Des vacances au frais? Les « coolcations » prennent un coup de chaud dans le nord de l’Europe

Par Anna KORKMAN et les bureaux nordiques de l’AFP
La vague de chaleur qui a frappé les pays nordiques en juillet a douché les espoirs de milliers d’estivants venus chercher la fraîcheur. Une désillusion qui risque de se répéter sous le coup du changement climatique.
Depuis quelques années, le tourisme prospère en Scandinavie et en Finlande, tiré par le concept de « coolcation » (contraction de l’anglais « cool vacation ») qui voit les vacanciers fuir les canicules méditerranéennes pour les latitudes plus clémentes du nord.
Une vogue soutenue par les campagne de marketing des professionnels comme l’office du tourisme norvégien qui, sur son site, vante des étés « délicieusement frais » avec des températures « généralement » comprises entre 12 et 23 °C.
Les poussées du mercure enregistrées dans la région en juillet ont toutefois déjoué les attentes.
« Hier (dimanche) a marqué la fin d’une période de 22 jours consécutifs avec des températures supérieures à 30 °C en Finlande », a annoncé l’Institut météorologique finlandais lundi.
« Il s’agit de la plus longue période de ce type depuis le début des relevés en 1961 », a-t-il souligné.

Selon son homologue norvégien, le mois de juillet arrive au troisième rang des plus chauds jamais enregistré en Norvège depuis 1901 avec des températures supérieures de 2,8 °C à la normale saisonnière. Les nuits dites « tropicales », quand le thermomètre reste au-dessus de 20 °C, sont devenues monnaie courante.
De quoi donner des sueurs chaudes aux touristes venus en quête de fraîcheur estivale.
Résidant à Stockholm, Moussaab El Bacha a témoigné de la surprise de ses parents venus lui rendre visite depuis le Maroc.
« Ils s’attendaient à une pause de fraîcheur, loin de l’été marocain, mais à la place, ils ont eu l’impression que la chaleur les avait suivis jusqu’en Suède », a-t-il confié à l’AFP.
«C’était un peu surréaliste pour eux de vivre des températures aussi élevées si loin au nord. Ils répétaient sans cesse: « On est sûrs qu’on n’a pas atterri dans le sud de l’Espagne? »», a-t-il dit.
Dans le nord de la Suède, à Haparanda, le mercure a affiché en juillet 25 °C ou plus pendant 14 jours consécutifs. Et à Jokkmokk, la vague de chaleur s’est étendue sur 15 jours, du jamais vu depuis un siècle, selon l’Institut suédois de météorologie.

À Rovaniemi, ville finlandaise située au nord du cercle polaire, les températures ont aussi atteint la barre des 30 °C, plus que dans le sud de l’Europe au même moment.
L’envolée du mercure a été telle que la municipalité de Joensuu, dans le sud-est de la Finlande, a ouvert les tribunes d’une patinoire au public afin de désengorger les hôpitaux.
« L’espace a commencé à manquer aux urgences en raison de la chaleur » qui a provoqué de nombreuses hospitalisations, a déclaré à l’AFP le responsable des services de santé régionaux de Carélie du Nord, Mikael Ripatti.
« Le but était d’offrir un endroit où aller s’il faisait trop chaud à la maison », a-t-il expliqué.
Qualifiée d' »exceptionnelle » dans les médias, cette vague de chaleur pourrait bien l’être de moins en moins.
Selon les scientifiques, les canicules à répétition sont un marqueur sans équivoque du réchauffement de la planète et ces vagues de chaleur sont appelées à encore se multiplier, s’allonger et s’intensifier.
« Il y a eu des vagues de chaleur par le passé et il y en aura encore à l’avenir », note Hannele Korhonen, professeure à l’Institut météorologique finlandais.
Mais à mesure que le réchauffement climatique fait grimper les températures mondiales, « nous franchissons de plus en plus souvent les seuils de canicule, et les vagues de chaleur deviennent plus intenses », dit-elle. Celles-ci « deviendront plus chaudes, plus longues et plus fréquentes ».
« Pour déterminer ou évaluer le rôle du changement climatique dans la longue vague de chaleur (qui a frappé) le nord de la Suède, une étude d’attribution approfondie serait nécessaire », affirme de son côté Sverker Hellström de l’Institut météorologique suédois.
Mais, ajoute-t-il, « la fréquence de ce type d’événements météorologiques a augmenté et pourrait continuer d’augmenter à l’avenir ».
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