Incertitude dans des médias communautaires du Grand Nord canadien face à la décision de Meta

« L’aquilon » est le journal communautaire des T.N.-O. (Mario De Ciccio/Radio-Canada)
La décision de la maison mère de Facebook et d’Instagram, Meta, de bloquer les nouvelles de médias canadiens, suscite de l’incertitude auprès de médias francophones et communautaires du Grand Nord, qui dépendent beaucoup des deux plateformes pour joindre leur public.

Mardi, Meta a commencé à bloquer le contenu des médias canadiens. Or, dans les régions éloignées, l’utilisation de Facebook pour relayer de l’information occupe une place importante dans la stratégie de communication des médias locaux.

C’est le cas de l’Association des francophones du Nunavut (AFN), qui gère le journal bimensuel le Nunavoix et la radio communautaire CFRT 107,3 FM. Son directeur général, Christian Ouaka, dit que Facebook est ancré dans la communauté.

« Pour une région aussi isolée que le Nunavut, nous qui sommes basés à Iqaluit, les médias sociaux jouent un rôle très important dans le relais de l’information », dit-il.

C’est à travers Facebook qu’on sait ce qui se passe au territoire.Christian Ouaka, directeur général, Association des francophones du Nunavut
Nicolas Servel est le directeur de Médias ténois. Il croit que la décision de Meta aura un impact sur la qualité du contenu des plateformes Facebook et Instagram. (Julie Plourde/Radio-Canada)

Le directeur de l’organe d’information francophone des Territoires du Nord-Ouest, Média ténois, abonde dans le même sens et se désole de la décision de Meta. « Ça reste l’un des moyens principaux qu’on a de rejoindre notre public, peu importe le média, que ce soit le journal L’aquilon ou Radio Taïga », dit Nicolas Servel.

À Yellowknife, la radio en ligne Cabin Radio publie l’ensemble de son contenu d’information sur les médias sociaux. Pour son rédacteur en chef Ollie Williams, la décision de Meta ne pourrait pas survenir à un pire moment parce que les Territoires du Nord-Ouest font face à une saison de feux de forêt très difficile.

« On a un nombre sans précédent de communautés évacuées aux T.N.-O. Il y a un besoin urgent de messages clairs et un endroit fiable où trouver de l’information. Ce n’est pas un moment idéal pour restreindre l’accès aux nouvelles », affirme-t-il.

À la recherche d’options

Autant pour l’AFN que pour Médias ténois, il est l’heure maintenant de trouver d’autres façons de véhiculer l’information.

C’est certain qu’on n’aura pas le choix que de trouver d’autres avenues et d’autres solutions.Nicolas Servel, directeur, Médias ténois

Nicolas Servel envisage même de revenir à des contacts plus directs avec le public, chose qui s’est perdue un peu avec le temps.

De son côté, l’AFN prévoit de continuer à envoyer par courriel aux lecteurs le journal en format numérique. Christian Ouaka admet néanmoins qu’il faudra trouver d’autres options. « Ça va nous demander d’être beaucoup plus inventifs […] de trouver d’autres façons de pouvoir partager l’information. »

Le directeur général de l’Association francophone du Nunavut, Christian Ouaka, espère que le gouvernement canadien parviendra à une entente avec Meta afin de sortir de cette impasse rapidement. (Christian Ouaka)

Bonne nouvelle, toutefois, les stations de radio Radio Taïga et CFRT 107,3 FM ne devraient pas subir autant de répercussions que les médias écrits. « La radio s’écoute en ondes FM ou directement en ligne. Donc, il y a moins de problèmes à ce niveau », indique Christian Ouaka.

Ollie Williams est persuadé que le public continuera à suivre les médias locaux, qu’importe où ils sont. Il mentionne que, en juillet, le site web de Cabin Radio a reçu environ 1 million de visites, « un volume de trafic assez important pour un petit territoire du Nord ».

« On sait que plusieurs [de nos lecteurs] visitent directement notre site web. Quand on a diffusé un message dernièrement demandant : « Voulez-vous plutôt recevoir un bulletin d’information pour rester informé? », des centaines de gens nous ont répondu et se sont inscrits. »

Ollie Williams, rédacteur en chef et copropriétaire de Cabin Radio, dit que sa radio en ligne a développé une relation très forte avec son public, mais que le fait de perdre l’une des façons de s’adresser à lui « est comme recevoir une claque au visage ». (Sidney Cohen/Radio-Canada)

Ollie Williams croit aussi que les journalistes trouveront des façons de contourner cette décision de Meta. « Meta est maintenant une autorité […] prenant une position et l’imposant, et c’est à ce moment-là que les journalistes interviennent, car c’est toujours notre travail, lorsqu’une autorité impose une position, de s’y opposer et parfois de trouver des façons de la contourner. »

Julie Plourde, Radio-Canada

Vidéojournalise à Yellowknife

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