Le gouvernement du Nunavut déclare une crise du suicide

Le gouvernement du Nunavut et l’organisation Nunavut Tunngavik Inc. (NTI) ont de nouveau déclaré que le taux de suicide alarmant sur le territoire demeure une « crise », comme cela a été mis en avant dans un récent rapport du coroner.
Cette déclaration faisait partie des recommandations formulées par le coroner, à la suite du décès de George Arlooktoo en 2019. L’homme de 28 ans s’est suicidé lors d’une confrontation avec les agents de la GRC à Kimmirut.

En conférence de presse mercredi, le ministre de la Santé du Nunavut, John Main, a réitéré que cette déclaration est l’occasion de recentrer les efforts du gouvernement sur son plan de prévention du suicide.
Nous sommes toujours en crise. La situation correspond parfaitement à la définition, a-t-il déclaré.
Nous voulons nous assurer que le plan d’action est mis en œuvre de manière agressive, en reconnaissant que nous sommes en crise et que cela ne peut pas continuer, a ajouté John Main.
En 2024, 32 personnes se sont enlevé la vie au Nunavut. Ce chiffre est comparable à la moyenne des 10 dernières années et demeure le taux de suicide le plus élevé au pays.
Le président de NTI, Paul Irngaut, a lui aussi réitéré l’importance de se pencher sur cette question délicate.
C’est un problème récurrent, et plus nous nous en occuperons, moins il y aura de suicides, a-t-il affirmé.
Pas d’état d’urgence
Bien que le gouvernement ait réitéré l’ampleur de cette crise, il n’a pas souhaité déclarer une urgence de santé publique.
Cette mesure aurait pu conférer à la santé publique régionale des pouvoirs spéciaux, notamment celui de conclure de nouvelles ententes avec le gouvernement fédéral et d’obtenir davantage d’aide.
Depuis plusieurs années, la députée d’Iqaluit-Sinaa, Janet Pitsiulaaq Brewster, fait pression pour justement déclarer cet état d’urgence.
Ce que nous entendons régulièrement de la part du gouvernement du Nunavut, c’est que l’une des autres crises auxquelles nous sommes confrontés est le manque de ressources humaines, a-t-elle indiqué.

Une urgence de santé publique dans cette crise pourrait apporter beaucoup de ressources pour mettre pleinement en œuvre ce plan d’action, a indiqué la députée Janet Pitsiulaaq Brewster.
De son côté, le ministre de la Santé du Nunavut a déclaré que cette solution a été envisagée, mais que l’administrateur en chef de la santé publique a estimé que ce n’était pas la meilleure approche
.
John Main a toutefois souligné que la prévention du suicide est un problème à multiples facettes, qui exige une réponse plus large.
Il s’agit de protection de l’enfance, de logement, de lutte contre l’intimidation et d’offrir des services de soutien aux personnes ayant des besoins en santé mentale, au moment opportun, affirme John Main, ministre de la Santé du Nunavut.
Changer de réponse à une crise
La députée Janet Pitsiulaaq Brewster est par ailleurs critique quant à l’envoi de policiers face à une personne en crise, ce qui est souvent la norme.
Il faudrait, selon elle, plus de ressources en travail social pour répondre à des situations de crise.
Si nous envoyons la police pour surveiller des personnes alors qu’elles sont en crise de santé mentale, cela peut créer une crise plus grave pour l’individu, car cela crée de la peur, a expliqué la députée.

Cette dernière rappelle l’importance d’emboîter le pas vers des formations sur cet enjeu dans les communautés du Nunavut. C’est d’ailleurs l’un des points inscrits dans le plan d’action du territoire contre le suicide.
Ce qui est le plus important, c’est de donner aux membres de la communauté la capacité de s’entraider pour traverser cette crise actuelle, a-t-elle dit.
Avec les informations de Samuel Watt
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