Les résidents du Nunavik présentent leur vision des études postsecondaires

Au Nunavik, la Commission scolaire Kativik Ilisarniliriniq a publié, mardi, un rapport sur les consultations publiques menées dans les 14 communautés dans le but d’orienter la mise sur pied de programmes d’enseignement postsecondaire dans leur région.
« Créer des avocats, des médecins, des parents, des ingénieurs, des enseignantes et des membres de la communauté qui peuvent dépouiller un phoque, retrouver leur chemin sur les terres et dans nos deux mondes : telles sont les perspectives des résidents soulignées dans le rapport. »
Menées en langue inuit entre octobre 2023 et mars 2024, ces consultations visaient à établir les objectifs d’un futur établissement d’étude postsecondaire au Nunavik. Les opinions des résidents ont été recueillies par sondage, mais aussi lors d’une émission de radio et de séances de consultations. Kativik Ilisarniliriniq dit signaler que 3,2 % de la population du Nunavik, soit 423 résidents, se sont prononcés.
Selon les conclusions du rapport, les participants auraient exprimé le besoin d’une éducation ancrée dans la culture, d’apprentissages basés sur le territoire et de programmes qui reflètent à la fois les connaissances inuit et les normes d’enseignement occidentales.
« Ce rapport confirme ce que nous savons depuis des décennies : les Nunavimmiut sont prêts à diriger leur propre avenir éducatif », déclare Sarah Aloupa, présidente de Kativik Ilisarniliriniq. Le document servira notamment à appuyer les démarches de la Commission scolaire auprès du gouvernement du Québec pour la création de programmes d’étude et à préparer un plan stratégique. Le Nunavik est la seule région inuit au Canada qui n’a pas d’établissement d’enseignement postsecondaire.
En avril 2022, le ministère de l’Éducation du Québec a lancé un appel d’offres pour évaluer la faisabilité de l’implantation d’un établissement d’enseignement postsecondaire dans la région.
Terminé en septembre 2023, le rapport d’étude recommande notamment la création d’un Institut du Nunavik, décrit comme un cégep indépendant, avec un financement public, une gouvernance locale et des certificats reconnus en dehors du Nunavik.
Phebe Bentley, directrice des services aux étudiants au postsecondaire, espère qu’« un programme d’éducation postsecondaire complet sera établi dans la région d’ici trois ans ».
« Je crois que nous avons actuellement de très bonnes relations de travail avec le ministère de l’Enseignement supérieur du Québec », souligne-t-elle.
Certains cours postsecondaires sont offerts dans la région, en partenariat avec d’autres établissements comme l’Université McGill ou le Collège John Abbot.
En juin, la Commission scolaire Kativik et l’Université McGill ont d’ailleurs lancé un nouveau certificat universitaire de deux ans pour former des enseignants inuit. Il est offert à Kuujjuaq, au Nunavik.
« Si l’éducation postsecondaire était plus accessible dans notre région, je crois que plus de gens la considéreraient comme viable, comme une chose qu’ils peuvent entreprendre sans quitter leur foyer et sans les défis que cela pourrait engendrer », affirme Phebe Bentley.
« Le fait de voir des gens obtenir des diplômes dans différents programmes, dans leur langue, nous fera avancer vers l’autodétermination et la décolonisation. Nos jeunes seront directement exposés à ces réussites, chez eux, et se diront qu’eux aussi, ils peuvent y parvenir », ajoute-t-elle.
« En attendant, nous travaillons sur différents projets qui nous permettent de rendre l’éducation postsecondaire plus accessible, et nous testons les eaux avec différents programmes. »
À plus long terme, la Commission scolaire a pour objectif de faire modifier la Convention de la Baie-James et du Nord québécois, afin d’obtenir l’autorité en matière d’éducation dans la région.
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