Canadian North licencie des pilotes et des agents de bord

La compagnie aérienne Canadian North a annoncé le licenciement de 15 pilotes sur environ 240. Ces derniers concernent également 13 agents de bord, selon le syndicat qui les représente.
La fin de la liaison entre Montréal et Kuujjuaq et l’arrêt des services nolisés pour le projet de LNG de Kitimat sont les deux raisons de ces renvois, précise Hance Colburne, gestionnaire des communications et des relations avec les parties prenantes de Canadian North.
« Ces changements ne sont pas liés à l’acquisition récente de Canadian North par Exchange Income Corporation (EIC) », souligne-t-il toutefois dans une déclaration écrite.
Aucun emploi du Nord n’est réduit, et aucune collectivité ni aucun service du Nord ne sont touchés.
Quand Canadian North a été racheté par l’entreprise manitobaine EIC, des experts avaient déjà émis des doutes sur l’absence de changement au sein des activités du transporteur aérien.
Canadian North fournit actuellement des services de transport de passagers et de marchandises à 24 communautés éloignées de l’Arctique canadien au Nunavut et dans les Territoires du Nord-Ouest via Ottawa et Edmonton, ainsi que des vols nolisés dans le nord de l’Alberta et de la Colombie-Britannique.
Des pilotes en négociation
Steven Bard est le président du bureau principal de Canadian North de l’Association des pilotes de ligne (ALPA).
À Calgary depuis presque deux semaines, il négocie la septième convention collective des pilotes avec la compagnie aérienne.
Steven Bard explique que les pilotes ont été informés de leur renvoi mercredi soir, mais que ces changements n’auront pas d’impact sur les passagers.
Nous avons eu des discussions positives avec la compagnie. Elle reconnaît qu’elle doit faire attention aux pilotes pour aider à freiner la migration des pilotes vers d’autres compagnies aériennes, mais nous sommes résolument concentrés là-dessus et c’est notre objectif numéro un, et nous ne changerons pas de position, maintient-il.
Les compétences spécialisées requises pour les vols dans l’Arctique seront difficiles à remplacer, poursuit-il.
Il ajoute cependant que les négociations en cours visent notamment à empêcher les pilotes de partir vers d’autres compagnies aériennes.
Il précise aussi que l’ALPA International travaille sur un programme de congé sans solde afin d’assurer que les pilotes touchés reçoivent de l’aide pour trouver un autre poste.
Nous partageons l’objectif du syndicat de minimiser l’impact sur le nombre d’employés touchés, lorsque cela est possible, indique pour sa part Hance Colburne.
Déceptions chez le syndicat des agents de bord aussi mis à pied
Pour sa part, Victor (prénom fictif), un des 196 agents de bord de Canadian North, croit que ces mises à pied auront un effet domino sur le service que pourra offrir la compagnie aérienne à ses passagers.
Radio-Canada a accepté d’accorder l’anonymat à cette personne parce qu’elle craint des représailles pour son emploi, alors que, en janvier, le syndicat des agents de bord et la compagnie entreront en renégociation de la convention collective.
Dans une publication du Syndicat de la fonction publique, section locale 8111, on explique que 13 agents de bord ont été mis à pied dans les aéroports d’Edmonton, de Calgary et d’Ottawa.
Je ne pense pas qu’il y aura des conséquences directes dans le Nord, parce que s’il y a des personnes qui décident de prendre un emploi à Iqaluit, par exemple, puis qui réalisent qu’elles n’aiment pas ça. Déjà qu’on est extrêmement à court d’agents de bord à Iqaluit, cela causerait des problèmes, explique le syndicat.
Le syndicat estime aussi que cela pourrait avoir une incidence sur les opérations du Grand Nord.
Nous avons également souligné que nos bases du Sud ont constamment assuré la couverture des opérations nordiques et avons présenté des données à l’appui à la compagnie, écrit la présidente du syndicat, Isabelle Paquette, dans une lettre envoyée aux employés et dont Radio-Canada a obtenu copie.
Dans une déclaration publique, le syndicat dit être préoccupé et déçu après avoir pris connaissance de la décision du transporteur aérien de procéder à des licenciements.
Selon Victor, la stratégie consiste à faire peur aux employés restants.
Avec des informations de Tharsha Ravichakaravarthy
| À lire aussi : |
