Une pétition pour fermer un foyer de groupe à Cambridge Bay, au Nunavut

Des résidents de Cambridge Bay, au Nunavut, font circuler une pétition demandant la fermeture d’un foyer de groupe pour jeunes qui fait également l’objet d’une enquête par le ministère des Services à la famille.
Ce foyer privé, géré par Nunik Care Services, a ouvert en mai 2023. Il accueille des jeunes de 5 à 19 ans. Sept jeunes provenant de Cambridge Bay et d’autres communautés du territoire y sont hébergés en ce moment. Son financement provient du gouvernement du Nunavut.
Dans la communauté, des résidents croient que certains incidents récents de vandalisme et de vols ont été perpétrés par des jeunes du centre.
Il faut que ça arrête, dit l’instigateur de la pétition, Cory Evalik. Plus de 100 personnes ont signé la pétition dans cette communauté de 2000 résidents.
Selon le document, les jeunes du foyer sont incontrôlables et dehors à toutes heures de la nuit. La pétition suggère que le foyer ne prend pas bien soin des jeunes et ne leur offre pas assez de soutien.
Nous avons besoin de plus de 200 signatures pour faire fermer cet endroit, ces enfants ont besoin d’un lieu qui leur propose de meilleurs traitements que ce qu’ils [reçoivent] au foyer de groupe, indique la pétition.
Certains crimes commis par des jeunes
La Gendarmerie royale du Canada au Nunavut a confirmé par courriel que certains incidents à Cambridge Bay ont été commis par des jeunes, certains résidants au foyer et d’autres non.
La GRC croit que la prévention à long terme de la criminalité chez les jeunes et la victimisation ne peuvent être atteintes qu’en partenariat avec la communauté, a indiqué par courriel le caporal George Henrie.

La GRC n’a pas fourni de détails sur la nature des crimes reliés au foyer de groupe. Toutefois, un communiqué de la GRC publié en novembre mentionne que six jeunes de Cambridge Bay âgés de 11 à 15 ans ont été arrêtés pour être entrés par effraction dans le bureau de poste. Quatre d’entre eux ont été accusés.
Solomon Bucknor, le directeur de Nunik Care Services, dit que le foyer est essentiel pour les jeunes. Des employés y travaillent 24 heures par jour, sept jours par semaine, et font de leur mieux pour soutenir des enfants et des jeunes très difficiles, très exigeants.
On fait de notre mieux pour fournir tout l’amour, le soutien dont ils ont besoin […]. On leur donne ça, on les emmène au centre de santé, on les nourrit, on leur achète des choses. C’est comme une grosse famille, je dirais.
Demander mieux pour ces enfants
Des résidents de Cambridge Bay croient toutefois que les soins apportés aux jeunes ne sont pas adéquats.
L’ancien maire de Cambridge Bay, Angulalik Pederson, dit qu’il a parlé avec des jeunes du foyer qu’il a croisé dans les rues en pleine nuit.
Ils disent que cet endroit n’est pas bien et qu’ils ont peur. Ils sont dans les entrées des bâtiments, à l’abri du vent. Alors je comprends la frustration des enfants. Tu as peur d’être dans ce foyer. Alors où vont-ils? Que font-ils?, demande M. Pederson.
L’ancien maire, qui appuie la pétition, croit que c’est une façon pour la communauté de demander mieux pour ces enfants, que ce soit à Cambridge Bay ou ailleurs.
C’est « un désastre financé par le public, mais de propriété privée, faute de meilleurs qualificatifs », ajoute-t-il.
Une autre enquête
Parallèlement, une enquête est menée par le ministère des Services à la famille en collaboration avec la GRC.
Le ministère a dit être au courant d’allégations concernant le foyer, mais n’a pas voulu préciser leur nature. Nous prenons cela très au sérieux, a dit le ministère par courriel.
Nous avons fait appel à la GRC et menons une enquête approfondie. Assurer la sécurité et le bien-être de ceux qui nous sont confiés reste notre priorité absolue, ajoute le ministère.
Le directeur de Nunik Care Services a mentionné que deux incidents qui se sont produits au foyer de groupe font l’objet d’une enquête. Le premier incident implique un jeune qui dit avoir été étranglé par un employé. Un autre jeune affirme avoir été « bousculé » par un autre employé.
Solomon Bucknor réfute ces allégations et confirme qu’une enquête est menée conjointement par le ministère des Services à la famille et la GRC.
Le porte-parole de la GRC au Nunavut n’a pas publié de détails sur cette enquête.
Le ministère des Services à la famille dit qu’en général, des allégations de maltraitance sont évaluées et si cela se justifie, font l’objet d’une enquête. Si un foyer de groupe est jugé non sécuritaire, le ministère peut lui ordonner de rectifier la situation ou peut le fermer.
Avec les informations de Jocelyn Shepel
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