Tuberculose : un statu quo risqué pour les communautés inuit du Nunavik

Sans nouvelles sources de financement, les cas de tuberculose au Nunavik pourraient continuer de grimper, s’inquiète la santé publique régionale, qui fait face à des niveaux records de cette maladie infectieuse, potentiellement mortelle.
Les maires des 14 villages du Nunavik ont tiré une sonnette d’alarme lundi, dans une lettre à l’intention du ministre de la Santé du Québec, Christian Dubé.
Ils demandaient au ministère de déclarer une urgence de santé publique et d’y consacrer un plus grand nombre de ressources.

Ils craignaient aussi que Québec ne réduise les budgets alloués aux centres de santé locaux, pour lutter contre la maladie. Une information par la suite démentie par le ministère de la Santé, qui dit travailler de concert avec les autorités régionales.
La Santé publique suit de près l’évolution de la tuberculose au Nunavik, et ce, avec Santé Québec et la Régie régionale de la santé et des services sociaux du Nunavik, a déclaré le cabinet du ministre de la Santé.
Ressources manquantes
Même sans réduction budgétaire, les autorités régionales estiment qu’un maintien des enveloppes actuelles ne permettra pas de freiner l’épidémie, qui est en forte croissance.
Les contraintes budgétaires locales limitent considérablement la capacité des établissements à agir sur le terrain. Ce sont ces pénuries en première ligne, personnel, équipement et infrastructures, qui freinent la lutte contre la transmission, confirme Faisca Richer, directrice de la santé publique par intérim de la Régie régionale de la santé et des services sociaux du Nunavik (RRSSSN).

Les cas continuent en effet de se multiplier dans la région. Au total, 6 des 14 villages du Nunavik sont aux prises avec des éclosions de tuberculose.
De ces éclosions, 56 cas ont été recensés depuis le début de l’année 2025, ce qui laisse présager un bilan encore plus lourd qu’en 2024. L’an dernier, 95 cas ont été recensés, un record.
Cette trajectoire croissante accentue la pression sur le système de santé régional, qui a des moyens limités de dépistage et de traitement.
Si rien n’est fait, les cas continueront d’augmenter, avec des conséquences possiblement graves pour la population, selon la santé publique.
Les cas vont continuer d’augmenter, ce qui veut dire qu’il y aura plus de personnes qui auront vécu avec la maladie. Quand on a une tuberculose active, ça laisse des cicatrices sur les poumons. Ça cause des problèmes de maladie chronique pour la suite, explique le Dr Yassen Tcholakov, médecin en santé publique.

C’est aussi une maladie mortelle. Une personne qui n’est pas diagnostiquée et traitée pourrait mourir de la tuberculose en deux ou trois ans, rappelle le médecin.
Une augmentation des ressources consacrées à la tuberculose pourrait toutefois renverser cette tendance, selon la santé publique.
À titre d’exemple, implanter des machines de rayons X dans toutes les communautés faciliterait le dépistage précoce des cas.

Construire davantage de logements pourrait aussi permettre à la santé publique de déployer des ressources supplémentaires dans les villages en cas de besoin.
Les équipes ont aussi besoin d’espaces réservés au traitement des gens atteints de la maladie.
On doit remettre le système de santé au Nunavik au même pied d’égalité que celui ailleurs dans les autres régions du Québec. Si on fait, ça, je crois qu’à court terme, on va voir une diminution des cas de tuberculose, conclut Yassen Tcholakov.
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