La station navale de Nanisivik au Nunavut toujours sans date d’ouverture

Près de 20 ans après avoir été annoncée, la station de ravitaillement maritime de Nanisivik, dans l’ouest du Nunavut, n’a toujours pas de date d’ouverture. Le ministre de la Défense nationale, Bill Blair, reconnaît que le projet est un « très bon exemple de la manière dont il faut aborder ces travaux de la mauvaise façon ».
Le ministre Blair était récemment de passage à Iqaluit pour annoncer l’emplacement de « carrefours de soutien opérationnel du Nord » à Iqaluit, à Inuvik et à Yellowknife, dans le but d’augmenter les capacités opérationnelles des Forces armées canadiennes dans l’Arctique tout au long de l’année.
Le ministre a admis que le projet le Nanisivik avait échoué
à prendre en compte le contexte local et que son ministère en avait tiré des leçons.
Nous essayons toujours de mener à bien ce projet, mais les défis auxquels nous avons fait face nous ont montré qu’il existe une meilleure façon de procéder, a-t-il déclaré aux journalistes jeudi.Une bonne manière de faire […] c’est de s’assurer que les investissements que nous faisons bénéficient tant aux gens et aux communautés qu’aux forcées armées.

Or, dans un échange de courriels avec Radio-Canada, le ministère de la Défense nationale a déclaré qu’il met sa touche finale
au plan. Il n’a toutefois pas précisé quels travaux devaient encore être réalisés sur le site.
Selon la Défense nationale, les retards des dernières années sont notamment attribuables à la pandémie de COVID-19 et à l’inondation de la route principale reliant l’installation à la communauté d’Arctic Bay.
L’installation se trouve à 40 kilomètres d’Arctic Bay, et la route qui la relie aux habitants de cette [communauté] est dans un état de délabrement avancé, a admis le ministre Bill Blair en conférence de presse.
Budget réduit et portée limitée
Le projet de Nanisivik a initialement été annoncé en 2007 par le gouvernement de Stephen Harper, qui souhaitait y bâtir une installation navale d’envergure au coût de 258 millions de dollars.
Des réductions de budget ont toutefois touché l’enveloppe du projet qui, selon le ministère, « devrait atteindre 114,6 millions de dollars »
.
Ce port, installé en eau profonde au nord de l’île de Baffin, devait permettre le ravitaillement des navires qui transitent vers l’Arctique, tout en offrant un espace de vie pour le personnel militaire ou civil.
Depuis plusieurs années, des experts remettent toutefois en doute la réelle portée d’une telle installation dans la défense de l’Arctique. Ils évoquent une multitude de lacunes : la station n’est pas située dans le passage du Nord-Ouest, elle ne permettra de ravitailler des navires qu’un seul mois par année et les cuves de carburant ne seront pas chauffées, ce qui exclut son utilisation en hiver.
En 2022, un rapport de la vérificatrice générale du Canada a aussi conclu que les réductions de budget ont miné l’utilité réelle de la station de ravitaillement.
L’installation elle-même est inaccessible à bien des égards et n’est utilisable que quatre semaines par an, environ, a reconnu le ministre Bill Blair.
Soutenir des projets bénéfiques pour les communautés
Dans le passé, le premier ministre du Nunavut, P.J. Akeeagok, a indiqué que le projet de Nanisivik n’aurait pas suffisamment de retombées locales positives. Il milite pour des projets qui renforcent la défense dans l’Arctique, tout en répondant aux besoins des collectivités et en créant des occasions de développement économique.

Il juge prometteurs le projet de fibre optique Kivalliq to Baffin Connector Project et celui de la route et du port de Grays Bay, dans la région de Kitikmeot. Ce dernier vise à débloquer l’accès aux minéraux critiques et au passage du Nord-Ouest.
La construction d’infrastructures hydroélectriques à Iqaluit et la construction d’un port en eau profonde à Qikiqtarjuaq sont également des projets que le premier ministre juge prioritaires.
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