Un parasite infectant les caribous est surveillé dans le Nord

Des parasites ressemblant à un ver ont été retrouvés dans des caribous abattus ce mois-ci aux Territoires du Nord-Ouest, une infection appelée Setaria, que certains scientifiques associent au changement climatique.
La commission de gestion des caribous de Beverly et de Qamanirjuaq demande aux chasseurs de partager leur découverte auprès des organismes environnementaux locaux.
Susan Kutz, vétérinaire parasitologue à l’Université de Calgary, affirme qu’il ne s’agit pas d’une première, mais les cas augmentent. Cela pourrait devenir un problème pour les chasseurs qui dépendent de la nourriture traditionnelle.
Selon une publication sur Facebook d’un chasseur début avril, 16 des 21 caribous qu’il a chassés près du lac Rennie étaient infectés par ce qui semblait être ce parasite.
Selon un chasseur de Fort Smith, Earl Evans, c’est un nombre alarmant sur un petit terrain d’échantillonnage.
Earl Evans a collaboré avec des vétérinaires et des chercheurs chargés de prélever des échantillons de caribous dans tout le Nord. Ils ont abattu jusqu’à 150 caribous lors de certains voyages. Selon Earl Evans, un caribou sur 10 est atteint d’un parasite.
Si quelque chose comme cela échappe à tout contrôle, cela pourrait avoir des conséquences majeures, explique Earl Evans, chasseur et trappeur à Fort Smith.
Sans risque pour la santé humaine
Mme Kutz étudie le parasite depuis 2023 en collaboration avec l’organisme des chasseurs et trappeurs de Kugluktuk. Elle affirme que le parasite est transmis par les moustiques, et cela cause une inflammation dans l’abdomen.

C’est quelque chose de nouveau que les chasseurs n’ont jamais vu auparavant, et cela peut avoir l’air assez horrible, dit-elle.Je peux vous garantir que personne n’irait chercher un steak dans un magasin qui ressemble à cela.
Elle précise néanmoins que les parasites ne présentent pas de risque pour la santé humaine et que, dans la plupart des cas, la viande est toujours propre à la consommation si les zones affectées sont enlevées.
Earl Evans dit qu’il n’a jamais vu de parasite dans les animaux qu’il a chassés, néanmoins il en entend parler depuis plusieurs années, après que des chercheurs du Nunavut en ont remarqué pour la première fois.
Les gens jusqu’à Délı̨nę en trouvent, les gens de Kugluktuk, les gens du nord de la Saskatchewan et des Territoires du Nord-Ouest, jusqu’à la route de glace aussi, affirme Earl Evans, chasseur et trappeur à Fort Smith. Il semble donc que tous les troupeaux de caribous soient concernés.
Earl Evans explique que plusieurs facteurs sont à prendre en compte pour savoir si la viande infectée est comestible ou non. Comme le nombre de parasites présents, leur localisation dans l’animal, et si le parasite entraîne des signes d’inflammation ou de dégradation.

Seulement, il déplore un manque de connaissances ou de formation et souhaiterait que des ateliers soient organisés dans les communautés afin d’enseigner aux gens comment manipuler en toute sécurité la viande d’animaux infectés.
Susan Kutz indique qu’une enquête est en cours pour évaluer l’étendue de l’épidémie, les effets sur la santé des caribous et sur la sécurité alimentaire.
Au début des années 2000, nous avons examiné des échantillons de sang qui avaient été archivés et nous avons trouvé des preuves de la présence du ver dans ces échantillons de sang à cette période.
Changement climatique
Selon la vétérinaire, l’allongement de la saison estivale permet aux moustiques de vivre sur un plus longtemps et sur un territoire plus grand.
Le développement du ver dans le moustique dépend de la température, donc des températures plus chaudes signifient qu’il se développera plus rapidement. Et le moustique peut infecter plus rapidement, dit Susan Kutz, vétérinaire et parasitologue à l’Université de Calgary.
Pour elle, l’autre préoccupation majeure est que le parasite exerce un stress sur le système immunitaire des animaux et pourrait avoir des effets à long terme sur la santé du troupeau.
Sans pour autant les tuer, la perte d’énergie pourrait nuire à leur survie ou à leur capacité à avoir des petits.
Avec les informations de Carla Ulrich
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