Une ceinture perlée métisse revient aux Territoires du Nord-Ouest 50 ans après

Un texte de Mohamed-Amin Kehel
Une ceinture perlée brodée par des artistes autochtones d’Aklavik a été offerte au premier ministre des Territoires du Nord-Ouest, R. J. Simpson, par un leader métis de l’Ontario. Tony Belcourt gardait précieusement l’artefact depuis plus de 50 ans.
Il a profité de la visite du premier ministre ténois à Ottawa pour faire ce cadeau.
R. J. Simpson, qui s’identifie lui-même comme Métis, estime que ce moment est « un des faits saillants de son passage en politique ».
Créée pour célébrer le 100e anniversaire de la Confédération canadienne en 1967, cette ceinture a été initialement remise au commissaire Stuart Hodgson, qui dirigeait alors le territoire.
Le commissaire Hodgson a ensuite remis cette ceinture à M. Belcourt en 1972, lors d’une visite.
Le territoire doit beaucoup à M. Belcourt et, personnellement, je lui dois beaucoup, car il a joué un très grand rôle dans les droits obtenus par le peuple métis, explique R. J. Simpson, premier ministre des Territoires du Nord-Ouest.
Cadeau de réconciliation
L’aventure de cette pièce « historique » s’inscrit dans un tournant important de l’histoire de la nation métisse des T.N.-O.
À cette époque, le gouvernement fédéral commençait à débloquer des fonds pour financer les organisations autochtones. Une politique critiquée par le commissaire, Stuart Hodgson, qui a envoyé une lettre en ce sens au ministre des Affaires indiennes de l’époque, Jean Chrétien.
Tony Belcourt avait alors vivement déploré la prise de position du commissaire et avait fait fuiter cette lettre dans les médias pour exprimer son mécontentement, causant une brouille entre les deux hommes.
Quelques mois plus tard, ils se retrouvaient tous les deux à Hay River pour la création de l’Association des Métis des Territoires du Nord-Ouest. On a eu une grosse conversation et, le jour d’après, il faisait un virage à 180 degrés en annonçant qu’il allait soutenir cette nouvelle organisation, se remémore Tony Belcourt.
C’est lors d’une réunion privée, dans les bureaux du commissaire, que Stuart Hodgson a alors donné la ceinture à l’aîné métis.
Il l’a décrochée, l’a jetée sur mon épaule puis a dit : »voilà, c’est à toi », raconte Tony Belcourt, chef métis. Alors je l’ai prise et je me suis dit que je la retournerais au moment opportun. C’était il y a 53 ans.

Retour au bercail
Alors qu’il racontait cette histoire il y a quelques semaines, le fondateur du Conseil national des Autochtones du Canada a pensé qu’il fallait boucler la boucle.
Je me suis dit que j’allais faire ça dans le même style que Stu [Hodgson], s’amuse-t-il, alors j’ai pris la ceinture et je l’ai jetée sur l’épaule du premier ministre.
De son côté, R. J. Simpson a émis le souhait de voir cette ceinture exposée à l’Assemblée législative et de retrouver ses créateurs ou leurs descendants.
J’espère que les gens qui ont montré tant d’amour et de respect en fabriquant cette ceinture auront la chance, eux ou leurs descendants, de la revoir, dit R. J. Simpson, premier ministre des Territoires du Nord-Ouest.
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