Une expédition norvégienne réalise des biopsies sur des ours polaires

Un ours polaire sur la banquise
L’Arctique est un laboratoire de prédilection pour mesurer les changements climatiques. (David Goldman/ Associated Press)

Une expédition scientifique norvégienne, que l’AFP a pu suivre, a réalisé en avril les premières biopsies de tissus graisseux sur des ours polaires au Svalbard, dans l’Arctique, pour évaluer l’impact des polluants sur leur santé.

Un pied sur le patin d’un hélicoptère, le vétérinaire de la mission Rolf Arne Olden épaule sa carabine à air comprimé et déclenche le tir de sa fléchette anesthésiante sur l’ours blanc qui a commencé à courir sur la glace, en entendant le bruit de l’appareil.

L’hélicoptère s’éloigne en attendant que l’animal s’endorme, puis se pose à proximité du mammifère pour que les scientifiques puissent prélever de très fines tranches de tissus graisseux et effectuer des prises de sang.

L’idée est de représenter au mieux ce que les ours vivent dans la nature, mais en laboratoire. Pour cela, on utilise leur graisse qu’on va exposer au stress qu’ils rencontrent, c’est-à-dire des polluants, mais aussi des hormones de stress, explique Laura Pirard, toxicologue belge qui a développé la méthode à partir des biopsies des ours polaires.

Les échantillons sont maintenus en vie pendant quelques jours sur le bateau pour être soumis à des polluants et composants hormonaux avant d’être congelés pour être analysés en laboratoire lors du retour à terre.

Outre le vétérinaire qui a endormi l’ours, un ou deux scientifiques de la mission travaillent délicatement sur l’animal pour mener la biopsie, prélever du sang ou encore poser des colliers électroniques GPS, uniquement sur les femelles en raison de la morphologie de leur cou.

Vue aérienne du Svalbard, un archipel norvégien
Le Svalbard est un archipel norvégien situé dans l’Arctique. (Photo : Marcus Westberg/CNW/Palais des congrès de Montréal)

De premiers « loggers » ont été posés l’an dernier sur cinq femelles. Ces petits cylindres de 4 cm de longueur enregistrent les battements cardiaques et la température de l’ourse.

Ces mesures, couplées aux données GPS, permettent de déterminer leur mode de vie et leur déplacement sur une année.

La mission du « programme ours » est menée depuis 40 ans au Svalbard par des scientifiques de l’Institut polaire norvégien (NPI).

Cette année, les huit scientifiques, soit le chef de mission et son adjoint, une spécialiste du comportement spatial, un vétérinaire et quatre toxicologues spécialisés dans les milieux marins, ont embarqué à bord d’un brise-glace de recherche marine de 100 mètres de long, le Kronprins Haakon.

Vue de l'eau qui semble glacée devant des montagnes.
Le Svalbard est situé au nord de la Norvège continentale. (Annie-Claude Brisson/Radio-Canada)

« Nous avons eu une bonne saison, nous avons capturé 53 ours, dont 10 femelles avec des oursons ou des jeunes de 1 an, et nous avons posé 17 colliers », précise le chef de l’expédition Jon Aars.

Menacés par la chasse jusqu’à un accord international dans les années 1970, les ours polaires sont désormais affectés par le réchauffement climatique.

« Ceux du Svalbard consomment davantage de nourriture terrestre, tels que des rennes ou des œufs d’oiseaux, qu’auparavant, explique Jon Aars. Quand la glace fond, ils sont forcés de rester sur terre. Ces ours passent désormais beaucoup plus de temps à terre qu’il y a 20 ou 30 ans. »

La population d’ours polaires de la région arctique du Svalbard est cependant en légère hausse depuis une dizaine d’années, souligne le scientifique.

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