Des jeunes veulent miser sur la culture inuit pour stimuler le tourisme au Nunavut

Quatre élèves de 12e année à l’école secondaire Inuksuk d’Iqaluit étaient invités à partager leur perspective sur le tourisme lors d’une conférence de l’organisme à but non lucratif Travel Nunavut, mercredi. (Radio-Canada/Matisse Harvey)

Des jeunes d’Iqaluit croient que l’avenir de l’industrie touristique du Nunavut repose en grande partie sur la mise en valeur de la culture inuit. Invités à se prononcer sur le sujet lors d’une conférence, quatre élèves de 12e année ont insisté sur l’importance de plus promouvoir leur culture pour attirer de futurs visiteurs, mais aussi de rendre cette industrie plus accessible à leur génération.

L’organisme à but non lucratif Travel Nunavut a profité de son assemblée générale annuelle pour réunir des acteurs du milieu touristique autour de conférences qui avaient lieu jusqu’à mercredi.

L’un de ces panels visait à entendre la perspective de jeunes de l’école secondaire Inuksuk sur l’avenir du tourisme au Nunavut. Les élèves invités ont tous affirmé que l’industrie aurait avantage à les mobiliser davantage.

«[Il faut] éduquer les jeunes en matière de tourisme et rendre ce secteur plus attractif à leurs yeux pour qu’ils veuillent en apprendre davantage et envisagent ainsi de poursuivre une carrière dans ce domaine», a souligné Isabelle Henrie.

«Une manière de susciter l’intérêt des jeunes serait d’offrir un cours sur le tourisme à notre école secondaire», a ensuite complété Leetia Eegeesiak, 17 ans, une meneuse de chiens de traîneau qui cumule déjà quelques années d’expérience dans le secteur du tourisme.

Leetia Eegeesiak souhaiterait voir plus d’occasions pour les jeunes de s’impliquer dans l’industrie touristique du Nunavut. (Radio-Canada/Matisse Harvey)

Favoriser la réconciliation avec le tourisme

La jeune meneuse affirme que la culture inuit suscite une grande curiosité chez les touristes qu’elle accompagne. «Quand je les amène en chiens de traîneau, ils me posent des millions de questions. De nombreux touristes viennent ici pour en apprendre davantage sur [la culture inuit]», dit-elle.

Pourtant, selon elle, de nombreux pans de la culture et de l’histoire sont toujours méconnus du grand public, comme l’abattage massif des chiens de traîneau par la Gendarmerie royale du Canada (GRC) entre les années 1950 et 1970.

En offrant plus d’activités liées à la culture inuit, l’industrie touristique contribuerait à sa revitalisation et, du même coup, à la réconciliation avec les populations inuit, estime-t-elle.

Elle salue les efforts de l’Association inuit de Qikiqtani pour soutenir financièrement les qimuksiqtiit, les conducteurs de chiens de traîneau, mais elle croit que plus de soutien leur serait bénéfique. «Il coûte très cher d’avoir des chiens de traîneau, donc nous avons certainement besoin de plus de soutien, de programmes et de sensibilisation», indique-t-elle.

C’est en partageant notre savoir aux personnes qui méconnaissent ce que nous avons traversé […] que nous allons nous réconcilier avec notre passé.

– Leethia Eegeesiak, meneuse de chiens de traîneau

Leetia Eegeesiak travaille depuis plusieurs années comme meneuse de chiens de traîneau pour l’entreprise Kool Runnings, qui offre des sorties sur le territoire. (Gracieuseté: Leetia Eegeesiak)

D’autres jeunes panélistes invités à se prononcer sur le sujet voient aussi la promotion de la culture inuit comme un gage de succès pour l’avenir du tourisme au Nunavut.

«Le tourisme autochtone nous aide à préserver notre culture et à en tirer un revenu tout en éduquant ceux qui méconnaissent les pratiques et les valeurs inuit», ajoute Maria Rose, une autre élève de 12e année.

Je pense que le tourisme est très important, non seulement pour les Nunavummiut, mais aussi pour les [touristes], car il contribue à approfondir leurs connaissances et à ouvrir leurs horizons.

– Maria Rose, élève de 12e année à l’école Inuksuk

Maria Rose est une élève de 12e année à l’école secondaire Inuksuk d’Iqaluit. Elle croit que l’industrie touristique du Nunavut pourrait reposer plus sur la culture inuit. (Radio-Canada/Matisse Harvey)

Une industrie en plein essor

Le président de Travel Nunavut, Kevin Kelly, indique que son organisme tente depuis plusieurs années de miser sur la culture inuit pour attirer des visiteurs, mais il reconnaît qu’il reste du travail à faire en la matière.

Selon lui, il y a de nombreux besoins en matière de promotion de plusieurs aspects de la culture, comme l’art et l’alimentation traditionnelle, dans l’industrie touristique. «C’est une portion de l’industrie qui doit être plus exploitée», dit-il.

Il croit notamment que les exploitants touristiques qui offrent des activités préorganisées sont plus susceptibles de susciter l’intérêt de visiteurs, car elles sont présentées comme des produits.

Le président de Travel Nunavut, Kevin Kelly. (Radio-Canada/Matisse Harvey)

L’organisme à but non lucratif est bien résolu à développer le secteur touristique. Dans son nouveau plan stratégique, Travel Nunavut s’est fixé comme objectif de faire grimper les recettes touristiques du Nunavut à 1 milliard de dollars d’ici à 2030. Avant la crise sanitaire, Kevin Kelly indique qu’elles avoisinaient les 450 000 millions.

Selon lui, la clé du succès passera notamment par un plus grand soutien du gouvernement territorial et la mobilisation des jeunes.

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Matisse Harvey, Radio-Canada

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