Un plan pour rétablir les liens avec le caribou dans le sud du Yukon

Huit personnes assises à une longue table et deux autres debout qui tiennent un tambour traditionnel.
Le Comité consultatif du caribou des lacs du Sud est composé de représentants de la Première Nation de Carcross/Tagish, les Premières Nations de Champagne et d’Aishihik, de la Première Nation des Kwanlin Dün, du Conseil des Ta’an Kwäch’än, de la Première Nation des Tlingits de la rivière Taku, du Conseil des Tlingits de Teslin, du gouvernement de la Colombie-Britannique, du gouvernement du Yukon et de Parcs Canada. La semaine dernière, les représentants se sont réunis pour annoncer l’approbation du plan. (Photo : Andrew Serack)

Un nouveau plan qui vise à redéfinir les relations entre les populations du Yukon et le caribou dans une des régions du sud du Yukon vient d’être validé. Il a pour objectif de prévenir les pertes d’animaux.

La semaine dernière, à Carcross, neuf représentants de différents ordres de gouvernement ont approuvé le Plan d’interaction avec le caribou dans la région des lacs du Sud. Ce document et les mesures qui en découlent marquent le point culminant de 30 ans d’efforts pour préserver cette espèce.

En 1993, la population de caribous dans la région ne comptait qu’environ 1000 têtes. Ce nombre s’est élevé à 5000 en 2019.

Le caribou de la région des lacs du Sud se divise en quatre hardes distinctes du caribou des montagnes du Nord. Les Carcross, Ibex, Laberge et Atlinse se trouvent toutes au Yukon et dans le nord de la Colombie-Britannique.

 Quand j’étais jeune, je regardais le flanc d’une montagne, et elle semblait onduler tellement il y avait des caribous, affirme James Williams, aîné de la Première Nation Taku River Tlingit. Je n’aurais jamais cru qu’on aurait à les protéger.

Le plan d’interaction est basé sur le savoir traditionnel et la science occidentale. Il a été élaboré en collaboration avec six Premières Nations, les gouvernements du Yukon et de la Colombie-Britannique, ainsi que le gouvernement fédéral.

Un caribou porte un collier jaune sur lequel est inscrit le numéro 40.
Un caribou de la harde Ibex porte un collier GPS qui permet de suivre ses déplacements. On fait des efforts depuis plus de 30 ans pour rétablir cette espèce dans la région des lacs du Sud au Yukon. (Photo : gouvernement du Yukon)

Selon Charlie James, un aîné de la Première Nation Carcross/Tagish, c’est grâce aux communautés autochtones que le plan a été conçu.

Cela a pris plusieurs années pour se rendre où nous en sommes aujourd’hui, dit-il.

Le gouvernement du Yukon définit ce projet comme étant semblable à un plan de gestion, mais il est davantage axé sur les relations entre la population, le territoire, les cours d’eau et la faune.

Les recommandations figurant dans le document garantissent des relations durables et respectueuses entre le caribou et les gens qui vivent dans la région des lacs du Sud.

Raviver une tradition

L’un des engagements du plan est que les Premières Nations organisent des chasses culturelles, durant lesquelles les aînés enseignent aux jeunes comment chasser le caribou.

Selon Lars Jessup, chef de projet au sein du Comité consultatif du caribou des lacs du Sud, la Première Nation de Kwanlin Dün prévoit organiser une chasse au caribou à l’automne, dans le cadre d’un camp culturel pour les jeunes.

Lars Jessup debout devant des totems regarde vers l'appareil photo.
Lars Jessup est le chef de projet pour le Comité consultatif du caribou des lacs du Sud. Il affirme que, même si l’interdiction de la chasse de subsistance au caribou reste en vigueur, les Premières Nations pourraient commencer à organiser des chasses culturelles dès cette année. (Photo : CBC/Tori Fitzpatrick)

En 1993, lors de l’élaboration du premier plan de rétablissement du caribou, les Premières Nations ont volontairement approuvé l’interdiction de la chasse de subsistance. Cette interdiction est toujours en vigueur, mais le nouveau plan permet des chasses culturelles.

Ces activités, comme l’explique Charlie James, ont pour but d’apprendre aux jeunes sur la façon dont [ses] ancêtres prenaient soin du caribou.

Menacés par le développement

Selon Lars Jessup, la population croissante dans la région des lacs du Sud entraîne davantage de danger pour les animaux.

Il ne veut pas que tous les bénéfices des 30 dernières années soient anéantis. Les hardes sont menacées par le développement humain, les activités de plein air, les loups et les ours, ainsi que les accidents avec des véhicules.

 Les accidents font des ravages sur les caribous, en particulier sur les hardes de Carcross et de Laberge, dit Lars Jessup, chef de projet, Comité consultatif du caribou des lacs du Sud.

On perd environ sept caribous par année sur l’autoroute. Dans certains cas, cela correspond à un montant considéré comme un taux de prises durables d’environ 2 à 4 %, dit-il.

Lors de la réunion de la semaine dernière à Carcross, les participants ont discuté des moyens de prévenir ces pertes, par l’installation de panneaux d’avertissement, la réduction de la limite de vitesse ou encore l’aide de la police pour surveiller l’autoroute.

Programme de gardiens autochtones

Un élément clé du programme de rétablissement, qui sera repris dans le nouveau plan, est la surveillance des animaux, menée à la fois par des biologistes et des gardiens autochtones.

Ils utilisent des colliers télémétriques pour suivre les déplacements du caribou et effectuent des relevés aériens en automne, lorsque les hardes se rassemblent.

James Williams et Luke Wesley sourient.
James Williams et Luke Wesley sont membres de la Première Nation Taku River Tlingit. M. Williams se souvient avoir vu beaucoup de caribous dans sa jeunesse, tandis que M. Wesley n’en a vu que rarement et n’a jamais eu l’occasion de les chasser. (Photo : CBC/Tori Fitzpatrick)

On observe le ratio entre les mâles, les femelles et les faons afin de mieux comprendre la composition de la harde et sa croissance, explique Luke Wesley, l’un des gardiens de la Première Nation Taku River Tlingit. On fait aussi de la surveillance aérienne le long des routes de migration pour voir s’il y a des activités humaines nuisibles.

C’est un travail dont Luke Wesley est fier.

Tous les aînés de ma communauté, ainsi que mes oncles, racontent qu’ils pouvaient vivre du caribou, affirme-t-il. Je n’en voyais pas beaucoup quand j’étais jeune. Je ne les ai jamais chassés… Maintenant, ils reviennent. C’est très spécial pour moi.

Le Comité consultatif du caribou des lacs du Sud prévoit d’organiser une réunion annuelle des communautés locales au printemps, dans le but de célébrer leur engagement continuel envers la protection de cette espèce.

D’après les informations de Tori Fitzpatrick

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