nationale des autochtones n’auront pas lieu cette année en raison de la pandémie. (Claudiane Samson/Radio-Canada)

Entre les restrictions en raison de la pandémie et le débat sur le racisme systémique, la Journée nationale des peuples autochtones prend une tout autre apparence ce 21 juin au Yukon.

La chef du conseil de la Première Nation Kwanlin Dün de Whitehorse, Doris Bill, ne peut s’empêcher de déplorer l’impact de la pandémie sur les célébrations.

« C’est une journée qui normalement nous permet de nous rassembler et de célébrer. Nous adorons comme peuple nous rassembler et manger ensemble et l’on ne peut pas cette année. C’est navrant. »Doris Bill, chef, conseil de la Première Nation Kwanlin Dün

Le chef adjoint de Tr’ondëk Hwëch’in de Dawson, Simon Nagano, se désole également. « Il est difficile de ne pas pouvoir se rassembler, allumer le feu sacré, prier en cercle et sortir dans nos tenues traditionnelles. C’est important de se reconnaître dans ces moments-là. »

Depuis 2017, la journée est célébrée par tous les Yukonnais à titre de jour férié. Une célébration qui, dans la capitale, remplit habituellement le centre culturel Kwanlin Dün de Yukonnais de toutes origines.

Doris Bill est la chef du conseil de la Première Nation Kwanlin Dün à Whitehorse depuis 2014. (Philippe Morin/Radio-Canada)
« C’est l’occasion pour nous d’éduquer les gens sur qui nous sommes comme peuple et avec tout ce qui se passe dans le monde présentement, je crois qu’il est primordial de mieux se comprendre entre les différentes cultures. »Doris Bill

Le débat entourant le racisme systémique ajoute certes, dit-elle, une couche de réflexion à cette journée : « Nous savons depuis longtemps que le changement est nécessaire, mais il nous faut être sur la même longueur d’onde pour que ça se produise. »

Question de fierté

Blake Shaá’koon Lepine est du même avis. Le groupe de chant et danse traditionnels Tlingit auquel il participe, Dakhká Khwaán, présent à toutes les célébrations ou presque depuis sa formation en 2007, incarne un mouvement de revitalisation culturelle au territoire.

Blake Shaá’koon Lepine danse avec le groupe Dakhká Khwáan depuis ses débuts. (Max Leighton/Radio-Canada)

« Il y a une différence entre le racisme et l’ignorance. […] Notre groupe vise à faire le lien avec ceux qui veulent être éduqués et apprendre », explique le danseur et artiste.

« Qu’il s’agisse d’un jour férié est une bonne chose. Cela permet aux Autochtones de s’attribuer une reconnaissance et ressentir de la fierté puisque pendant longtemps, ils n’avaient pas le droit de ressentir de la fierté. […] Cette journée permet une certaine guérison. »Blake Shaá’koon Lepine

Si les non-Autochtones peuvent profiter de ce jour férié, souligne-t-il, c’est que le pays est construit sur les terres des premiers peuples. « Il faut en être reconnaissant. Célébrer les Autochtones qui sont dans nos vies. »

Le grand chef du Conseil des Premières Nations du Yukon, Peter Johnston. (Alistair Maitland/Gouvernement du Yukon)

Le grand chef du Conseil des Premières Nations du Yukon, Peter Johnston, rappelle que les Autochtones occupent aujourd’hui une place importante au Yukon.

« Nous faisons partie de l’économie, nous investissons dans le territoire. Nous avons des citoyens qui prennent de plus en plus de responsabilités dans leurs gouvernements respectifs ou dans des institutions. Mais il faut tous les jours tenir le gouvernement responsable. »Peter Johnston, grand chef, Conseil des Premières Nations du Yukon

Doris Bill croit aussi que cette journée est l’occasion de reconnaître les avancées, sans oublier l’histoire et le passé duquel des leçons peuvent être tirées.

« Nous vivons trop souvent le deuil en raison de toutes les tragédies que connaissent nos communautés, mais nous devons prendre le temps de célébrer nos réussites également parce que nous avons parcouru un très long chemin et nous devrions en être fiers », dit la chef.

Du chemin encore à parcourir

Peter Johnston soutient que la Journée nationale des peuples autochtones ne représente pas en soi la réconciliation et que sa reconnaissance à titre de jour férié n’est pas un jalon. « C’est un autre pas dans la bonne direction. »

« La [notion de] réconciliation s’est ramollie au point de devenir un mot à la mode que les gouvernements utilisent pour dire qu’ils nous défendent. C’est l’auto gouvernance et les ententes de revendication territoriale qui sauveront notre peuple en fin de compte. »Peter Johnston

Le travail, dit-il, doit se poursuivre au quotidien pour corriger les iniquités que ce soit en services à l’enfance, en éducation ou dans le système judiciaire du territoire, les priorités de son organisation.

Le conseil de la Première Nation Kwanlin Dun a signé son entente d’autonomie gouvernementale en 2005. Sur la photo, le représentant fédéral Andy Scott, le chef Mike Smith et le premier ministre du Yukon de l’époque, Dennis Fentie. (Radio-Canada)

Claudiane Samson, Radio-Canada

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