Aluki Kotierk dirigera une évaluation du programme Nutrition Nord

Un texte d’Angie Isnel
Un examen externe approfondi sur la bonne gestion du programme Nutrition Nord Canada sera effectué d’ici 2026 et sera dirigé par Aluki Kotierk, l’ancienne présidente de Nunavut Tunngavik, qui représente les intérêts des Inuit du Nunavut.
En plus de cette nomination, le ministre des Relations Couronne-Autochtones et des Affaires du Nord, Gary Anandasangaree, a annoncé mardi que 20 millions de dollars sont ajoutés au budget original pour répondre à l’augmentation des prix de l’alimentation.
Dès ses premières phrases lors de cette annonce, mardi, Aluki Kotierk a insisté sur la nécessité d’améliorer ce programme.
Au Nunavut, 7 enfants sur 10 se couchent en ayant faim tous les soirs.
Le programme de subvention fédéral Nutrition Nord Canada, dont l’objectif est de renforcer la sécurité alimentaire pour les jeunes et les familles de 124 communautés nordiques, fait face à des critiques depuis plus d’un an.
Par exemple, Gary Anandasangaree a indiqué qu’à Kinngait, au Nunavut, 4 litres de lait coûteraient plus de 39 $ sans la subvention.
Même si c’est encore élevé, c’est 11,99 $ avec la subvention. À Iqaluit, les bananes coûtent 5,16 $ le kilo contre 12,11 $ sans cette subvention.
Une enquête réclamée par les résidents
Le programme comprend notamment une subvention directement envoyée aux commerçants. Elle est remise en question par des représentants des communautés et par les résidents eux-mêmes, qui accusent les entreprises de gonfler leurs prix depuis que la mesure est en place.
Cette semaine, trois résidents du Nunavut et du Nunavik ont lancé une action collective contre l’entreprise North West. Ils l’accusent d’avoir profité de la subvention Nutrition Nord et ne pas l’avoir répercutée sur les consommateurs.
Lorsque demandé si l’annonce de mardi est une réponse à cette action collective, Gary Anandasangaree a assuré qu’il a poussé la recherche d’un représentant depuis le début de son mandat en décembre.
Cette annonce est en préparation depuis de nombreux mois et répond à un ensemble de questions beaucoup plus larges que nous avons entendues, a-t-il déclaré.
Recherche de solutions efficaces
Ottawa a annoncé en octobre 2024 qu’il y aurait une évaluation du programme, alors que les résidents demandaient depuis près d’un an qu’une enquête soit menée auprès des commerçants de la région.
Aluki Kotierk, au titre de représentante spéciale du ministre, aura pour objectif d’évaluer en profondeur l’efficacité du programme Nutrition Nord et d’apporter des recommandations d’ici 2026.
Selon Gary Anandasangaree, elle devra rencontrer les organisations autochtones nationales et régionales, les détaillants, les transporteurs et les organismes fédéraux concernés.
Elle veut vérifier plus largement les points qui fonctionnent déjà dans les communautés et trouver de nouvelles solutions pour rendre le programme plus efficace.
J’ai eu l’occasion de voyager au Groenland où il y a des marchés ouverts où l’on trouve des aliments provenant de la terre et récoltés par les Inuit. Je me demande souvent pourquoi nous n’avons pas ça au Nunavut, dit Aluki Kotierk, dirigeante de l’examen externe du Programme Nutrition Nord.
En 2023, elle a plaidé à l’ONU pour une reconnaissance légale du droit des Autochtones d’avoir leurs propres médias et une approche qui tient compte des spécificités des langues et des cultures autochtones. Elle siège d’ailleurs au conseil de l’organisation nationale Inuit Tapiriit Kanatami au nom des Inuit du Nunavut.
Parfois, vous avez une envie, vous allez au magasin, vous prenez le produit, vous vous rendez compte de son prix et vous décidez, à ce moment-là, que votre envie n’est pas aussi forte.
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