Le Nord canadien au coeur de la stratégie fédérale sur les minéraux critiques
Comme annoncé dans le budget fédéral, Ottawa consacrera 3,8 milliards de dollars sur huit ans à sa stratégie sur les minéraux critiques. Cela passe par un renforcement des capacités minières dans le Nord canadien et par l’amélioration des méthodes d’extraction et des technologies utilisées, a annoncé le ministre fédéral des Transports mercredi.
Le ministre Omar Alghabra était de passage aux Territoires du Nord-Ouest pour donner les détails de la « Stratégie canadienne en matière de minéraux critiques et d’industries propres ».
La conférence de presse se déroulait devant les installations de Det’on Cho Logistics, une entreprise de Yellowknife qui travaille dans le domaine des transports.
L’industrie minière représente 25 % du PIB de ce territoire et environ la moitié de ses exportations.
Selon le ministre, les investissements du fédéral serviront également à réduire l’empreinte carbone de l’industrie minière, qui doit faire sa part comme toutes les autres industries pour réduire les émissions de GES au pays, rappelle-t-il.
Véhicules électriques et chaînes d’approvisionnement
Le fédéral entend renforcer la chaîne d’approvisionnement canadienne en minéraux critiques, dont le lithium, le cobalt, le graphite, le cuivre, le titane, le magnésium, le zinc et le niobium. Ces minéraux entrent dans une foule de produits de pointe et d’industries, comme les télécommunications, la médecine, les transports et la fabrication de véhicules électriques.
Cela permettrait d’assurer la production de composants de véhicules zéro émission au Canada, selon le fédéral, et à « fournir les minéraux et les métaux nécessaires à l’atteinte de l’objectif de carboneutralité d’ici 2050 ».
Les mesures comprennent 1,5 milliard de dollars pour de nouveaux projets de minéraux critiques dans le pays, « en mettant l’accent sur le traitement des minerais, la fabrication de matériaux, et le recyclage de produits minéraux et métalliques clés au sein de la chaîne d’approvisionnement en batteries et en éléments des terres rares », peut-on lire dans un communiqué.
Le montant de 1,5 milliard de dollars supplémentaires ira à des infrastructures dans des « régions critiques » : 80 millions seront destinés à des programmes des sciences de la Terre et d’exploration et 144 millions iront pour la recherche et le développement dans les minéraux critiques « pour appuyer les pratiques responsables d’extraction et de traitement de ces minéraux », précise le fédéral.
« Les Territoires du Nord-Ouest sont l’une des régions les plus riches au pays, qui possède des ressources naturelles essentielles pour lutter contre les changements climatiques, produire de nouvelles technologies, produire des batteries, construire de nouveaux véhicules », a affirmé le ministre Alghabra, en anglais.
« Et c’est pourquoi je suis ici aujourd’hui pour faire l’annonce, parce que je sais que cela va aider cette région et cela va aider le pays. »
La ministre des Finances des Territoires du Nord-Ouest, Caroline Wawzonek, présente à l’annonce, a salué l’investissement du fédéral. Ottawa reconnaît, selon elle, les discussions qui ont eu lieu entre les niveaux de gouvernement et les priorités communes, ainsi que les défis et les enjeux de réglementation entourant ce secteur.
Elle a mentionné que les infrastructures routières vieillissent vite dans le nord et que l’aide fédérale est plus que nécessaire. Les projets mis en oeuvre se feront en partenariat avec les communautés autochtones qui sont parties prenantes, assure-t-elle.
La route de la vallée du Mackenzie
Lors des questions, une journaliste de CBC a évoqué le projet de route de la vallée du Mackenzie, toujours à l’étude et financé en partie par le fédéral, qui doit relier Wrigley à Norman Wells et qui permettra notamment le développement des ressources minérales et pétrolières de la région.
Comment arrimer ce projet de développement qui contribuera assurément à hausser les émissions de GES, à la stratégie fédérale qui vise la carboneutralité en 2050, a-t-elle demandé.
Il y a plusieurs facettes dans la lutte contre les changements climatiques, a répondu le ministre. « C’est dans notre façon de faire les choses, nos modes de consommation. C’est pourquoi nous avons un programme pour les véhicules zéro émission, mais il faut investir aussi dans la technologie, les projets pilotes, la recherche et le développement pour faire, par exemple, une surface routière plus respectueuse de l’environnement. Il faut aborder le problème sous plusieurs angles », a-t-il dit.
« Les changements climatiques sont une menace existentielle, un défi majeur pour notre société, notre économie, nos gouvernements. Il n’y a pas de baguette magique », a poursuivi le ministre.
« Donc, cela va nécessiter non seulement la participation du secteur des transports, qui est un gros émetteur, mais aussi les mines et les ressources naturelles. Nous avons établi des cibles pour ces secteurs. Il s’agit de fournir des outils à tous les secteurs de notre économie pour lutter contre les changements climatiques. »
C’est pourquoi le budget fédéral comporte des crédits d’impôt et des mesures incitatives pour les entreprises qui développent des technologies qui réduisent les émissions, conclut-il.