Au Nunavik, le casse-tête des chaudières au mazout

Une maison de bois avec une cuve de mazout encastrée au centre sur un paysage enneigé.
Les cuves de mazout à l’extérieur des habitations peuvent parfois connaître des incidents graves et polluants. (Photo : Lupin Daignault)

L’Office d’habitation du Nunavik (OHN) déclare qu’il aimerait aider à remplacer les chaudières au mazout des habitations de la région. L’exemption dont profite le Nunavik à ce sujet ne serait pas forcément bénéfique.

Les chaudières au mazout sont déjà interdites au Québec depuis 2021, et il n’est plus possible de doter les nouvelles constructions de ce type de chauffage ni de remplacer les chaudières par des appareils alimentés par du combustible fossile.

D’ici 2040, toutes les habitations de la province devront être équipées de chaudières utilisant du gaz produit par les déchets organiques.

Cependant, les 14 villages du Nunavik sont dépendants du mazout et la région n’est pas visée par ces interdictions. Le directeur général de l’OHN, Lupin Daignault, explique que cela n’est pas forcément un avantage.

Avec l’interdiction des chaudières au mazout dans le reste de la province, il devient compliqué de trouver des techniciens compétents pour effectuer des réparations sur des chaudières en panne, étant donné qu’il y a moins de personnes formées au métier. Les pièces de rechange aussi se font rares.

Lupin Daignault souriant est devant un panneau.
Lupin Daignault pense que les systèmes de chauffage au mazout du Nunavik ne sont pas viables dans la durée. (Photo : Office d’habitation du Nunavik)

Lorsqu’il évoque le sujet devant les fabricants de chaudières, ceux-ci lui répondent :

Pourquoi ne passez-vous pas à l’électricité ou au gaz naturel? Seulement, Lupin Daignault explique que ces options ne sont pas disponibles dans la région, et qu’à un moment donné, la situation finira par devenir intenable.

Il ajoute que les conséquences d’une fuite ou d’un déversement de mazout sont bien plus problématiques dans le nord que dans le sud. Le nettoyage des terrains contaminés coûte cher, et les conséquences peuvent être désastreuses pour les habitants.

Il donne l’exemple suivant : Imaginez que votre maison soit rendue inhabitable [par le déversement d’une cuve de mazout] et que vous soyez obligés d’aller vivre ailleurs, alors que le Nunavik traverse une crise du logement.

La responsable du programme des énergies renouvelables des communautés isolées de l’Institut Pembina, Emily He, dit que l’exception du Nunavik sur les chaudières au mazout n’est pas le fruit du hasard.

En effet, la région ne possède pas les infrastructures nécessaires pour passer à d’autres sources d’énergie, même si des aides spécifiques au Nunavik existent.

À court terme, elle pense qu’il n’y a pas de solution immédiate aux problèmes des chaudières au mazout du Nunavik. Une des pistes évoquées est la construction de logements thermiquement mieux isolés, ou l’utilisation des poêles à bois comme dans les Territoires du Nord-Ouest et le Labrador.

À long terme, Lupin Daignault et Emily He croient que la solution passe par les énergies renouvelables.

Néanmoins, M. Daignault insiste sur l’urgence de la situation. Il demande que plus de membres de la communauté locale soient formés au maintien des systèmes de chauffage au mazout.

Il demande également qu’Hydro-Québec relance des études sur l’installation de centrales électriques dans la région qui devraient probablement être alimentées au diesel.

Le village enneigé avec plusieurs maisons bicolores est réparti de part et d'autre d'une petite route.
Le Nunavik n’est pas affecté par l’interdiction des chaudières au mazout comme le reste du Québec. (Photo d’archives : Radio-Canada/Félix Lebel)

Cependant, Lupin Daignault pense que ces centrales seraient à même de fournir de l’énergie plus efficacement et de façon plus fiable que des centaines de petites chaudières au mazout.

L’OHN possède environ 4100 habitations, soit 90 % du parc d’habitations de la région. Il y a environ 2500 locaux techniques répartis entre les maisons, et chacun d’entre eux a sa propre cuve de mazout.

De son côté, Hydro-Québec est en désaccord avec l’OHN, et il dit que les chaudières au mazout sont plus efficaces pour chauffer les foyers qu’une centrale au diesel.

La compagnie explique que le passage au chauffage électrique implique de quadrupler la production d’électricité de la région, et multiplierait par trois la consommation des centrales.

L’entreprise souligne que 1 litre de mazout léger utilisé dans les chaudières est moins polluant que 1 litre de fioul lourd utilisé dans une centrale.

Pour Hydro-Québec, la solution passe par une collaboration coordonnée entre la compagnie, le gouvernement provincial et les acteurs locaux, une approche qui rejoint celle de Lupin Daignault et de l’OHN.

Avec les informations de Samuel Wat

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