La Chine surveille l’océan Arctique et le territoire canadien
Une bouée de surveillance venant de Chine a été interceptée par les Forces armées canadiennes (FAC) dans les eaux territoriales arctiques du Canada. Pour assurer l’intégrité des opérations, un porte-parole de la Défense nationale a indiqué à L’Aquilon ne pas être en mesure de fournir plus d’informations pour le moment.
Cette bouée a été récupérée dans le cadre de l’opération LIMPID qui est la mission continue des FAC pour détecter les menaces pesant sur la sécurité du pays. Cette surveillance inclut les espaces maritimes, terrestres et aériens du Canada. Depuis 2022, « les FAC ont mis fin aux tentatives de surveillance du territoire canadien », a précisé le porte-parole de la Défense nationale dans un échange de courriels.
Le ministère de la Défense nationale et les FAC se disent pleinement « conscients des récents efforts déployés par la Chine pour mener des opérations de surveillance à la fois dans l’espace aérien et dans les approches maritimes du Canada en utilisant des technologies à double usage ».
En effet, cette bouée est notamment soupçonnée d’enregistrer des informations sur les mouvements éventuels des bâtiments sous-marins croisés. Selon Frédéric Lasserre, directeur du Conseil québécois d’études géopolitiques, la bouée a probablement deux fonctions : la première serait océanographique avec une fonction de compréhension des courants sous-marins dans l’océan arctique et la seconde serait militaire.
Est-ce que cette affaire est surprenante? Pas du tout d’après M. Lasserre qui estime que cet évènement est cohérent avec l’idée selon laquelle la Chine s’efforce de s’impliquer de plus en plus dans la région arctique. Cependant, le directeur rappelle le caractère illicite de la présence de cette bouée dans les eaux territoriales canadiennes.
« Dès qu’il y a une activité à caractère scientifique dans la zone économique exclusive, on doit demander la permission à l’état côtier. Mais ça ne veut pas forcément dire que c’est un geste belliqueux », indique-t-il.
La zone économique du Canada s’étend jusqu’à un maximum de 370 kilomètres à partir des lignes de base qui relient les pointes du trait côtier. À l’intérieur de cette zone, « le pays peut exercer ses droits de souveraineté sur l’exploration, l’exploitation, la gestion et la conservation des ressources dans l’eau, sur le fond marin et dans le sous-sol », peut-on lire dans une publication du Service hydrographique de Pêches et Océans Canada en 2011.
Montée des tensions entre le Canada et la Chine
Cet évènement est cependant mal perçu et contribue à dégrader les relations déjà mauvaises entre les gouvernements canadien et chinois. En novembre 2022, lors de sa rencontre avec son homologue chinois Qin Gang au G20, en Indonésie, la ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly a utilisé des mots forts et un discours direct pour rappeler la position ferme du Canada.
« Le Canada ne tolérera jamais une quelconque forme d’ingérence étrangère dans notre démocratie et nos affaires intérieures par la Chine. Nous n’accepterons jamais une quelconque atteinte à notre intégrité territoriale et à notre souveraineté. »
À l’issue de cette rencontre, les deux ministres ont tout de même convenu de garder les canaux de communication ouverts.
La montée des tensions entre le Canada et les États-Unis d’un côté et la Chine de l’autre est palpable. Après qu’une série d’objets volants eurent été abattus dans l’espace aérien du Canada et des États-Unis par le Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord (NORAD) au mois de février, dont celui en Caroline du Sud caractérisé comme un ballon de surveillance en haute altitude, le département américain de la Défense a indiqué avoir « agi immédiatement pour se protéger contre la collecte d’informations sensibles ».
De son côté, le gouvernement chinois clame son innocence. Dans un point presse le 22 février, Wang Wenbin, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a déclaré que la Chine avait explicitement dit à la Maison-Blanche, et ce à plusieurs reprises, « que l’entrée du dirigeable civil était un évènement totalement involontaire, inattendu et isolé causé par un cas de force majeure ».
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