Au moins 145 personnes en situation d’itinérance à Whitehorse en 2024
À Whitehorse, les résultats du dénombrement ponctuel des personnes sans-abri sont maintenant connus pour 2024. Pour les intervenants du milieu, il est toutefois difficile de mesurer une tendance puisque la méthode de collecte a été modifiée par Ottawa.
Du 22 au 23 octobre 2024, au moins 145 personnes vivaient une situation d’itinérance à Whitehorse. Il s’agit d’une baisse de 52 personnes comparativement aux chiffres de 2023.
Kate Mechan, la directrice générale de l’organisme Safe at Home, responsable du comptage, souligne qu’il est difficile de se réjouir malgré la baisse puisque plusieurs facteurs font en sorte que le comptage est moins complet.
C’était à un moment différent de l’année, le 22 octobre marquait aussi l’une de nos premières tempêtes de neige. Cela joue un rôle sur la manière dont les gens se déplacent dans la communauté pour avoir accès aux services, explique-t-elle.
Depuis 2017, le dénombrement se faisait plutôt en avril, une fois tous les deux ans. Afin d’harmoniser les données à l’échelle du pays, le gouvernement fédéral a cependant demandé aux communautés participantes que le comptage ait dorénavant lieu chaque année en octobre ou en novembre.
Les personnes qui vivent une situation d’itinérance ne souhaitent pas participer à ce type de sondage, elles ne veulent pas être comptées parce qu’elles ne voient pas de changement, indique Kate Mechan, qui préférerait que le dénombrement puisse revenir à sa forme initiale.
Les données de 2024
Sur les 145 personnes interrogées durant les 24 heures que dure le comptage, 80 vivaient dans la rue, dans leur voiture ou dans l’un des trois refuges d’urgence de la ville, alors que 58 se trouvaient dans des logements provisoires. Sept personnes ne savaient pas où elles allaient passer la nuit.
La raison la plus fréquente évoquée pour expliquer la perte d’un logement est un revenu insuffisant pour le loyer. Pour la première fois, la violence conjugale et les abus constituent l’une des principales raisons, suivi par les problèmes de consommations.
Plus de la moitié des répondants avaient déjà vécu une expérience d’itinérance avant l’âge de 20 ans. Pour l’organisme Safe at Home, la prévention chez les jeunes est donc primordiale.
Une intervention précoce et un logement permanent avec assistance, accompagnés d’une aide médicale adéquate, font partie de la solution pour réduire le taux constant d’itinérance chronique, soutient-elle.
L’importance d’un soutien après être sorti de la rue
Si le but est de mettre fin à l’itinérance au territoire, il n’est pas suffisant de trouver un toit pour les gens, encore faut-il les épauler après leur sortie de la rue, note la directrice générale de la Société du syndrome de l’alcoolisme fœtal (FASSY), Neena MacKinnon.
Lorsque les gens obtiennent un logement, c’est généralement à ce moment que leur mécanisme de survie se met sur pause et c’est là où les traumatismes remontent, ce qui peut ainsi mener à la perte du logement et à un cercle vicieux, dit-elle.
Kerry Nolan en sait quelque chose. Lors de la présentation des données, elle a raconté qu’une fois sortie de la rue avec un logement et un travail, elle avait constamment l’impression de saboter ses chances.
J’allais faire de moi la personne que les autres imaginaient que j’étais, la personne qu’ils me faisaient sentir que j’étais, mais ce n’est pas moi, confie-t-elle, heureuse tout de même d’avoir pu compter sur son réseau d’amis pour l’aider durant cette période.
Il n’est pas seulement question de logement, mais de soutien aussi pour les gens, conclut-elle.
